Le sujet de la valorisation d’une entreprise est toujours délicat. Et pour cause, il s’agit d’argent. Si vous envisagez de reprendre une entreprise, sa valorisation est un élément clé de votre réflexion !
Mais avant de nous plonger dans le vif du sujet, arrêtons-nous un instant sur la définition exacte de la valorisation d’entreprise : “La valorisation d’une entreprise consiste à calculer sa valeur financière en tenant compte des données comptables passées et du potentiel de développement” (source: Mataf).
Concrètement, il n’existe pas de formule universelle de valorisation reconnue par tous, car chaque entreprise est différente. Les méthodes sont nombreuses, mais aucune d’entre elles n’est magique. Pour réaliser une valorisation d’entreprise fiable, il est essentiel de varier les méthodes et les indicateurs d’analyse. Il ne s’agit pas de choisir une méthode plutôt qu’une autre, mais plutôt de les combiner afin de se rapprocher le plus possible de la réalité.
Votre analyse de la valorisation sera votre meilleure arme pour négocier le prix de l’entreprise que vous souhaitez racheter auprès du cédant.
I. Qu’est-ce qu’une valorisation d’entreprise fiable ?
Pour évaluer la valeur d’une entreprise à reprendre, vous ne devez pas vous fier uniquement à ce que raconte le cédant ni aux informations trouvées sur internet. En règle générale, il est recommandé de se faire accompagner par des professionnels afin de ne pas se faire embobiner et perdre beaucoup d’argent et de temps. Le monde de la reprise d’entreprise peut parfois ressembler à un labyrinthe sans fin, où seuls quelques aventuriers parviennent au succès. C’est notamment la raison pour laquelle notre formation Reprise d’Entreprise, soutenue par le Fonds Social Européen, existe.
Gardez bien en tête que la valeur théorique de l’entreprise ne correspond pas toujours au prix de vente affiché par le cédant ! Elle peut varier en fonction de deux éléments clés : le marché du secteur d’activité concerné (comment il se porte au moment de l’acquisition) et votre capacité de négociation avec le cédant.
Dans la partie suivante, nous allons présenter un certain nombre d’outils et de réflexions pour vous aider à évaluer la valeur de l’entreprise que vous souhaitez reprendre. Avant de commencer, n’oubliez pas que le cédant est votre allié. C’est lui qui vous fournira tous les documents dont vous avez besoin. Alors, c’est parti !
II. Les méthodes de valorisation d’entreprise
Avant de commencer, il est essentiel de comprendre qu’il ne faut pas se fier uniquement à la partie financière de l’entreprise. Une entreprise ne se résume pas qu’à des chiffres, il y a aussi et surtout l’humain (employés, clients, fournisseurs…) qu’il faut prendre en compte.
On commence sans plus attendre avec la première méthode !
a) La méthode patrimoniale
C’est la méthode classique la plus utilisée. Comme son nom l’indique, l’idée est de faire un état des lieux du patrimoine de l’entreprise à reprendre : ce qu’elle possède – ce qu’elle doit = valeur patrimoniale de l’entreprise. Vous pouvez retrouver cet élément dans le bilan de l’entreprise, un document comptable que vous pouvez demander au cédant. On parle généralement de valeur liquidative, c’est-à-dire ce que récupéreraient les actionnaires de l’entreprise s’ils décidaient de stopper l’activité et de vendre leurs parts.
Pour illustrer cette méthode de valorisation, prenons l’exemple d’une entreprise industrielle qui possède beaucoup d’équipements de valeur. Dans ce cas, nous allons chiffrer la valeur du parc industriel puis déduire les dettes souscrites pour financer ce parc. Prenons un autre exemple avec une entreprise de transport qui possède un parc de véhicules significatif. Il y aura donc une valeur nette du parc par rapport à la valeur d’occasion des véhicules, ce qui constituera la valeur patrimoniale de la structure par agrégation.
b) La méthode DCF (Discounted Cash Flow)
Il s’agit d’une méthode généralement utilisée pour les grosses structures. Si vous envisagez de reprendre une entreprise d’une valeur inférieure à un million d’euros, cette méthode ne sera pas adaptée. Cette méthode consiste à considérer les futurs flux de trésorerie de l’entreprise. Elle est généralement utilisée par des repreneurs qui ont déjà une certaine expérience avec la finance d’entreprise ou par les experts qui les accompagnent. Évitez de vous lancer à tête perdue dans ce genre de calcul. Votre but est plutôt de savoir que cette méthode existe pour aller chercher l’information auprès des personnes qualifiées.
Voici un exemple de structure pour effectuer une estimation selon la méthode DCF :
EBIT = Bénéfice avant intérêts et impôts
BFR = Besoin en fonds de roulement
Ici, le repreneur est parti de l’année 2015 pour faire une projection sur les 5 années à venir.
c) La méthode des multiples
Cette méthode consiste à appliquer un multiple sur un indicateur de performance. Pour de nombreuses entreprises, c’est l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation) qui est utilisé comme indicateur clé pour calculer la rentabilité de l’entreprise à reprendre. Le multiple attribué va dépendre de plusieurs facteurs tels que le dynamisme du secteur d’activité, le niveau de différenciation de l’entreprise par rapport à ses concurrents, la performance de l’entreprise et les prix de vente des autres entreprises du même marché. Selon ces données, les entreprises peuvent par exemple se vendre entre 2 et 4 fois l’EBE !
