Près de 300 Harkis et leurs descendants se sont rassemblés samedi dernier devant le mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) pour exiger du gouvernement qu’il “rétablisse” leur “honneur”. Ils estiment que la loi du “pardon” offerte jusqu’à présent ne leur donne que des “miettes”.
Les Harkis et leurs amis, à l’origine de cette mobilisation, demandent aux politiciens une loi de réparation à la hauteur de leurs souffrances. “Pour tourner la page sans la déchirer, nous demandons aux politiques une loi de réparation à la hauteur de nos souffrances, pour tous”, a déclaré Hocine Louanchi, président de l’association.
Anciens militaires français, pieds-noirs et élus locaux, dont le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, se sont également joints à la manifestation. “Nous sommes ici pour dénoncer la date de notre massacre. Le 19 mars n’est pas la fin de la guerre. Le 19 mars correspond à la date à laquelle la France a désarmé mon père et l’a livré à l’ennemi”, a lancé M. Louanchi.
Pendant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), jusqu’à 200 000 Harkis ont été recrutés comme auxiliaires de l’armée française. Cependant, après la défaite française consacrée par les accords d’Evian, le gouvernement français a rejeté leur rapatriement massif.
Seuls 42 000 d’entre eux ont été évacués en France par l’armée. D’autres ont réussi à rejoindre la France de manière clandestine et au total, environ 90 000 personnes – Harkis et leurs familles – sont arrivées en France entre 1962 et 1965. La moitié d’entre elles se sont retrouvées dans des camps, où certains bébés et enfants ont perdu la vie faute de soins médicaux. Ceux qui sont restés en Algérie, considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ont subi de dures représailles.
Le texte de loi voté en février reconnaît les conditions indignes d’accueil en France et prévoit une réparation financière pour ce préjudice. Cette mesure concerne les anciens combattants Harkis et leurs épouses, accueillis après 1962 en France, ainsi que leurs enfants qui y ont séjourné ou y sont nés.
Pour les Harkis, cette réparation financière ne suffit pas à rétablir leur honneur. “Vous croyez qu’avec 100 000 morts il suffit de demander pardon ? Ce qu’on demande d’abord, c’est le rétablissement de l’honneur des Harkis. Il faut qu’on rentre dans l’histoire. Le pardon, ils peuvent le garder”, a déclaré M. Louanchi, qui est arrivé au camp de Rivesaltes avec sa mère en 1964, à l’âge de 12 ans. Il a appelé l’État à accorder la Légion d’honneur à tous les Harkis encore en vie, ajoutant que les “miettes” qui leur sont données actuellement ne sont pas suffisantes.