La voiture électrique : un avenir prometteur pour le réseau électrique français

La voiture électrique : un avenir prometteur pour le réseau électrique français

« Si la voiture électrique se développe, il faudra construire de nouvelles centrales nucléaires… ». Cet argument revient souvent lors des discussions sur l’essor de la voiture électrique dans les prochaines années. Mais est-ce vraiment le cas ? Pour y voir plus clair, nous nous baserons sur une étude publiée en 2018 par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), afin de vous apporter des éléments de réponse.

De trois à quinze millions de voitures électriques d’ici 2035

Selon les estimations de la plateforme de la filière automobile (PFA), le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables en France pourrait atteindre entre 3,5 et 15,6 millions d’unités d’ici 2035, dont 50 à 70 % seraient des modèles 100 % électriques. De son côté, Enedis estime que le parc pourrait s’étendre de 3,2 à 9,6 millions de véhicules, avec une consommation allant de 8 à 25 TWh.

Un impact marginal sur la consommation globale…

En termes de consommation, le développement de la voiture électrique reste marginal. Selon la CRE, la mise en circulation d’un million de véhicules électriques correspond à une demande d’environ 2 TWh, soit seulement 6 % de la consommation globale en France, qui s’élève à 480 TWh par an. De plus, les économies d’énergie attendues dans d’autres secteurs pourraient compenser cette demande supplémentaire.

… mais des pics de puissance à anticiper

Si l’augmentation de la consommation due à la voiture électrique ne préoccupe pas les régulateurs de l’énergie, les pics de consommation engendrés par les recharges simultanées sont plus préoccupants et doivent être anticipés. Imaginons : si plusieurs millions de voitures électriques se branchent en même temps au réseau à 17 ou 18 heures à la sortie du travail, cela nécessiterait une quantité astronomique d’énergie et pourrait fragiliser le réseau, entraînant des coûts de renforcement conséquents pour les gestionnaires.

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Cependant, de nombreuses solutions sont déjà disponibles pour éviter ce problème. Les utilisateurs peuvent, par exemple, différer la charge de leur véhicule en utilisant l’ordinateur de bord ou des applications mobiles. Certains constructeurs vont même plus loin, comme Renault avec son application “ZE Smart Charge” qui permet une communication entre le véhicule et le réseau afin de stopper ou reprendre la charge en fonction de la demande.

La CRE évoque également la possibilité de mettre en place un signal tarifaire incitant les utilisateurs à différer leur charge. En décalant la recharge de 3 heures après le passage en heures creuses, le besoin en puissance serait réduit à 1,6 GW, ce qui serait tout à fait acceptable selon la Commission.

Il convient également de modéliser d’autres facteurs de risques, tels que l’impact des recharges rapides et ultra-rapides lors des journées de forte affluence, et d’envisager des solutions spécifiques, comme l’intégration de batteries sur certaines infrastructures. Ces espaces de stockage tampon permettraient de lisser les appels de puissance sur le réseau électrique.

La voiture électrique, une opportunité pour le réseau électrique

Grâce à des solutions en cours de tests telles que le V2G (Vehicle-to-Grid), le V2H (Vehicle-to-Home) ou le V2B (Vehicle-to-Building), la voiture électrique pourrait passer d’une contrainte à une véritable opportunité pour le réseau électrique. Ces systèmes permettent de réinjecter l’énergie embarquée dans les batteries à l’échelle d’une maison, d’un bâtiment ou même du réseau lui-même.

Si ces dispositifs étaient appliqués à des millions de voitures électriques, la capacité de stockage serait énorme et permettrait de soulager le système électrique tout en contribuant à son équilibrage, notamment pour la gestion des énergies intermittentes. De plus, ces dispositifs pourraient également générer des revenus pour les utilisateurs qui pourraient revendre l’électricité produite à leur fournisseur d’énergie avec une belle plus-value.

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En conclusion, l’essor de la voiture électrique en France ne devrait pas nécessiter la construction de nouvelles centrales nucléaires. Bien que des défis se présentent, comme les pics de consommation, les solutions technologiques actuellement disponibles et en cours de développement permettent d’anticiper ces problématiques et de tirer parti de la voiture électrique pour renforcer et équilibrer le réseau électrique.