La France se lance dans la course à la transition électrique avec une vision ambitieuse pour l’avenir de son industrie automobile. Selon un rapport de l’Institut français des relations internationales (Ifri) présenté mercredi, il est estimé que le pays devra investir environ 113 milliards d’euros d’ici 2035 pour réduire sa dépendance aux importations et favoriser la création d’une filière solide dans le secteur des voitures électriques.
Les défis de la chaîne de valeur
La création de gigafactories est un premier pas crucial, mais l’Ifri souligne que cela ne sera pas suffisant pour assurer la résilience et la croissance industrielle de ce secteur en plein bouleversement. L’un des principaux défis auxquels la France et l’Europe sont confrontées concerne l’amont de la chaîne de valeur de l’industrie automobile électrique. Selon l’Ifri, la domination chinoise dans la transformation des matières premières critiques est écrasante, ce qui met en évidence la nécessité de construire des usines pour la production de matériaux tels que le lithium, les cathodes et les anodes.
Les investissements nécessaires
Pour combler le retard et devenir compétitif dans la chaîne de valeur, la France devra investir dans la construction de quatre usines de production de matériaux pour les batteries, d’un coût unitaire d’environ 1,5 milliard d’euros, soit un total de 6 milliards d’euros. À l’heure actuelle, seuls deux projets sont en cours de développement dans ce domaine. Ces investissements sont indispensables pour réduire la dépendance de la France vis-à-vis des acteurs asiatiques et renforcer sa position sur la scène internationale.
L’implication de l’État
Le financement de la transition vers les voitures électriques ne peut être supporté uniquement par les industriels. Selon l’Ifri, l’État devra participer activement au financement tout au long de la chaîne de valeur, pour un coût total d’environ 20 milliards d’euros d’ici 2035. Les règles sur les aides publiques ont été assouplies au niveau européen pour permettre un tel soutien financier. De plus, des aides à l’achat de voitures électriques pour un montant de 35 milliards d’euros seront également nécessaires. Au final, la facture totale pour la transition vers les voitures électriques devrait atteindre entre 55 et 60 milliards d’euros sur une période d’environ dix ans.
Une telle dépense peut sembler élevée, tant pour le secteur privé que pour le public. Cependant, selon l’Ifri, cela sera en partie compensé par la réduction de la facture pétrolière extérieure, qui représente un enjeu économique et stratégique majeur pour le pays.
La transition vers les voitures électriques en France est donc un projet ambitieux nécessitant des investissements importants. Cependant, ces efforts permettront au pays de réduire sa dépendance énergétique et de renforcer son industrie automobile dans un secteur en plein essor.