La violence conjugale : comprendre et agir

Qu’est-ce que la violence conjugale ?

Qu’est-ce que la violence conjugale ?

Les violences au sein des relations intimes correspondent à un ensemble de comportements, d’actes et d’attitudes visant à contrôler et dominer l’autre partenaire ou ex-partenaire. Ces formes de violence peuvent prendre différentes formes : agressions verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou récurrentes, portant atteinte à l’intégrité de l’autre et même à son intégration sociale et professionnelle. Il est important de souligner que ces violences impactent également l’entourage de la victime et de l’agresseur, notamment les membres de la famille et les enfants.

Les violences conjugales sont définies de manière commune par les ministres fédéraux, communautaires et régionaux de Belgique depuis 2006.

Violences conjugales ou simples disputes ?

Il est crucial de distinguer la violence entre partenaires des simples disputes ou conflits qui peuvent survenir ponctuellement. La violence conjugale se caractérise par sa persistance, son impact destructeur, la peur qu’elle génère, ainsi que par son intention cachée de contrôler et de dominer l’autre. Cette violence trouve sa source dans le désir de domination de l’autre.

Comment s’exprime-t-elle ?

La violence conjugale peut revêtir différentes formes : physique, psychologique, sexuelle ou économique. Elle peut se manifester de diverses façons :

  1. Violence psychologique et verbale
  2. Violence physique
  3. Violence sexuelle
  4. Utilisation des enfants comme moyen de pression ou de menace
  5. Utilisation de la violence envers des animaux ou des objets
  6. Contrôle excessif (financier, social, etc.)
  7. Menaces de suicide ou de meurtre
  8. Meurtre, tentative de meurtre ou menaces de mort

Il est important de souligner que ces différentes formes de violence conjugale sont à présent facilitées, voire renforcées, par l’utilisation des outils numériques. Les téléphones portables, par exemple, permettent au partenaire ou à l’ex-partenaire d’exercer une violence quasi-permanente sur la victime, même à distance : contrôle des déplacements, envoi répété de messages insultants, installation de logiciels espions à l’insu de la victime, etc. Ces cyberviolences s’étendent également aux domaines économique et administratif. Par le biais de l’ordinateur ou du téléphone portable, l’individu peut modifier les mots de passe des comptes bancaires ou des dossiers liés aux aides sociales afin d’empêcher l’accès à la victime.

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Aujourd’hui, 9 femmes victimes de violences conjugales sur 10 déclarent avoir subi au moins une forme de cyberviolence conjugale.

Le cycle de la violence

La violence conjugale doit être appréhendée comme un cycle, une succession d’événements, certains apparemment insignifiants (insultes, humiliations verbales), d’autres plus graves (gifles, coups, etc.). Au fil du temps, les explosions de violence deviennent de plus en plus fréquentes, jusqu’à devenir insupportables. Entre ces moments de violence, l’auteur des violences tente de justifier son comportement et de le minimiser. Il attribue souvent ses gestes à des problèmes extérieurs tels que le stress, l’alcool, le chômage, etc. Il peut également faire croire à la victime qu’elle est responsable de ces actes violents, suscitant ainsi chez elle un sentiment de culpabilité.

La violence conjugale comprend également des périodes de “lune de miel”, caractérisées par le calme et la réconciliation. L’auteur prend alors conscience de ses actes, exprime des regrets, se sent mal et demande pardon. Il promet de changer et d’arrêter ses violences, mais surtout, il assure son partenaire de son amour. Il tente de reconquérir l’autre par des cadeaux et des promesses. Cette situation crée chez la victime des doutes et renforce sa culpabilité, la poussant à s’excuser, convaincue qu’elle méritait cette violence. La victime perd peu à peu ses repères et son estime de soi, s’isolant de plus en plus.

L’escalade de la violence

Dans certains couples, la violence reste au stade des premières étapes du cycle. Cependant, dans la plupart des cas, la violence s’intensifie avec le temps. Cette escalade peut être rapide, mais peut aussi prendre des mois voire des années.

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Séparation et risque de violence

Certains moments clés peuvent déclencher ou aggraver le cycle de la violence, notamment la période de la grossesse et la tentative de rupture. En effet, la personne qui souhaite mettre fin à la relation est exposée à un risque accru de violence de la part de son partenaire. Dans la majorité des cas d’homicides conjugaux, la rupture est l’élément déclencheur du meurtre et l’auteur passe à l’acte dans les semaines ou les mois qui suivent. Cette réalité explique en partie la difficulté pour les victimes de violence conjugale de se séparer de leur partenaire.

Les impacts

La violence conjugale a des conséquences graves sur la victime, pouvant entraîner :

  • Des doutes sur son identité
  • Une honte de soi
  • Une confusion mentale
  • Des perturbations du sommeil, de l’alimentation et de la santé
  • Une forte dépendance aux médicaments
  • Une souffrance sociale

La violence engendre également des répercussions sur l’entourage, en particulier les enfants qui, en tant que témoins directs ou indirects de scènes violentes, deviennent également des victimes. Ils grandissent dans un contexte marqué par la domination et l’agressivité, et sont confrontés à des conflits de loyauté et à l’anxiété. De plus, la violence est rarement abordée au sein de la famille, renforçant le silence et le tabou qui entoure ces situations. Les enfants n’obtiennent pas d’explications sur les actes qu’ils subissent et ne peuvent pas exprimer leurs émotions ni être rassurés. En conséquence, ils vivent un stress et un choc constants, ce qui peut entraîner des problèmes affectifs et comportementaux ayant un impact sur leur développement.

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Les enfants exposés à la violence intrafamiliale peuvent présenter les symptômes suivants (Union nationale des associations familiales) :

  • Troubles de l’attention et hyperactivité
  • Maladies chroniques récurrentes
  • Difficultés scolaires
  • Estime de soi faible, tristesse, anxiété et dépression
  • Grande méfiance et hyper vigilance

Les signaux d’alarme

Les comportements suivants peuvent se manifester durant le cycle de la violence :

  • Insultes, accusations, injures et humiliations
  • Attitudes menaçantes
  • Pression et culpabilisation
  • Prise de décisions sans consentement
  • Contrôle financier
  • Manipulations des enfants
  • Prise de décisions importantes sans consultation
  • Dévalorisation publique
  • Diffamation envers la famille et les amis
  • Mensonges
  • Jalousie excessive
  • Refus d’assumer ses responsabilités
  • Négation ou minimisation des actes violents
  • Rejet de la responsabilité sur l’autre
  • Opposition au travail à l’extérieur
  • Critiques des dépenses financières
  • Consommation excessive de drogue ou d’alcool
  • Menaces de suicide ou de représailles
  • Empêchement de rendre visite à des proches
  • Contrôle des appels téléphoniques
  • Interdiction de se rendre à certains endroits
  • Menaces de violences contre vous ou d’autres personnes
  • Intrusion inopinée ou appels incessants
  • Surveillance constante
  • Refus de partir lorsque demandé
  • Utilisation de la force physique lors des disputes : blocage du passage, cris, conduite agressive, destruction d’objets, violences envers les enfants ou les animaux domestiques, coups, morsures, etc.
  • Traitement dégradant et avilissant
  • Contrainte à des relations sexuelles non consenties
  • Viol
  • Utilisation ou port d’armes

La violence conjugale est un problème grave qui nécessite une prise de conscience collective et des mesures appropriées pour protéger les victimes et prévenir ces comportements destructeurs.