La diversification du secteur de l’assurance en République démocratique du Congo (RDC) est de courte durée. L’assureur public Sonas SA a repris le monopole de facto de l’assurance automobile, sans aucune mesure officielle sanctionnant cette décision. Le ministère des Finances, l’Autorité de régulation congolaise des assurances (ARCA) et la Direction générale des impôts (DGI) ont tous imposé cette exclusivité à Sonas SA.
Une exclusivité remise en question
Selon des explications fournies par l’ARCA, un logiciel appelé Syntel a été mis en place pour faciliter les opérations d’assurance automobile. Après Sonas SA, les autres assureurs agréés par l’ARCA auraient également dû avoir accès à ce programme. Cependant, le ministère des Finances a changé d’avis, accordant ainsi à Sonas un monopole de facto. Le gouvernement a également recommandé aux entreprises, établissements et services publics de s’assurer exclusivement auprès de Sonas.
Une méfiance persistante
Bien que Sonas SA bénéficie de l’exclusivité de l’assurance automobile la plus lucrative, sa contribution prévue au Trésor pour l’exercice 2021, sous forme de dividendes des sociétés commerciales du groupe Portefeuille, n’est que de 220 380 dollars. Une somme insignifiante compte tenu du marché des assurances en RDC, qui représente au moins 1 milliard de dollars. Malgré la réforme du secteur de l’assurance, des assureurs illégaux continuent de dominer le marché et de remporter la part du lion, y compris des primes d’assurance qui sont versées à l’étranger.
Un marché en attente
Malgré un potentiel énorme – le marché des assurances en RDC est estimé à environ 5 milliards de dollars – les grandes entreprises internationales semblent peu intéressées par ce marché. Les Allemands d’Allianz, leaders mondiaux de l’assurance, ont préféré s’installer dans un pays voisin. Les françaises Axa, Saham du Maroc, Sanlam d’Afrique du Sud et Old Mutual Life Insurance, qui avaient pourtant affiché des ambitions pour le marché congolais, se sont également désintéressées. À l’heure actuelle, le taux de pénétration de l’assurance en RDC est inférieur à 1 %, bien en dessous de la moyenne africaine qui dépasse les 13 %.
Malgré la libéralisation du secteur, les conditions d’agrément pour les assureurs sont simples : verser une caution de 10 millions de dollars, avoir son siège en RDC, disposer de fonds propres et obtenir l’agrément pour la vente de produits. En revanche, l’ARCA n’a pas encore contribué aux finances publiques, contrairement à l’ARPTC, l’autorité de régulation des postes et des télécommunications congolaise.
En conclusion, le monopole de facto de Sonas SA dans le secteur de l’assurance automobile en RDC soulève des questions sur la diversification et la concurrence dans le secteur de l’assurance. Alors que le marché offre un potentiel important, les grandes entreprises internationales restent méfiantes face aux risques et aux conditions légales d’agrément. Il incombe à l’ARCA de rétablir l’équilibre et d’encourager la concurrence pour le bien du secteur des assurances et de l’économie congolaise.