Entreprise sur-performante = multiple de 4
Entreprise sous-performante = multiple de 2
d) La méthode comparative
Cette méthode consiste à valoriser une entreprise en la comparant à un échantillon d’entreprises similaires en termes d’activité, de géographie et de taille. Pour cette approche, nous vous recommandons de vous baser sur des cessions récentes d’entreprises similaires, afin d’avoir une bonne idée du prix de la cession. Ce prix sera ensuite ajusté en fonction des critères importants du secteur d’activité tels que le potentiel de développement, la fidélité des clients et les relations avec les fournisseurs. L’avantage de cette méthode de valorisation est de cibler un prix de cession cohérent avec le marché à l’instant T. Cependant, elle est limitée car elle ne peut pas s’appliquer en l’absence d’entreprises similaires à proximité.
III. La rentabilité, un critère clé de la valorisation d’entreprise
La rentabilité doit toujours être le socle de vos calculs pour estimer la valorisation d’une entreprise à racheter. C’est cette rentabilité qui va vous permettre de rembourser l’emprunt que vous avez contracté pour acquérir la structure. Et comme vous allez vous endetter généralement sur des durées allant de 5 à 7 ans, la question à vous poser est la suivante : combien de temps faut-il pour rembourser la totalité de mon crédit ? Une partie de la rentabilité sert à rembourser votre crédit, tandis que l’autre vous permet de vous rémunérer en tant que gérant.
Mais qu’est-ce que la rentabilité ? On pense souvent au résultat net, c’est-à-dire le bénéfice après impôt de l’entreprise. Mais n’oublions pas que chacun gère son entreprise selon ses propres choix. Certains cédants, par exemple, se versent un salaire conséquent dès le départ, tandis que d’autres préfèrent une rémunération moins importante pour récupérer l’essentiel des bénéfices en dividende à la fin de l’année. De la même manière, chaque gérant a son propre mode de vie. Certains vont avoir beaucoup de notes de frais (restaurants, voiture, logements…) qui fausseront la rentabilité de l’entreprise. Vous ne pouvez rien y faire, c’est leur choix. En revanche, une fois l’entreprise acquise, vous avez la possibilité de retirer une partie de ces dépenses pour les ajouter au bénéfice.
Il est également possible de négocier un certain nombre d’aspects annexes dans le cas d’une cession d’entreprise. Par exemple, la révocation d’un bail inutilisé peut permettre de réaliser des économies significatives. La rentabilité de l’entreprise sera toujours comparée au calcul de la CAF (Capacité d’Autofinancement), ce qui est un critère prépondérant pour le financement par emprunt bancaire.
IV. Quelle méthode de valorisation choisir ?
La force de votre analyse réside dans la combinaison des méthodes utilisées. Plus vous itérez, plus vous vous rapprochez de la réalité. Cependant, il est important de ne pas essayer toutes les méthodes et de faire une moyenne des résultats. Ce n’est pas une bonne idée, car cela ne représentera pas forcément la réalité du prix de cession de l’entreprise.
Gardez à l’esprit que ces méthodes sont des outils permettant d’identifier les points de valeur de l’entreprise que vous souhaitez racheter. À partir de là, vous pouvez prendre comme base la valeur de rentabilité, car c’est l’élément qui vous permettra de rembourser la dette de l’entreprise. Mais rappelez-vous, il ne faut pas prendre en compte uniquement le facteur financier. Vous devez considérer toutes les spécificités de l’entreprise à reprendre pour réaliser votre valorisation.
Prenons l’exemple d’un salon de coiffure pour illustrer ce point. D’un côté, nous avons un gros salon de coiffure en région parisienne avec une clientèle fidèle. De l’autre côté, nous avons un salon de coiffure plus petit, mais dont le modèle a déjà été répliqué dans d’autres villes françaises. Si l’on s’intéresse uniquement au chiffre d’affaires généré, la première option semble être la plus intéressante. Toutefois, en réfléchissant bien, on se rend compte que la première option ne va pas beaucoup évoluer dans les années à venir, tandis que la seconde option a un potentiel de développement national.
Le constat est le suivant : vous n’achetez pas seulement un chiffre d’affaires ou une clientèle, mais aussi un modèle que vous allez pouvoir dupliquer. Le cédant vous accompagne dans le développement du modèle qu’il a déjà mis en place, et vous partagez les bénéfices de ce nouvel investissement. Dans la valorisation, il est important de prendre en compte tous les éléments clés de l’entreprise que vous souhaitez reprendre, tels que la concurrence, les clients, les fournisseurs, la réglementation sur le marché, l’organisation de l’entreprise, etc.
À vous de jouer !
J’espère que ce guide sur la valorisation d’entreprise vous sera utile. Maintenant, j’aimerais en savoir plus sur vous ! Avez-vous déjà essayé ces méthodes de valorisation ? En connaissez-vous d’autres ? Rencontrez-vous des blocages particuliers ? On en parle ensemble dans les commentaires juste en-dessous. ?
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