La transition vers les voitures électriques : une guerre commerciale entre constructeurs automobiles et grandes puissances

La transition vers les voitures électriques : une guerre commerciale entre constructeurs automobiles et grandes puissances

D’ici 2035, de nombreux changements peuvent survenir. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), plus de dix millions de voitures électriques ont été vendues dans le monde en 2022, sur un total de 82 millions de véhicules. Ce chiffre encore modeste devrait augmenter de 35% cette année. Les États-Unis visent une proportion de 50% de voitures électriques vendues d’ici 2030, tandis qu’en Chine, une voiture sur quatre est déjà électrique aujourd’hui.

Cependant, en Europe, aux États-Unis et en Chine, l’électrification des voitures est déjà en marche. Pour les habitants du Bangladesh ou de la République centrafricaine, qui disposent d’un véhicule à moteur pour 250 habitants, le problème n’est pas de savoir quel type de motorisation choisir…

Une production mondialisée et une spéculation effrénée

Le passage à l’électrique ne s’explique évidemment pas par une volonté des industriels de lutter contre la pollution. En réalité, derrière les problèmes environnementaux bien réels, se cache une guerre commerciale entre les constructeurs automobiles et une guerre économique entre les grandes puissances. Les intérêts de chacun s’entremêlent, mais s’opposent souvent, comme c’est la règle dans la production capitaliste dominée par les intérêts privés.

La production automobile est largement mondialisée et les fabricants n’ont plus de liens étroits avec leur pays d’origine. La Renault Clio est produite en Slovénie, la Peugeot 208 en Slovaquie et au Maroc. Aujourd’hui, l’usine qui produit le plus grand nombre de voitures en France est… Toyota à Valenciennes, avec la Yaris. Volkswagen a longtemps été le plus grand constructeur automobile en Chine, et Toyota l’était aux États-Unis en 2021.

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Les discours vantant les mérites du protectionnisme n’ont donc que peu de sens et ne constituent pas une réponse aux suppressions d’emplois liées à l’électrification du parc automobile. En revanche, ils justifient l’octroi de subventions par les pouvoirs publics aux groupes automobiles et divisent les travailleurs. Pourtant, partout dans le monde, des emplois sont supprimés, comme en témoigne l’annonce par Stellantis d’un nouveau plan de départs “volontaires” s’adressant aux 35 000 salariés du groupe aux États-Unis.

Essence, diesel ou électrique ?

La production mondiale de voitures n’a cessé d’augmenter au cours du 20e siècle, entraînant des problèmes de circulation et de pollution dans les grandes villes. La production annuelle, d’environ dix millions en 1950, est passée à 41,2 millions en 2000. Avant la crise sanitaire, elle avait atteint plus de 90 millions de véhicules. En 2022, en raison de l’augmentation du prix des carburants, du manque de puces électroniques et de l’incertitude liée à la transition énergétique, elle s’est établie à plus de 82 millions. Aujourd’hui, il y a plus de 1,4 milliard de voitures en circulation dans le monde, soit quatre fois plus qu’en 1976.

Les industriels occidentaux ont développé le moteur à combustion, dont le rendement reste relativement faible malgré les progrès réalisés depuis son invention. Ces moteurs utilisent des carburants à base de pétrole, émettant de nombreux polluants. Le scandale du Dieselgate a fini de discréditer l’utilisation des moteurs diesel, jugés encore plus polluants. Les particules fines émises par les voitures, ainsi que l’usure des pneumatiques et des plaquettes de frein, contribuent également à la pollution.

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La Chine, premier producteur mondial

En Chine, on produisait à peine plus de deux millions de voitures en 2000. Cependant, avec 27 millions de véhicules produits l’année dernière, le pays est devenu le premier producteur mondial, devant les États-Unis, l’UE et le reste du monde. Certaines entreprises chinoises, telles que SAIC, Geely et BYD, ont acquis une place sur le marché mondial, rachetant des usines délaissées par les actionnaires européens. La Chine compte plus de 1,4 milliard d’habitants et sa production automobile est récente, résultant d’une association entre industriels chinois et fabricants occidentaux et japonais. Les constructeurs chinois se sont lancés dans la fabrication de voitures électriques dès les années 2000, profitant du nouveau marché que les capitalistes occidentaux n’avaient pas exploré.

Les États-Unis à l’offensive contre les constructeurs européens

Le président américain Joe Biden a annoncé un vaste plan de 450 milliards de dollars pour relocaliser l’industrie aux États-Unis. Les industriels, quel que soit leur pays d’origine, bénéficieront de cette opportunité. Cette offensive économique, soutenue par le dollar et la puissance de l’État le plus riche du monde, vise à attirer des usines sur le sol américain. Les États du Sud, offrant une énergie moins chère, tentent également d’attirer les industriels. Toutefois, cette stratégie inquiète les syndicats, qui voient les fabricants profiter de la transition vers l’électrique pour désyndicaliser les usines.

La politique du gouvernement français et de l’UE

Face à l’offensive américaine, l’Union européenne a annoncé qu’elle était prête à investir 350 milliards de dollars pour soutenir l’industrie automobile. Cependant, l’UE ne constitue pas un marché unique, et les constructeurs ont des intérêts différents voire contradictoires. La gestion privée de la production et du transport de l’électricité entraîne des pénuries de courant électrique dans le monde entier, ce qui pose des problèmes pour la généralisation de l’électrification des voitures individuelles.

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Électrique rime-t-il avec écologique ?

Les avocats de la voiture électrique soulignent qu’elle ne rejette pas de CO2 en roulant, ce qui est indéniable. Cependant, le bilan carbone d’une voiture ne se limite pas à son utilisation. La production d’une voiture électrique émet deux fois plus de CO2 que celle d’une voiture thermique en raison de l’énergie nécessaire à la fabrication des batteries. De plus, si le CO2 n’est pas émis par la voiture elle-même, il l’a été lors de la production d’électricité dans les centrales utilisant des combustibles fossiles. Par ailleurs, le recyclage des batteries pose encore problème et l’extraction des métaux nécessaires à leur fabrication entraîne des pollutions environnementales.

Sous l’alibi de l’électrique, des suppressions d’emplois

Selon Les Échos, un demi-million d’emplois pourraient être menacés en Europe d’ici 2040 en raison de l’électrification des voitures. En effet, une voiture électrique nécessite 40% de main-d’œuvre en moins. De plus, l’industrie automobile supprime déjà massivement des emplois depuis des années. Pourtant, les profits des constructeurs automobiles ne cessent d’augmenter. Face à cette situation, les travailleurs doivent imposer la répartition du travail sans perte de salaire et prendre sur les profits des capitalistes pour maintenir tous les emplois.

La transition énergétique ne peut être réalisée que dans une société libérée de l’exploitation et de la logique du profit capitaliste. Il est essentiel de mettre en place une planification rationnelle de la production et de la distribution d’électricité, en tenant compte des besoins sociaux et environnementaux.