La France se lance dans des essais pour permettre aux voitures de recharger leur batterie tout en roulant sur l’autoroute A10 près de Paris. Cette expérimentation mettra à l’épreuve deux technologies prometteuses. D’un côté, des bobines magnétiques intégrées sous le bitume rechargeront les batteries par induction, tout comme les téléphones portables. De l’autre côté, un rail inséré au niveau de la chaussée permettra aux véhicules compatibles de se brancher directement.
Ces systèmes de “routes électriques” pourraient accélérer la révolution en cours dans l’industrie automobile. Ils permettraient aux véhicules électriques de rouler plus longtemps sans avoir besoin de s’arrêter pour recharger et sans avoir à transporter des batteries trop lourdes et gourmandes en matériaux rares.
Selon une étude de l’université de Göteborg en Suède, ces “routes électriques” pourraient réduire de 62 à 71% l’autonomie nécessaire pour une utilisation normale des voitures, ce qui permettrait de réduire considérablement la taille des batteries. De plus, les économies réalisées sur les batteries pourraient largement financer ces nouvelles infrastructures.
Afin de mettre ces solutions à l’épreuve à grande vitesse, l’A10 sera le terrain d’expérimentation privilégié.
Des premiers tests en septembre
Les premiers tests auront lieu en septembre 2023 à Rouen, sur une piste fermée du Cerema, un établissement public relevant du ministère de la Transition Écologique. Ensuite, ces systèmes de recharge dynamique seront installés sur quatre kilomètres de la voie de droite de l’A10, dans le sens Paris-Orléans, en amont de la barrière de péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines. Les chargeurs ne s’activeront qu’avec les véhicules compatibles.
Par ailleurs, l’autoroute du Mont-Blanc en Haute-Savoie testera bientôt une solution de “frotteur” qui a été initialement développée par Alstom pour les tramways. Avec cette solution, les véhicules équipés d’un dispositif rétractable pourront collecter directement l’électricité depuis une piste d’alimentation insérée dans la chaussée.
La mise en place de cette “route électrique” sera essentielle pour accélérer l’électrification des poids lourds qui continuent principalement à rouler au diesel, selon les rapports remis au ministère des Transports à l’été 2021.
Des défis technologiques
Patrick Pelata, ancien dirigeant de Renault, se montre enthousiaste et explique que cette “route électrique” permettra une décarbonation significative du transport routier à longue distance au fur et à mesure que l’électricité se décarbonera en Europe.
Malgré cet enthousiasme, certains défis technologiques demeurent. Selon les rapports remis au ministère, l’induction reste peu puissante et coûteuse, tandis que le rail peut s’encrasser et poser des problèmes aux deux-roues, notamment.
Une troisième solution à l’étude
Outre l’induction et le rail conducteur, une troisième solution est actuellement en cours de test en Allemagne. Cette solution utilise une caténaire, similaire à celle utilisée pour les tramways. Bien que considérée comme technologiquement la plus avancée, cette solution n’alimente pour le moment que les camions. De plus, les pylônes nécessaires en bord de route posent des problèmes en termes de sécurité routière, selon un rapport remis au ministère des Transports.
La startup Electric propose déjà son système d’induction dans des projets en Israël, en Suède, aux États-Unis et en Italie, où Fiat teste la recharge d’une petite Fiat 500. Quant au consortium Elonroad, qui fournit la technologie du rail, il teste cette solution dans le sud de la Suède depuis 2019.
Ce projet d’expérimentation sur l’A10 s’étendra sur trois ans avec un budget de 26 millions d’euros, avec le soutien du plan public France 2030 via la Banque publique d’investissement (BPI).
En conclusion, la mise en place de la “route électrique” sur l’autoroute A10 représente une avancée majeure dans le domaine de la recharge des véhicules électriques en France. Cette solution innovante pourrait permettre aux véhicules de rouler plus longtemps sans avoir besoin de recharger et de réduire ainsi la taille des batteries. Bien que des défis technologiques subsistent, cette initiative contribuera à accélérer l’électrification du transport routier, en particulier des poids lourds.
