La voiture volante : un rêve encore lointain

Pourquoi la voiture volante n'est pas encore au coin de la rue ?

Rêve de l’homme depuis des décennies, la voiture volante est sur le point de faire ses premiers vols dans les années à venir. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, son arrivée sur nos routes n’est pas si simple. Entre la législation en vigueur et la complexité du pilotage, de nombreux obstacles se dressent sur son chemin.

Des défis législatifs à relever

La circulation des voitures volantes dans le ciel pose de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne leur cohabitation avec d’autres aéronefs tels que les avions, les hélicoptères, les drones, et autres appareils volants.

Aujourd’hui, il n’existe pas de loi spécifique régissant les véhicules du futur. Par conséquent, les personnes souhaitant les conduire devront se conformer aux mêmes règles que celles de l’aviation traditionnelle. Cela signifie notamment qu’elles devront décoller depuis un aérodrome et posséder une licence de pilote attestant de leur maîtrise du véhicule volant. Des contraintes qui pourraient décourager certains, mais qui ont été bien comprises par les constructeurs automobiles.

Dans un premier temps, ces constructeurs envisagent de commercialiser des taxis volants présentant deux avantages majeurs. Tout d’abord, ils pourraient décoller et atterrir verticalement, à l’instar des drones, ce qui éviterait de passer par un aérodrome. De plus, ces véhicules volants seraient autonomes, c’est-à-dire qu’il n’y aurait plus besoin de formation ni de licence pour les piloter.

Malgré ces atouts, les autorités publiques devront légiférer sur le sujet.

La nécessité d’établir de nouvelles règles

Avant toute commercialisation, que ce soit de taxis volants ou de véhicules destinés au grand public, il sera nécessaire de définir un code aérien permettant aux usagers des cieux de partager au mieux l’espace aérien. Quels engins auront la priorité ? Comment déterminer une vitesse maximale pour les voitures volantes ? Faut-il imposer des itinéraires aériens ou laisser aux véhicules le choix de leur trajet, à condition qu’ils respectent des distances de sécurité et qu’il n’y ait pas d’embouteillages ? Où pourra-t-on atterrir ? Et quelles seront les éventuelles normes de sécurité à respecter ?

Toutes ces questions demandent du temps, d’autant plus si les voitures volantes sont autorisées à circuler au-dessus des villes, ce qui n’est pas le cas des petits avions actuellement (bien que ce soit le souhait des constructeurs de taxis volants).

Où en est-on avec la voiture volante ?

Ces dernières années, de nombreux prototypes de voitures volantes ont été annoncés dans la presse et lors d’événements internationaux. Certains d’entre eux ont même réalisé leurs premiers vols, et la plupart des experts estiment que les premières voitures volantes seront disponibles entre 2022 et 2025. La société PAL-V prévoit même de lancer son modèle dès l’année prochaine.

Pour réaliser cet exploit, la société néerlandaise s’est conformée aux lois en vigueur actuellement, ce qui signifie que pour conduire leur véhicule aérien, les conducteurs devront être en possession d’une licence de pilote, d’une combinaison et avoir suivi plusieurs heures de formation. De plus, ils devront se rendre dans un aérodrome pour décoller. Ces difficultés, combinées à un prix élevé (540 000 € !), n’ont pas empêché une soixantaine de précommandes.

La Pal-V Liberty présente également l’avantage d’être un véhicule polyvalent. Elle peut voler jusqu’à 320 km/h et circuler sur des routes traditionnelles jusqu’à 160 km/h. Cette voiture essence peut passer du mode “avion” au mode “voiture” en seulement 10 minutes (l’hélice servant à la propulsion se rétracte alors sur le toit). Elle peut également accueillir un passager supplémentaire.

D’autres projets prometteurs voient également le jour. Parmi eux, la voiture volante de la start-up slovaque AeroMobil, qui peut également se conduire dans les airs et sur la terre ferme, à une vitesse maximale similaire. Son passage en mode “avion” est encore plus rapide, seulement 3 minutes. Et ce n’est qu’un des nombreux prototypes que la société compte développer.

L’industrie aéronautique n’est pas en reste. Le constructeur aéronautique Boeing s’est associé à Porsche pour conquérir le marché du transport aérien haut de gamme. Airbus, quant à lui, souhaite proposer un service de taxi volant de qualité avec son engin volant baptisé Vahana Alpha Two.

De nombreux autres projets verront le jour dans les années à venir, notamment ceux de la start-up japonaise Skydrive associée à Toyota, d’Uber associée à Hyundai, de Lilium avec sa voiture volante utilisant 12 rotors et 36 moteurs électriques, de Kitty Hawk menée par Larry Page, l’un des cofondateurs de Google, et de Vaylon, une start-up française fondée en 2010.

La voiture volante n’est peut-être pas prête à envahir nos rues, en raison notamment de la législation en vigueur, mais cela ne signifie pas que nous ne verrons pas les premiers véhicules autonomes volants dans quelques années. Certaines villes, telles que Dubaï et Singapour, ont déjà effectué des vols de test, et il ne fait aucun doute qu’il y en aura d’autres à venir.

Image : La Pal-V Liberty présentée lors du Salon Automobile de Bruxelles 2020.