Les ventes de voitures électriques à Ajaccio commencent à prendre de l’essor, bien que les concessionnaires automobiles estiment que les installations actuelles ne sont pas encore suffisantes pour impulser une véritable dynamique. Selon Pascal Royer, chef des ventes au garage Liberté de la Rocade, environ “sept véhicules électriques ont été vendus en quatre mois”, représentant “moins de 10% des ventes”. Cependant, ce chiffre est moins mauvais qu’il n’y paraît. À titre de comparaison, au niveau national, la part de marché des véhicules électriques se situe entre 6,7 et 8,2%. Malgré cela, divers obstacles ralentissent encore leur progression, dont le principal est l’absence de bornes de recharge.
Un réseau insuffisant
Jean-André Miniconi, directeur du groupe éponyme, partage également cette analyse. Il affirme que “chez Peugeot, une voiture vendue sur dix est une voiture électrique”. Selon lui, le marché ajaccien est principalement soutenu par les propriétaires de villas qui ont la possibilité d’installer des bornes chez eux.
L’installation de nouvelles bornes publiques pourrait-elle favoriser l’essor de la voiture électrique dans la cité impériale ? Ion Leahu-Aluas, directeur général de Driveco, une entreprise spécialisée dans la fabrication et l’installation de bornes de recharge électrique, affirme que “nous constatons une augmentation du nombre de rechargements et du nombre de véhicules qui utilisent nos bornes”. Driveco exploite la station de rechargement photovoltaïque située près de L’Amirauté. Les résidents ne sont pas en reste, car selon Ion Leahu-Aluas, “des clients nous ont dit que le fait d’avoir vu les bornes les avait convaincus d’acheter une voiture électrique”. Cette forte demande a également conduit à une augmentation des demandes d’installation de bornes de la part des propriétaires de parkings.
Cependant, les concessionnaires craignent un sous-dimensionnement du réseau électrique avec la mise en circulation de nouveaux véhicules et l’installation de bornes de recharge rapide (supérieure à 22 kW). Jean-André Miniconi estime que “cette année, environ 400 véhicules électriques seront vendus à Ajaccio, toutes marques confondues. Sur 5 ans, cela représentera environ 2 000 voitures supplémentaires sans augmentation de la capacité électrique. Nous risquons donc une saturation du réseau”. Le risque concret consiste en une pointe quotidienne de consommation vers 19 heures, lorsque les propriétaires rechargeront leurs voitures électriques en rentrant chez eux. De plus, la prochaine centrale électrique à gaz naturel ne devrait pas être plus puissante.
Un risque anticipé
Alexis Milano, directeur de l’Agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse (AUE), indique que ce risque est anticipé par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui sera soumise au vote de l’Assemblée de Corse en fin de semaine. “La Corse étant une zone non-interconnectée (ZNI), il faut s’assurer de la maîtrise des impacts de la recharge sur la stabilité du système électrique”, explique-t-il.
La PPE met donc l’accent sur l’importance du “pilotage des bornes” de recharge électrique afin de “décaler le déclenchement de la recharge vers les heures de production EnR (énergies renouvelables)”. Une autre solution consisterait à “associer les bornes de recharge rapide et ultra-rapide à un dispositif de stockage”.
Enfin, il existe d’autres possibilités pour limiter la consommation d’énergie, comme le “vehicle-to-grid”, un système qui permet d’utiliser les voitures électriques comme un moyen de stockage et de restitution d’électricité.
Selon Amandine Bono, cheffe de service gestion du système électrique chez EDF, “cette évolution tendancielle a été anticipée et intégrée dans le système électrique”. Tous les voyants semblent au vert pour la voiture électrique.
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