La manufacture de bougies Frédéric Fournier, établie en 1836 dans le quartier des Grandes Carmes, se vantait d’être la plus grande du monde, produisant chaque jour 80 000 paquets de bougies ! Grâce à sa médaille d’or remportée lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1878, cette usine jouissait d’une renommée internationale… Une réputation qui lui permettait d’expédier ses produits, notamment les célèbres bougies de la Rose, dans les contrées les plus éloignées. Malheureusement, il ne reste aujourd’hui aucune trace de ce site industriel autrefois florissant.
Une Science Innovante et un Succès Mérité
La présence d’acide stéarique dans le suif, un résidu obtenu par la fonte de la graisse animale de moutons et de bœufs, avait été constatée par la science. Il fallait trouver un moyen économique de l’extraire. C’est là que Monsieur Demilly intervint en découvrant un procédé révolutionnaire dès 1832. Il commença à produire à Paris des bougies appelées “de l’Étoile” qui, grâce à leur beauté et leur prix abordable, devinrent préférées aux bougies en cire. Frédéric Fournier et son frère Louis importèrent cette industrie à Marseille en 1836. Ils y établirent une vaste usine dotée de machines perfectionnées, formant des ouvriers et adaptant les procédés aux matières premières et au climat de la région. Le succès couronna leurs efforts et leurs produits jouissaient d’une réputation méritée à Marseille et au-delà.
“Bientôt, la stéarinerie devint l’une des industries les plus importantes de Marseille, offrant un débouché des plus intéressants au commerce et à l’industrie de l’oléagineux.”
Des Bougies pour Éclairer le Monde
La ville de Marseille comptait alors deux fabriques de bougies stéariques, employant 80 ouvriers, hommes et femmes, et produisant jusqu’à 80 000 paquets de bougies par jour ! Le suif contenant une proportion notable d’oléine, les fabricants décidèrent d’utiliser cette substance pour produire un savon mi-blanc d’excellente qualité.
L’Héritage de Frédéric Fournier
Ayant amassé une fortune, Frédéric Fournier créa en 1883 le Domaine de la Cavalière au 124 bis avenue des Caillols, dans le quartier de La Fourragère. Cet ensemble comprenait un terrain agricole, deux bastides (l’une d’entre elles renfermant un rare papier peint) et un parc à l’anglaise. En raison de sa valeur historique, l’ensemble est aujourd’hui classé monument historique depuis le 19 juillet 2006. Après le décès de l’un des héritiers, Paul Fournier, en 1920, l’usine devint une société anonyme et fusionna en 1931 avec la savonnerie Ferrier, célèbre pour son savon Le Chat, créée en 1853. Le Chat, utilisé pour le linge et la maison, lança au début du XXe siècle la petite savonnette de 100g, plus adaptée aux besoins de la toilette.
“L’histoire s’accélère en 1983 avec la naissance du savon liquide Le Chat Mousse, puis en 1991 avec la gamme transparente Douceur Pure. Aujourd’hui, Le Chat fait partie du groupe mondial Henkel.”
Ainsi se termine le récit captivant de la manufacture de bougies Frédéric Fournier, une entreprise qui a marqué l’histoire avec ses bougies exceptionnelles. Même si le site industriel a disparu, son héritage perdure à travers les produits et les réalisations de cette grande marque.
