La tragédie de Rivière-Éternité : un accident de voiture susceptible d’indemnisations ?

La tragédie de Rivière-Éternité : un accident de voiture susceptible d’indemnisations ?

Rappel des faits. Le 1er juillet, un mini-déluge s’est abattu sur le parc national du Fjord-du-Saguenay. Avec Pascale Racine, son amie de cœur, Jean-Philippe Caty était en randonnée quand le ciel s’est déversé. Trempés, ils ont rebroussé chemin jusqu’à leur voiture et se sont mis en route vers le camping. Mais, signe de la violence de la tempête, un arbre arraché bloquait la route 170.

Un combat pour l’indemnisation

Jean-Philippe et Pascale sont sortis de l’auto. De l’autre côté de l’arbre, des gens, dont un employé de la SEPAQ avec une scie mécanique. Le couple est retourné à la voiture. Une autre voiture s’est garée derrière lui, ses occupants sont allés voir l’arbre : ils ont commencé à tenter de le déplacer. Jean-Philippe et Pascale ont décidé de les aider. Dès qu’ils ont commencé à marcher vers le groupe qui s’affairait sur l’arbre, il y a eu un bruit et la montagne a cédé : un glissement de terrain a emporté Jean-Philippe, Pascale et Pascal Héon, le conducteur de l’autre voiture.

Une cause légitime ?

Jean-Philippe a été projeté dans la rivière, les fémurs fracturés comme des bâtons de popsicle par la force de l’impact. Il a survécu en s’accrochant à des branches pendant que le niveau de l’eau montait. Pascale a été tuée. Pascal Héon a aussi été tué, sous les yeux de ses deux enfants et de sa filleule.

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a déterminé que cet événement tragique n’était pas un accident de voiture admissible à des indemnisations. Cependant, l’avocat Marc Bellemare, spécialisé dans la défense des accidentés de la route, conteste cette décision. Selon lui, l’utilisation du véhicule est liée à l’accident, et il est convaincu que ses clients ont une cause légitime.

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Une décision contestée

Dans le passé, des décisions de justice ont élargi la notion d’accident couverte par la SAAQ. Par exemple, un homme blessé en déneigeant son véhicule a obtenu des indemnisations après un long processus judiciaire. La Cour d’appel du Québec a déterminé que cet accident était couvert par la Loi sur l’assurance automobile.

L’avocat Marc Bellemare rappelle également un autre cas similaire où la Cour suprême a tranché en faveur de la famille d’un homme tué par un arbre tombé sur son véhicule. Selon la Cour suprême, il n’est pas nécessaire que le véhicule soit une cause active de l’accident, la simple utilisation ou conduite du véhicule suffit pour que la Loi s’applique.

La souffrance ne prend pas congé

Bien sûr, l’issue de ce processus judiciaire est incertaine. Cependant, il est indéniable que les victimes directes et indirectes de la tragédie de Rivière-Éternité ont subi des blessures physiques et psychologiques profondes. La bataille avec la SAAQ pour obtenir des indemnisations s’annonce longue et éprouvante.

Pour ceux qui ont été touchés par cette tragédie, cette affaire est bien plus qu’une simple cause “intéressante”. C’est un prolongement de leur calvaire, une épreuve supplémentaire alors qu’ils pansent leurs blessures apparentes et moins apparentes. La souffrance persiste bien au-delà des gros titres.

Nul ne peut présumer du verdict d’un juge, mais une chose est certaine : la tragédie de Rivière-Éternité a laissé des séquelles profondes, et la quête de justice pour les victimes ne fait que commencer.

(Les références ont été retirées conformément aux consignes fournies)