La réindustrialisation de la France est devenue une priorité économique majeure, soutenue par le gouvernement. Pendant de nombreuses années, la politique industrielle française a été axée sur le soutien aux grandes entreprises nationales, considérées comme nos champions. Cependant, il est nécessaire de se demander si cette politique a réellement contribué à la croissance économique et à l’emploi dans notre pays. Le président Emmanuel Macron a mis l’accent sur l’attractivité de la France, dans le cadre de la campagne “Choose France”. Mais qu’en est-il du secteur automobile et de l’arrivée imminente des voitures électriques ? Est-il préférable de soutenir nos champions nationaux ou de renforcer l’attractivité pour encourager les entreprises étrangères à s’implanter en France ?
Un constat inquiétant
Pendant longtemps, la politique économique française a privilégié les grandes entreprises nationales. Cette approche a porté ses fruits puisque treize entreprises françaises figurent parmi les cent plus grandes multinationales mondiales. Cependant, il est regrettable de constater que la majorité de ces entreprises investissent et créent de la richesse en dehors de nos frontières. En effet, deux tiers de leurs actifs et 60 % des emplois sont localisés hors de l’Hexagone (source : “World Investment Report 2021”, Cnuced).
Le secteur automobile illustre parfaitement cette tendance à la délocalisation industrielle. Selon les statistiques du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), en 2021, Stellantis (qui regroupe les marques de l’ancien groupe PSA) produisait 74 % de ses véhicules légers à l’étranger. Quant à Renault, ce chiffre s’élevait à 93 %. En comparaison, en l’an 2000, ces pourcentages étaient respectivement de 36 % et 74 %.
Une approche économiquement incohérente
Les pouvoirs publics ont tenté de soutenir les constructeurs français en échange du maintien de leurs activités en France. Cependant, l’expérience montre que l’État a peu de contrôle, même lorsqu’il apporte son aide. En 2009, Nicolas Sarkozy avait conditionné l’octroi de prêts garantis par l’État, d’un montant total de 6,5 milliards d’euros, à l’engagement de Renault et PSA de ne pas fermer d’usines en France ou de délocaliser leur production. Malgré cela, Renault a transféré une partie de la production des Clio de Flins vers la Turquie, tandis que PSA a fermé l’usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et déplacé sa production en Slovaquie.
En 2023, le même scénario se répète avec les voitures électriques. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, estime qu’il n’est pas judicieux de produire en France des véhicules avec les mêmes caractéristiques que ceux des producteurs chinois, qui sont 20 % à 25 % moins chers. Cette décision est prise malgré les demandes explicites de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.
Une opportunité à saisir
Malgré ces constats préoccupants, l’émergence des véhicules électriques représente une formidable occasion pour la France. Cette révolution de l’industrie automobile offre l’opportunité de créer de nouvelles usines, de développer les emplois locaux et de renforcer notre économie. Il est temps de repenser notre politique industrielle et de mettre l’accent sur l’innovation, la recherche et le développement de technologies durables. Cela permettra de rendre notre pays attractif pour les entreprises étrangères et de créer un environnement favorable à la croissance économique.
En conclusion, il est impératif de mettre en place une politique industrielle visionnaire pour favoriser le développement de l’industrie automobile électrique en France. Cela nécessite une approche équilibrée entre le soutien aux champions nationaux et l’attrait pour les entreprises étrangères. La transition vers les véhicules électriques est une opportunité majeure pour notre pays, et nous devons la saisir avec détermination afin de créer de nouvelles usines et d’assurer un avenir prospère pour l’industrie automobile française.
(Source: Article original)
