Dans son avis 2022 sur la voiture électrique, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) affirme qu’une batterie ne devrait pas dépasser une capacité de 60 kWh. L’agence a rendu public son avis à travers un rapport et une conférence présentés le 12 octobre. Le développement de la voiture électrique en France, la recharge, le marché des véhicules neufs ainsi que l’impact financier et environnemental de ces voitures ont été abordés.
Pourquoi cette limite de 60 kWh ?
Selon David Marchal, directeur exécutif adjoint de l’expertise et des programmes de l’ADEME, “une voiture raisonnable devrait avoir une batterie d’une capacité maximale de 60 kWh, avec un prix équivalent, incluant l’achat et les frais d’utilisation sur une période de 15 ans et 12 500 km par an”. Il précise toutefois que “l’investissement initial pour un véhicule électrique est certes plus élevé”.
D’après les études, il est prouvé que “la voiture électrique n’est pas neutre en termes d’émissions de carbone, elle commence avec une dette carbone légèrement supérieure à celle des voitures thermiques”. L’ADEME a compilé des données montrant la quantité de CO2 émise lors de la fabrication d’une voiture électrique (par rapport à une compacte diesel de 4 tonnes) :
- Citadine 22 kWh (Renault Twingo E-Tech) : 5 tonnes
- Compacte 60 kWh (Renault Megane E-Tech) : 10 tonnes
- SUV 100 kWh (Mercedes EQE) : 15 tonnes
Selon David Marchal, grâce à une électricité décarbonée (mix énergétique français), une voiture électrique avec une batterie de 60 kWh rembourse sa dette rapidement, soit après environ 60 à 65 000 kilomètres parcourus. Ainsi, elle émet 2 à 3 fois moins de CO2 sur toute sa durée de vie.
Il souligne également que les émissions de CO2 sont proportionnelles au poids et à la capacité de la batterie. Une citadine de 22 kWh remboursera sa dette plus rapidement (moins de 20 000 km) qu’un SUV de 100 kWh (plus de 100 000 km). Il est donc nécessaire d’adapter la voiture électrique à l’usage prévu.
Adapter l’usage au quotidien
Bertrand Olivier Ducreux, ingénieur au service Transports et Mobilité, affirme que si l’on choisit sa voiture en fonction de ses trajets quotidiens, toutes les voitures électriques sont capables de répondre aux besoins, qu’elles consomment 13 kWh/100 km ou 30 kWh/100 km. Les autonomies des différents modèles varient considérablement.
Il est également nécessaire de repenser notre utilisation de la voiture dans nos déplacements. Selon l’INSEE, encore aujourd’hui, 40% des salariés qui travaillent à moins d’1 km de leur domicile se rendent en voiture. L’électrification des véhicules n’est pas suffisante, il est important de considérer d’autres solutions, comme le vélo ou la marche, dans la mesure du possible.
Un malus pour les voitures électriques équipées de grosses batteries ?
L’ADEME ne prône pas encore l’instauration d’une taxe sur les véhicules trop lourds ou équipés de grosses batteries. Selon David Marchal, il est préférable de trouver des moyens d’encourager la réduction du poids des véhicules plutôt que de taxer en fonction de la batterie. Il est nécessaire de garantir un traitement équitable pour les grandes familles qui ont besoin de voitures spacieuses.
En revanche, l’ADEME a lancé le projet “eXtrême Défi” qui vise à soutenir le développement de véhicules 10 fois plus légers, 10 fois moins puissants, 10 fois moins chers et 10 fois moins impactants sur l’environnement. Ce projet sera présenté lors du Mondial de l’Auto, avec notamment La Bagnole comme exemple concret.
En conclusion, l’ADEME estime qu’une batterie de 60 kWh est rationnelle pour une voiture électrique en termes de prix, d’utilisation et d’impact environnemental. Cependant, il est important de prendre en compte les besoins spécifiques de chaque individu et d’adapter l’utilisation des voitures électriques à notre quotidien.