Il est 17 heures lorsque Anatole et Matis s’installent à la terrasse d’un bar de la place Sainte-Anne. Pour profiter de cette belle fin de journée ensoleillée, les deux amis commandent une pinte de bière fraîche. Mais ils ne sont pas les seuls. En ce mardi ensoleillé, la place la plus festive de Rennes est bondée d’étudiants prêts à faire la fête jusqu’au bout de la nuit, en s’offrant quelques pintes, shots et ballons de vin.
Pourtant, derrière cette ambiance festive, il ne faut pas oublier une réalité préoccupante. Selon une enquête menée par Santé publique France, 22 % des adultes dépassent les recommandations en matière de consommation d’alcool. En effet, la consommation excessive d’alcool est une réalité bien présente dans la société française. Les recommandations officielles fixent une limite de deux verres par jour, pas tous les jours, et pas plus de dix verres par semaine. Cependant, de nombreux Français ne parviennent pas à respecter ces recommandations.
La réalité de la consommation excessive
Matis, étudiant de 20 ans, fait partie de ceux qui dépassent ces limites. Il reconnaît ouvertement sa consommation excessive et avoue être à la limite de l’addiction. Il est conscient de l’impact de sa consommation sur sa santé, notamment sur sa mémoire. Cependant, il préfère profiter de l’instant présent et repousser les conséquences à plus tard.
Pourtant, les recommandations de consommation d’alcool ont été établies en 2017 pour fixer des limites acceptables pour la population. Guylaine Benech, consultante en santé publique, explique que l’alcool est toujours dangereux, quelle que soit la quantité consommée. Les recommandations ont été établies comme un risque socialement acceptable, mais au-delà de ces limites, les risques augmentent considérablement.
Les dangers de l’alcool sont bien connus
Dans son ouvrage “Les ados et l’alcool”, Guylaine Benech note que la connaissance des risques liés à la consommation d’alcool s’est améliorée ces dernières années. Des initiatives comme “dry january” ont contribué à sensibiliser les personnes à ces risques. La consommation excessive d’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France, contre 66 000 pour le tabac.
Sur la place Sainte-Anne, Anatole, Jeanne et Apolline sont conscients des dangers de l’alcool, mais ils fixent leurs propres limites. Ils préfèrent profiter des moments de fête en buvant raisonnablement. Anatole précise qu’il n’aime pas boire tous les jours, mais qu’il apprécie l’ivresse de temps en temps. Jeanne et Apolline témoignent également d’une conscience aiguë des effets de l’alcool sur la santé et adaptent leur consommation en conséquence.
Des comportements à risque plus fréquents chez les hommes
Selon un bulletin hebdomadaire de Santé publique France, les comportements à risque sont plus fréquents chez les garçons (33,5 %) que chez les filles (14,9 %). Cette différence se confirme lors de la rencontre avec Quentin, Alexandre et Enzo, lycéens de 17 ans. Quentin avoue boire beaucoup plus de dix verres en une soirée le week-end, généralement de la vodka coca ou des shots d’alcool fort. Cependant, il ne se soucie guère des recommandations en matière de consommation d’alcool. En revanche, il est plus prudent avec la cigarette, car il est conscient des risques pour sa santé.
Faut-il augmenter le prix de l’alcool en France ?
Face à ces consommations excessives, les professionnels de santé espèrent que l’État mettra en place un véritable plan de lutte contre la consommation d’alcool, à l’instar de ce qui a été fait pour le tabac. Ils demandent notamment une augmentation significative du prix de l’alcool, mesure qui s’est révélée efficace dans d’autres pays. En 2018, l’Écosse, connue pour son whisky et sa bière, a fixé un prix plancher de 50 centimes par unité d’alcool, ce qui aurait permis de réduire d’environ 150 décès par an.
Cependant, la question reste de savoir si la France est prête à prendre de telles mesures. En attendant, il est important de sensibiliser la population aux dangers de la consommation excessive d’alcool et de chercher des alternatives pour profiter des moments de fête sans mettre sa santé en péril.