En Chine, la révolution de la voiture électrique est en marche. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants, la Chine est confrontée à une crise de pollution sans précédent. Il suffit de se plonger dans les embouteillages de Pékin, la capitale, pour en prendre conscience. En 2016, pas moins de 28 millions de voitures ont été vendues dans le pays. La Chine, étant le plus grand marché automobile mondial, a donc pris la décision ferme d’imposer des quotas pour rendre la voiture électrique obligatoire.
Un pari ambitieux mais nécessaire
Il est tout simplement impossible pour la Chine de continuer sur sa lancée avec des voitures fonctionnant à l’essence. Les premiers tests ont débuté en 2011 et depuis l’année dernière, le projet est devenu national. L’un des principaux architectes de ce programme radical est Wang Bing Gang, ancien ingénieur travaillant dans la toute première usine automobile chinoise dans les années 60.
Après avoir annoncé la fin du diesel, la Chine se lance donc pleinement dans le développement de véhicules propres, et ce pour plusieurs raisons. La première est d’ordre environnemental. Ces dernières années, la qualité de l’air est devenue un problème de santé publique majeur. Chaque jour, le smog (un mélange toxique de gaz et de particules) s’intensifie au-dessus des grandes villes chinoises.
La deuxième raison est d’ordre économique. Les ventes de voitures ne cessent d’augmenter, car en Chine le taux d’équipement automobile par habitant est encore relativement faible comparé aux pays occidentaux. Par conséquent, la consommation d’énergie ne cesse de s’accroître et plus de 60% du pétrole utilisé dans le pays est importé. Avec les prévisions de croissance, la dépendance énergétique de la Chine ne cesse de s’accroître.
Objectif : 40 % de voitures électriques et hybrides d’ici 2030
La voiture électrique apparaît donc comme une solution prometteuse. Sur les 28 millions de voitures vendues l’année dernière, moins de 1% étaient électriques. Le gouvernement chinois s’apprête donc à instaurer un calendrier ambitieux avec des quotas. L’objectif est d’atteindre 7% de ventes de voitures électriques et hybrides d’ici 2020, 15% d’ici 2025, et enfin, 40% d’ici 2030.
“Les constructeurs sont vivement encouragés à développer des véhicules propres”, déclare le vice-ministre de l’industrie. “Ce ne sera pas facile”, explique quant à lui le porte-parole de Volkswagen en Chine, qui lance une coentreprise pour rattraper son retard.
Le constructeur français Renault, qui a implanté des usines à Wuhan, au centre de la Chine, vient de dévoiler sa piste d’essai installée sur son site de production. Cela permet à Jacques Foulquier, le responsable de la recherche et du développement, de superviser les essais de leur véhicule électrique qui sera bientôt commercialisé sur le marché chinois.
Les automobilistes chinois conquis par ce plan ?
“Je suis en train de recharger ma voiture. Je trouve que la batterie fonctionne moyennement bien. Son autonomie est limitée et la recharge est lente. A l’intérieur de la sixième périphérie de Pékin, il y a beaucoup de bornes de recharge. Mais quand je suis chez moi, je dois passer une rallonge par la fenêtre pour recharger ma voiture. Si on veut se balader, on ne peut pas sortir trop loin de Pékin, car il n’y a que des stations essence!”, explique Monsieur Sun, propriétaire d’un véhicule de la marque chinoise BYD, devant une borne de recharge.
“Il y a des restrictions sur les voitures à essence à Pékin. Seulement 10 000 voitures sont immatriculées chaque mois. Il y a un tirage au sort et des millions de personnes sont en attente. C’est pourquoi j’ai acheté une voiture électrique. Le gouvernement de Pékin nous encourage à le faire. Toutes les voitures électriques sont immatriculées. J’ai acheté un véhicule électrique uniquement pour avoir une plaque d’immatriculation. Même si un jour les voitures électriques sont plus performantes, je préférerai toujours les voitures à essence”, rajoute-t-il.
L’écologie n’est pas encore la priorité du peuple chinois. Selon les experts, il faudra encore attendre entre 5 et 8 ans pour que les voitures électriques se vendent bien en Chine et qu’il y ait des modèles de milieu de gamme disponibles.