La route électrique pour décarboner le fret routier : une alternative crédible

Interview : la route électrique par rail, caténaires ou induction pour décarboner le fret routier

La décarbonation du transport routier de marchandises est une nécessité urgente pour réduire les émissions de CO2. Dans cette optique, Equilibre des énergies, un groupe de réflexion regroupant des entreprises de différents secteurs, a publié une étude sur la route électrique. Nous avons eu l’opportunité de discuter avec Servan Lacire, l’un des auteurs de cette étude.

EdEn : Un groupe d’experts engagé dans la transition énergétique

Equilibre des énergies (EdEn) est un groupe de réflexion qui réunit des entreprises du secteur de l’environnement, de l’industrie, de l’énergie, des transports, et bien d’autres. Airbus, Safran, Volkswagen, EDF, Enedis, RTE, TotalEnergies, La Poste, Schneider Electric, Vinci sont quelques-uns des membres de ce groupe. EdEn a également établi des partenariats avec d’autres organisations tels que Carbone 4, l’Avere-France, la Plateforme automobile (PFA), le projet Energy Observer et le magazine Valeurs Vertes.

Un défi complexe à relever : décarboner le fret routier

Décarboner le fret routier est un défi de taille. Actuellement, le transport routier représente 28 % des émissions de CO2 des transports terrestres en France. Pourtant, contrairement aux voitures particulières et aux utilitaires légers, la transition vers l’électrification est plus difficile pour les poids lourds. En effet, les camions ont des usages variés, allant des livraisons de proximité aux transports à longue distance, en passant par le transport de charges lourdes et les bennes à ordures ménagères.

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La voie de l’hydrogène : des défis à relever

L’hydrogène est une solution envisagée par EdEn pour décarboner le fret routier. Cependant, certaines questions techniques et financières doivent être résolues. Par exemple, le coût élevé du carburant H2 et l’efficacité énergétique des systèmes posent encore problème. De plus, le transport de l’hydrogène est complexe, nécessitant la création de pipelines. De plus, la pression élevée dans les camions à hydrogène (700 bars) soulève des problèmes de sécurité, notamment dans les tunnels.

La route électrique : une alternative crédible

L’étude réalisée par EdEn explore les différentes technologies de la route électrique : le rail conductif, les caténaires et l’induction. Ces technologies offrent l’avantage de réduire les besoins en matériaux pour les batteries et permettent une autonomie d’environ 200 à 250 km, ce qui permet de sortir des autoroutes équipées pour la recharge en roulant.

Rail conductif : une solution prometteuse

La technologie du rail conductif consiste à utiliser des patins sous les véhicules pour transférer la puissance électrique depuis le rail au sol. Elle offre un transfert de puissance important, avec une puissance de l’ordre de 200 kW pour un véhicule roulant à 80 km/h. De plus, cette solution présente une compatibilité avec les véhicules légers et permet une recharge statique.

Caténaires : une infrastructure éprouvée

La route électrique par caténaires est une solution déjà utilisée dans les transports ferroviaires. Elle consiste à utiliser des caténaires pour fournir l’électricité aux camions. Cependant, cette solution nécessite une double caténaire et un double pantographe sur les poids lourds. De plus, les risques d’usure et d’arrachement sont plus importants en raison de la fréquence élevée des camions sur les autoroutes.

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Induction : une technologie prometteuse à explorer

L’induction est une technologie encore en développement, mais elle présente de nombreux avantages. Elle est invisible pour les usagers de la route, compatible avec les voitures particulières et offre une recharge statique. De plus, la durabilité de cette solution est estimée à environ 30 ans.

Des défis à relever avant le déploiement

Avant de déployer la route électrique à grande échelle, certains défis doivent être relevés. Par exemple, il faut équiper les tunnels, les ponts et les zones éloignées du réseau électrique. De plus, il est nécessaire d’établir un système de facturation pour les camions utilisant la route électrique. EdEn estime que le déploiement opérationnel de la route électrique ne sera possible qu’après 2031.

Un coût à considérer

La route électrique nécessite des investissements importants pour équiper les autoroutes. Selon les estimations d’EdEn, le coût moyen serait de 25 % du coût d’une autoroute neuve. En termes de tarification, le prix au kilomètre parcouru serait de 0,48 euro pour l’induction, 0,41 euro pour les caténaires et 0,35 euro pour le rail. Cependant, ces chiffres peuvent varier en fonction de la fréquentation des tronçons.

Conclusion

La route électrique est une alternative crédible pour décarboner le fret routier. Les technologies du rail conductif, des caténaires et de l’induction offrent des avantages différents, mais elles nécessitent encore des recherches et des tests supplémentaires. EdEn souligne également la nécessité de relever certains défis techniques et d’effectuer des choix stratégiques pour assurer un déploiement efficace et sûr de la route électrique.

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