L’assurance automobile télématique est en passe de devenir un élément incontournable dans le domaine de l’assurance auto. Selon une étude récente du cabinet Deloitte, les offres basées sur la télématique, que ce soit via des capteurs installés directement dans les véhicules ou des applications sur smartphones, pourraient représenter jusqu’à 17 % du marché de l’assurance automobile en Europe d’ici 2020, soit une prime totale de plus de 15 milliards d’euros. Bien que l’assurance connectée soit encore à ses débuts, elle semble avoir un avenir prometteur.
Des pays pionniers
Pour l’instant, l’Italie est en tête du marché avec plus de 4,5 millions de polices d’assurance télématiques enregistrées à fin 2015, soit 15 % du marché local de l’assurance auto. Le Royaume-Uni suit également de près avec plus de 450 000 contrats. En revanche, tous les autres pays européens sont à la traîne. En France, par exemple, seuls Allianz et Direct Assurance ont pour l’instant osé se lancer dans le concept du “pay how you drive” en proposant des contrats offrant des réductions sur les primes en fonction du comportement au volant. Allianz compte déjà “plus de 16 000 contrats” pour sa solution de conduite connectée, ayant ainsi collecté plus de 61 millions de kilomètres parcourus. Pour sa part, Direct Assurance, qui ne communique pas le nombre de clients utilisant YouDrive, indique seulement que cette offre représente “18 millions de kilomètres pour 1,5 million de trajets”.
Une confiance envers les assureurs
Les résultats de l’étude réalisée par Deloitte, qui a interrogé plus de 15 000 consommateurs dans 11 pays européens, sont basés sur l’idée que les assureurs vont développer ce type de produits et reflètent également la volonté des clients de partager leurs données et de changer d’assureur. Une constatation frappante est que les consommateurs semblent accorder davantage leur confiance aux assureurs qu’aux constructeurs automobiles. Ils se montrent plus disposés à partager leurs données de conduite qu’à partager des informations provenant des médias sociaux. Selon Arthur Dutel, manager chez Deloitte, si le contrat est transparent et met clairement en avant les avantages que peut en retirer le client, alors celui-ci n’a pas d’hésitation à partager ses informations concernant le freinage, l’accélération, la tenue de route dans les virages et l’allure.
Un levier de fidélisation
La propension des consommateurs à changer d’assureur a également augmenté en Europe. Lorsqu’on leur demande de noter de 0 à 10 leur inclination à le faire, la moyenne est passée de 3,7 en 2015 à 4,5 en 2016. “Tout le monde n’est pas passé à l’acte, mais le désir est désormais palpable”, note Michel de La Bellière, associé industrie financière et co-responsable assurance EMEA chez Deloitte. Le prix reste un argument de vente majeur pour les polices télématiques, mais selon Deloitte, les assureurs auraient intérêt à aller au-delà du simple aspect tarifaire. Selon Michel de La Bellière, avec l’assurance auto connectée, les assureurs devraient pouvoir proposer une gamme de services plus étendue liée à la mobilité, ce qui représenterait un levier de fidélisation. Plus de la moitié des personnes interrogées dans l’étude se disent prêtes à partager leurs données pour bénéficier de services tels que l’assistance dépannage gratuite, l’assistance automatique en cas d’urgence ou des services gratuits pour leur véhicule en fonction d’un certain nombre de points obtenus grâce à une bonne conduite.
L’assurance automobile télématique a donc le potentiel d’améliorer l’expérience des conducteurs en proposant des services personnalisés et en utilisant leurs propres données. Il est clair que cette tendance est en plein essor et que les assureurs devront continuer à innover pour répondre aux attentes des consommateurs en matière de mobilité et de fidélisation.