Samedi à 17h20, la Porsche 911 GT3R Hybrid prendra le départ du Petit Le Mans, seconde manche de l’Intercontinental Le Mans Cup. Une première pour ce type de technologie ? Presque.
Quel constructeur n’a pas encore son projet de véhicule hybride ? L’année prochaine, les 24 Heures du Mans s’ouvriront à ces nouvelles motorisations. Les systèmes de récupération d’énergie sont aujourd’hui suffisamment fiables et efficaces pour offrir un avantage décisif aux concurrents, mais ce ne fut pas toujours le cas.
La Pionnière
En 1998, Don Panoz eut l’idée révolutionnaire d’utiliser cette technologie naissante en compétition. Son projet ? Equiper une Esperante GT1 d’un système permettant d’emmagasiner de l’énergie durant les phases de freinage, pour alimenter un moteur électrique à l’accélération. Le résultat ? Un surplus de 130 chevaux, portant la puissance totale de l’engin à plus de 800 chevaux !
« Don Panoz m’a dit un jour qu’il avait investi une fortune colossale dans ce projet qui n’a tenu qu’un an », raconte Christophe Tinseau, son pilote de développement. Le dispositif était impressionnant, l’ensemble pesait 300 kilos. Pour installer ses accumulateurs, l’ingénieur de chez Varta faisait évacuer le box, puis intervenait en combinaison d’astronaute. Il plaçait la batterie de 180 kilos dans une boite en carbone positionnée juste à côté du baquet.
Le dimanche 3 mai 1998, la voiture se présente sur le circuit des 24 Heures du Mans. Créditée d’un tour honorable en 3.53.199, la Panoz Q9 ne passe malheureusement pas le cap des essais pré-qualificatifs.
« On a passé l’année à exploser des batteries… C’était spectaculaire. L’acide traversait la porte et giclait sur la piste ! Comme on avait un gros handicap de poids, l’ACO nous avait autorisés à intégrer toutes les sophistications disponibles à l’époque. ESP, ABS, Traction control… on avait tout ! La voiture était facile à conduire, avec une tenue de route et un freinage incroyables. Même sous la pluie, c’était facile. Mais ce projet était certainement trop précurseur pour être viable », explique Tinseau.
Pourtant, en fin de saison, Bundy, Nielsen et Tinseau se classent 3e des GT1 au Petit Le Mans. « Comme d’habitude, la batterie avait explosé après une heure de course et on avait trimballé nos 300 kilos de lest pendant les 9 heures suivantes ! »
Douze ans plus tard, les systèmes de récupération sont bien plus fiables, efficaces et sécurisés. C’est ce que tentera de prouver la Porsche 911 GT3R Hybrid samedi, au Petit Le Mans. En parallèle, Panoz fera débuter sa nouvelle Abruzzi en catégorie GT2.
Julien Hergault
