À peine adoptée, la décision du Parlement européen de mettre fin à la vente de véhicules neufs à moteur thermique d’ici 2035 se retrouve déjà contestée. Ce projet de réglementation vise à réduire les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves à zéro en Europe à partir de cette date, ce qui signifie la fin des ventes de voitures neuves fonctionnant à l’essence, au diesel et même des hybrides en faveur des véhicules 100% électriques.
L’opposition italienne
Le gouvernement italien ne voit pas cette décision d’un bon œil. Matteo Salvini, ministre italien des Transports et chef du parti d’extrême droite la Ligue, a qualifié cette mesure de “folie” et de “bêtise absolue”, affirmant que cela nuirait aux emplois italiens. Les députés italiens appartenant à la coalition gouvernementale de droite et d’extrême droite dirigée par Giorgia Meloni ont voté contre le texte, tandis que ceux du centre et de la gauche l’ont soutenu. Salvini a lancé une question provocatrice : “Comment des députés européens italiens ont-ils pu voter pour une mesure qui détruit les emplois des travailleurs italiens et profite uniquement à la Chine ?”
Le premier pas vers un avenir climatique
Proposée par la Commission européenne en juillet 2021, cette réglementation avait déjà été approuvée en juin 2022 par les 27 États membres de l’UE, dont l’Italie. Cependant, l’arrivée du gouvernement Meloni en octobre 2022 a changé la donne. Après le vote des eurodéputés, il ne reste plus qu’à obtenir la validation formelle du Conseil européen pour que le texte entre en vigueur.
Ce vote marque le premier accord sur le paquet climat européen “Fit for 55”, qui vise à réduire d’au moins 55% d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de l’UE par rapport à 1990. Il consacre l’objectif de réduction des émissions de CO2 de 55% pour les nouvelles voitures et de 50% pour les nouvelles camionnettes d’ici 2030 par rapport à 2021.
L’industrie automobile prête au défi
L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) se montre favorable à cette décision, affirmant que l’industrie est prête à relever le défi de fournir des véhicules zéro émission. Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, déclare : “Tous les efforts de l’industrie automobile sont tournés vers une mobilité zéro émission. Il est essentiel que toutes les politiques et réglementations de l’UE soutiennent cet objectif.”
Les inquiétudes de l’Italie
Cependant, le gouvernement italien continue d’exprimer son opposition à cette mesure. Le ministre des Entreprises, Adolfo Urso, déplore le décalage entre les délais imposés par l’Europe et la réalité italienne, affirmant que cela représente un risque pour l’emploi dans le secteur automobile. Il souligne également le retard de l’Italie dans le développement des infrastructures de recharge électrique par rapport à d’autres pays européens, affirmant que le pays ne peut pas faire face à la réalité avec une vision idéologique et sectaire émanant des institutions européennes. Giorgia Meloni partage cette opinion et estime que la transition énergétique doit être progressive et ne pas désavantager les entreprises italiennes et européennes sur un marché mondial où les règles sont moins strictes.
Le marché européen en progression
Les ventes de voitures électriques ont atteint un nouveau record en Europe en 2022, représentant 12,1% des ventes de voitures neuves, contre 9,1% en 2021 et seulement 1,9% en 2019. Cependant, l’Italie est le seul pays européen à avoir enregistré une baisse des ventes de voitures électriques (-26,9%).
Ces chiffres témoignent de l’importance de la transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement. Bien que certains pays aient des réserves et des inquiétudes, il est indéniable que l’avenir de l’automobile en Europe est clairement électrique. Les décisions prises aujourd’hui ont un impact majeur sur notre environnement et la santé de notre planète.