L’Airpod : La voiture à air comprimé qui n’a jamais roulé

L’Airpod : La voiture à air comprimé qui n’a jamais roulé

Imaginez une voiture révolutionnaire qui pourrait changer le monde des transports. C’est l’Airpod, cette voiture à air comprimé imaginée par un ingénieur narbonnais. Depuis sa création il y a vingt ans, ce véhicule prometteur n’a jamais réussi à sortir des usines. Certains attribuent ce blocage à de puissants lobbies, tandis que d’autres pensent que le projet était tout simplement irréaliste. Malgré son utilisation prévue en milieu urbain, l’Airpod ne semble pas destiné à accompagner la disparition des véhicules thermiques dans nos villes.

Un accord en Inde

Présenté à la fin des années 90, le premier prototype de l’Airpod a suscité beaucoup d’enthousiasme. Avec son design futuriste, ce tricycle ressemblant à une voiture sans permis semblait prometteur. Propulsé par de l’air comprimé stocké dans son réservoir, ce véhicule avait l’avantage de ne pas polluer. Facile à utiliser grâce à un joystick, il pouvait transporter jusqu’à trois personnes selon les modèles. Les concepteurs promettaient une autonomie de 200 kilomètres, une vitesse maximale de 80 km/h et une recharge en moins de trois minutes pour moins de 4 euros. Malgré cela, aucun investisseur français n’a souhaité soutenir le projet. L’inventeur, Guy Nègre, prétendait être opprimé par les constructeurs automobiles et les compagnies pétrolières.

En 2007, les choses semblaient s’éclaircir pour Guy Nègre lorsqu’il a réussi à intéresser Tata Motors. Après dix-huit mois de négociations, ce constructeur automobile indien a acquis une licence d’exploitation valable uniquement sur le marché indien pour la somme de 20 millions d’euros.

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Cependant, alors que le développement d’une voiture fonctionnant à l’air comprimé se poursuivait en Inde, le PDG de Tata Motors, Karl Slym, a été retrouvé mort à Bangkok en janvier 2014, après une chute du 22e étage de son hôtel. La police thaïlandaise a retrouvé une lettre de suicide dans sa chambre, mais certains conspirationnistes pensent que sa disparition est liée à la sortie de la voiture, qui n’a jamais été commercialisée en Inde.

Des projets qui n’aboutissent pas

De son côté, Guy Nègre a poursuivi sa croisade en présentant son invention partout dans le monde. En 2012, près de 2000 commandes ont été passées en Europe, dont 10 à Grande-Synthe, dans le Nord de la France. Cependant, la mairie de Grande-Synthe a déclaré n’avoir jamais reçu les véhicules. Selon eux, il y avait un problème de licence. MDI, la société de Guy Nègre, a affirmé avoir commis une “erreur d’information” en acceptant ces commandes à l’époque. Ils ont déclaré que la production n’avait pas encore commencé et qu’ils n’étaient pas prêts. Malgré cela, MDI soutient que le véhicule a été homologué dès 2010 par le Luxembourg, ce qui signifie que l’homologation est valable pour tous les pays européens.

En 2013, un groupe d’entrepreneurs sardes a repris le projet et envisagé la construction d’une usine Airpod en Sardaigne, avec une production de 1000 unités par an. Cependant, des problèmes administratifs ont empêché l’ouverture de l’usine jusqu’à présent. MDI affirme que la production devrait enfin commencer en 2018 et que les employés ont déjà été formés pour leur futur métier.

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Depuis deux ans, la possibilité d’une production à Hawaii est également évoquée. Selon le Business Standard, le projet serait en cours grâce au groupe de distribution Zero Pollution Motors. Ils déclarent que les premières livraisons sont prévues pour la fin de l’année 2017 ou début 2018. Cependant, selon MDI, le projet est actuellement en pause.

Malgré ces obstacles, MDI a annoncé en avril dernier l’ouverture prochaine d’une usine Airpod en Éthiopie. L’entreprise affirme également travailler sur une deuxième version du véhicule.

Les doutes des spécialistes

Face à ces nombreux échecs, le projet a perdu beaucoup de sa crédibilité. Lors de notre enquête, plusieurs journalistes spécialisés dans les voitures propres nous ont avertis que le projet n’était pas viable et qu’il ne verrait probablement jamais le jour. Selon Laurent Masson, fondateur du site Moteur Nature, il s’agit tout simplement d’une “illusion”. Selon lui, construire un prototype qui ne respecte aucune norme est assez facile. Il pense que la voiture n’a jamais pu être commercialisée principalement parce qu’elle n’a jamais pu être homologuée comme “voiture” à part entière.

Le spécialiste automobile ne croit pas non plus à la promesse d’une autonomie de 200 km faite par MDI. Selon lui, il est impossible de placer dans une voiture des bonbonnes assez grandes pour contenir suffisamment d’air comprimé pour une telle distance.

Patrick Auger, ancien technicien d’expérimentation au centre de recherche EDF des Renardières, est également sceptique quant aux promesses de Guy Nègre. Il affirme qu’il faudrait une quantité énorme de bonbonnes ou un réservoir capable de résister à une très forte pression pour comprimer plus d’air dans un même contenant. Selon lui, l’Airpod ne pourrait parcourir qu’une cinquantaine de kilomètres maximum.

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Un autre problème soulevé par les deux spécialistes est la consommation énergétique de l’invention. Bien que l’Airpod ne consomme que de l’air en roulant, recharger ses bonbonnes d’air comprimé nécessite beaucoup d’électricité. Selon Laurent Masson, la voiture à air comprimé consomme davantage qu’une voiture électrique pour un rendement inférieur. Pour Patrick Auger, Tata s’est laissée convaincre par des démonstrations.

La défense de MDI

Le directeur de la communication de MDI réfute les doutes concernant le projet. Il affirme que Tata Motors a acheté la licence en toute connaissance de cause après dix ans de collaboration. Selon lui, les véhicules seront bel et bien commercialisés en Inde vers 2019-2020.

Quant aux doutes sur l’autonomie du véhicule, MDI affirme que l’Airpod peut rouler jusqu’à 120 kilomètres en utilisant uniquement l’air comprimé. Ils ont abaissé leurs promesses d’autonomie à 120 kilomètres au lieu de 200 pour ne pas faire de fausses déclarations. MDI affirme également qu’ils ont déjà conçu un réservoir capable de résister à une très forte pression et de contenir une grande quantité d’air comprimé. Selon MDI, leurs détracteurs sont des défenseurs de la voiture électrique qui ne souhaitent pas que leur projet voie le jour.