L’Assistance Médicale à la Procréation (AMP), également connue sous le nom de Procréation Médicalement Assistée (PMA), consiste à manipuler les ovules et/ou les spermatozoïdes afin de favoriser la conception d’une grossesse. Elle permet de surmonter certaines difficultés à concevoir, sans nécessairement traiter la cause de l’infertilité. En France, en 2015, environ 3,1% des enfants sont nés grâce à l’AMP, soit un enfant sur 32. Les chercheurs travaillent à améliorer les techniques utilisées afin d’augmenter les chances de succès des grossesses.
Comprendre l’Assistance Médicale à la Procréation
Si les premières inséminations artificielles remontent au 19e siècle, le premier enfant conçu par fécondation in vitro en France est né en 1982. Depuis, les techniques d’AMP ne cessent de s’améliorer, avec une augmentation des taux de succès.
En France, les pratiques d’AMP sont réglementées par l’Agence de la Biomédecine, conformément à la loi de bioéthique. L’AMP est destinée aux couples en âge de procréer chez qui une infertilité a été diagnostiquée par un professionnel de santé. Le médecin peut détecter une cause d’infertilité ou constater l’absence de conception malgré des tentatives répétées sans contraception. Seuls les couples hétérosexuels sont actuellement autorisés à avoir recours à l’AMP en France, mais cela pourrait évoluer à l’avenir.
Différentes techniques d’AMP
Plusieurs techniques peuvent être proposées aux couples infertiles qui envisagent une AMP :
L’insémination artificielle
C’est la technique d’AMP la plus simple et la moins coûteuse. Elle consiste à recueillir et préparer le sperme du conjoint ou d’un donneur, puis à l’injecter directement dans l’utérus de la femme, de manière synchronisée avec l’ovulation. Cette méthode représente environ 37% des tentatives d’AMP en France.
La fécondation in vitro (FIV)
La FIV est une technique plus invasive qui consiste à provoquer la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde en laboratoire. Elle représente environ 63% des tentatives d’AMP. Les gamètes des deux conjoints sont généralement utilisés, mais il est également possible d’utiliser des gamètes de donneurs si nécessaire. Les embryons obtenus sont ensuite transférés dans l’utérus de la femme.
La FIV-ICSI (fécondation in vitro avec micro-injection)
La FIV-ICSI représente actuellement environ 67% des FIV réalisées. Cette technique implique l’injection directe d’un spermatozoïde dans l’ovule. Elle a résolu la plupart des problèmes d’infertilité masculine, car seulement quelques spermatozoïdes mobiles sont nécessaires pour obtenir des embryons.
L’accueil d’embryon
Les couples infertiles ou à risque de transmission de maladies génétiques peuvent recevoir un embryon congelé provenant d’un autre couple. Cette méthode est toutefois limitée par l’âge de la femme, car la plupart des centres refusent de procéder à cette démarche si la femme a plus de 42 ans.
Les enjeux de la recherche
La recherche dans le domaine de l’AMP vise à améliorer son efficacité. Plusieurs pistes sont explorées :
Mieux sélectionner les gamètes à féconder
La sélection des gamètes se fait en identifiant des marqueurs de qualité. Par exemple, l’IMSI (Intracytoplasmic Morphologically Selected sperm Injection) permet de sélectionner les spermatozoïdes à micro-injecter en fonction de leur morphologie observée à fort grossissement.
Une équipe de chercheurs de l’Inserm travaille également sur un marqueur qui permettrait d’augmenter les chances de succès de la FIV. Il s’agit de l’ADN libre, présent dans le liquide folliculaire des femmes. En analysant sa concentration associée à chaque ovocyte prélevé avant une Fécondation In Vitro, les chercheurs pourraient sélectionner les ovocytes les plus favorables et prédire les chances de succès de la FIV.
Mieux sélectionner les embryons et favoriser leur implantation
Actuellement, les embryons sont sélectionnés sur la base de critères morphologiques tels que l’homogénéité et la forme des cellules embryonnaires. Cependant, ces critères ne prédisent pas efficacement les chances d’implantation. Des tests génétiques ont été développés pour analyser le nombre de chromosomes portés par les embryons, afin de ne replacer que ceux génétiquement équilibrés.
L’éclosion assistée est une autre technique qui peut être utilisée pour améliorer les taux d’implantation. Elle consiste à ouvrir une brèche sur une partie de la zone pellucide des embryons immédiatement avant leur transfert, afin de favoriser leur implantation.
Mieux évaluer les cycles propices à l’implantation
Des recherches sont menées sur des cellules de l’endomètre pour identifier des marqueurs génétiques associés à une bonne implantation. Les chercheurs tentent également de déterminer les facteurs biologiques et environnementaux favorables à l’implantation de l’embryon.
Suivre le devenir des enfants issus de l’AMP
Des études de cohorte sont menées en France et à l’étranger pour suivre le devenir des enfants conçus grâce à l’AMP. Ces études visent à évaluer s’il existe des risques accrus de malformations ou de maladies chez ces enfants. Jusqu’à présent, aucune corrélation entre l’AMP et un sur-risque de maladies n’a été établie, bien que les chercheurs surveillent de près l’incidence de certaines maladies épigénétiques chez ces enfants.
La recherche dans le domaine de l’AMP est donc cruciale pour améliorer les techniques et les taux de succès, ainsi que pour garantir le bien-être des enfants conçus grâce à ces méthodes.
Pour aller plus loin
- Rapport médical et scientifique de l’assistance médicale à la procréation et de la génétique humaine en France 2016 – Agence de la biomédecine
- Assistance médicale à la procréation – Site dédié de l’Agence de la biomédecine
- Reproduction humaine et environnement – Dossier Santé publique France (Institut de veille sanitaire)
- La prise en charge de l’infertilité – Dossier de l’Assurance maladie
- Evaluation de la fécondation in vitro avec micromanipulation (Intracytoplasmic sperm injection [ICSI]) : indications, coût-efficacité et risques pour la descendance – Rapport de la Haute autorité de santé (mai 2007)
- Conséquences des traitements des cancers et préservation de la fertilité – Rapport de l’Institut national du Cancer et de l’Agence de la biomédecine (2012)