La Turquie lance la voiture TOGG, le projet de prestige d’Erdogan

La Turquie lance la voiture TOGG, le projet de prestige d’Erdogan

La Turquie a entrepris ces dernières années une série de mesures politiques et économiques pour renforcer son indépendance vis-à-vis d’autres pays. Aujourd’hui, elle réalise une percée majeure pour son industrie automobile. La première voiture jamais développée et fabriquée en Turquie, par le groupe turc de coentreprise automobile (TOGG), est entrée en production.

Une usine historique

La nouvelle usine de voitures TOGG a commencé à fonctionner le 29 octobre. La date est symbolique, car elle marque le 99e anniversaire de la fondation de la République turque.

TOGG a été fondée en 2018 dans le but de rendre la Turquie plus indépendante des constructeurs automobiles étrangers. “C’est une étape importante pour l’industrie automobile turque”, déclare Emre Özpeynirci, journaliste et expert en automobile, qui suit de près le projet TOGG.

Objectif: 175 000 voitures par an

Le plan pour l’année prochaine est de fabriquer environ 17 000 à 18 000 véhicules électriques dans l’usine TOGG, située près d’Istanbul. Le site est conçu pour une capacité allant jusqu’à 175 000 voitures par an, un objectif que les décideurs souhaitent atteindre d’ici cinq ans.

Opinion publique divisée

Bien que l’usine TOGG commence maintenant la production, il faudra encore un certain temps avant que les véhicules n’arrivent sur le marché. La société prévoit que les premières voitures seront prêtes d’ici mars 2023, quelques mois avant l’élection présidentielle.

Le succès ou l’échec de la voiture TOGG pourrait influencer le vote, car le véhicule est largement considéré comme un projet de prestige par le président Recep Tayyip Erdogan. L’automobile TOGG a été promue comme “la voiture du peuple”. En effet, lorsque le projet a été lancé par Erdogan, les gens s’attendaient à ce que cette voiture soit abordable pour tous les Turcs, explique Özpeynirci.

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Pas abordable ni pratique?

TOGG prévoit de vendre son SUV à 900 000 livres turques (environ 50 000 €), ce qui est inabordable pour la plupart des gens en Turquie. Özpeynirci affirme que les consommateurs ordinaires ne peuvent investir que 500 000 livres pour une nouvelle voiture. Dans un ou deux ans, un modèle plus abordable sera disponible.

Le prix de vente élevé pourrait ne pas être la seule déception pour les acheteurs potentiels. La Turquie manque également de l’infrastructure nécessaire pour les propriétaires de véhicules électriques.

“La Turquie n’est pas encore prête en termes d’infrastructure pour passer aux voitures électriques”, explique Hüsamettin Yalçın, PDG d’Automotive Data. Les personnes ordinaires, selon Yalçın, ne devraient pas avoir à se soucier du nombre de stations de recharge entre Ankara et Istanbul.

Un marché national pour le moment

Bien que les voitures TOGG soient conçues et assemblées en Turquie, certains composants tels que les batteries, les moteurs et certains systèmes électriques sont importés. Jusqu’à présent, 51% des matériaux utilisés pour construire les véhicules sont d’origine turque. Le ministre de l’Industrie, Mustafa Varank, a déclaré qu’il souhaitait porter ce chiffre à 65% dans les années à venir.

Pour l’instant, les voitures TOGG sont destinées au marché intérieur plutôt qu’aux acheteurs étrangers. Cela est en partie dû à la combinaison de composants utilisés pour construire la voiture, ce qui fait augmenter les coûts de production, explique Özpeynirci. Selon lui, si TOGG parvient à utiliser 70% de composants fabriqués en Turquie, ses voitures deviendront compétitives sur le marché international.

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Conclusion

La Turquie se lance dans la production de sa propre voiture avec le lancement de TOGG, un projet de prestige du président Erdogan. Bien que des défis subsistent, tels que le prix élevé et l’infrastructure insuffisante pour les voitures électriques, le développement de l’industrie automobile turque est un pas important vers l’indépendance économique du pays. Reste à voir si la voiture TOGG atteindra son objectif d’être une voiture pour le peuple turc.