La souveraineté alimentaire est un concept qui prend de plus en plus d’importance dans notre société. Il s’agit du droit des peuples à décider de la manière dont ils produisent leur nourriture et à conserver leurs habitudes alimentaires. Il est inconcevable que 80% des personnes qui souffrent de la faim vivent en milieu rural, alors même que ce sont les paysans qui nourrissent le monde.
Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire ?
Pour les paysans, la souveraineté alimentaire signifie le droit de produire sur le long terme, sans se ruiner en achetant des semences ou des pesticides hors de prix, tout en préservant les terres agricoles. Pour la population, cela signifie le droit de manger des produits locaux et de conserver ses habitudes alimentaires, sans être obligée de se nourrir de produits industriels produits en masse. De nos jours, la souveraineté alimentaire représente aussi la volonté des pays d’accroître leur propre agriculture et d’être plus indépendants en cas de crise ou de conflit.
D’où vient l’idée de souveraineté alimentaire ?
Le concept de souveraineté alimentaire a été développé par le mouvement international La Via Campesina, qui représente les paysans qui nourrissent le monde. Il est apparu lors du Sommet de l’alimentation organisé par l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture en 1996. L’objectif était de préserver ou de recréer des modes de culture respectueux de l’environnement, ainsi qu’un système d’échanges commerciaux équilibré et équitable.
Les défis à relever
L’agriculture est aujourd’hui devenue une industrie qui se soucie avant tout de produire en grande quantité et à moindre coût, sans considération pour l’environnement. Ce sont les marchés internationaux qui décident du prix des aliments, même dans les villages les plus reculés du Mali ou de l’Equateur, ce qui crée une volatilité des prix. Cela a des conséquences néfastes pour les populations, qui ne peuvent plus se permettre d’acheter de la nourriture lorsque les prix sont trop élevés, ni vivre de leur travail lorsque leur production agricole est vendue à bas prix.
Une crise alimentaire mondiale ?
Un autre problème réside dans le fait que l’on cultive en grande quantité les mêmes cultures au même endroit, comme le blé en Ukraine et en Russie ou le soja en Argentine. Cette logique a pour but d’augmenter les rendements, mais elle devient catastrophique en cas de crise. Les pays d’Afrique du Nord, par exemple, dépendent fortement de la Russie et de l’Ukraine pour les céréales, et connaissent actuellement une pénurie de pain. Ces mécanismes internationaux sont également responsables de l’exode rural, avec plus de 60 millions de personnes qui quittent chaque année la terre pour les villes, souvent sans réel choix.
Comment promouvoir la souveraineté alimentaire ?
L’union fait la force. Dans la région de Bahia, au Brésil, les cultivateurs d’oranges se sont associés pour obtenir des prix suffisants pour vivre. Ils ne sont plus de simples fournisseurs des usines de jus d’orange qui cassaient les prix, mais ils sous-traitent désormais la production qu’ils vendent eux-mêmes. En Éthiopie, 200 000 producteurs de café ont mis leur production en commun pour pouvoir exporter directement.
Le rôle du commerce équitable
Il est très difficile pour les agriculteurs de faire face au marché international, où les prix sont dictés par les plus puissants. C’est là que le commerce équitable intervient. Il permet d’établir des échanges équitables entre producteurs et consommateurs, en déterminant le prix des denrées en fonction de la valeur du travail des paysans. De cette manière, ils obtiennent des prix rémunérateurs et stables. Soutenir le commerce équitable devient alors un moyen pour les consommateurs de soutenir la souveraineté des peuples et l’agriculture durable.
En conclusion, la souveraineté alimentaire est une question cruciale pour le droit à une alimentation saine et pour la préservation de la planète. Il est important de soutenir les initiatives qui favorisent une agriculture respectueuse de l’environnement, équitable et durable. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que chacun ait le droit de choisir ce qu’il met dans son assiette et de vivre dignement de son travail.