Passée de rien à une curiosité puis à un constructeur mondial en seulement 10 ans, Tesla est un cas unique dans l’univers automobile. Automobile Propre retrace le parcours de la marque 100% électrique, portée par son dirigeant et gourou Elon Musk.
Créer une nouvelle marque automobile n’est pas facile, surtout dans une ère où beaucoup disparaissent et où d’innombrables start-ups meurent rapidement. Cependant, Tesla a accompli cela avec ambition d’être 100% électrique lorsque personne n’y croyait. De plus, la firme californienne a réussi à produire en masse et à bousculer les grands constructeurs. Voici les principales étapes de cette marque unique et ce qu’elle a apporté à l’automobile moderne.
2003, la fondation
Cette année-là, la voiture électrique est encore peu développée. Surtout, la dernière tentative d’envergure, la GM EV-1, a été arrêtée brusquement et sa flotte détruite par le groupe. Cependant, Martin Eberhard a une vision et trouve son partenaire Marc Tarpenning pour fonder Tesla en 2003. Après avoir investi la majorité de l’argent nécessaire, Elon Musk rejoint l’entreprise l’année suivante en tant que président.
2008, le Roadster attise la curiosité
Après des prototypes, la production en série de la Tesla Roadster débute avec le premier exemplaire livré en février 2008 à Elon Musk lui-même. Alors que la voiture électrique est associée à de petites voitures incapables de dépasser 50 km, Tesla change cette perception. La sportive est basée sur une Lotus Elise équipée de batteries maison, d’un moteur AC Propulsion et d’un châssis en fibre de carbone (réalisé en France).
Pesant 1 300 kg et développant 250 ch, la première Tesla peut parcourir jusqu’à 400 kilomètres par charge. De plus, ses performances sont incroyables, avec un 0-100 km/h en moins de 4 secondes et une vitesse de pointe de plus de 200 km/h. Malgré son prix dépassant les 100 000 $, des célébrités s’arrachent ce véhicule. La production du Roadster se termine en 2012, après la production de 2 680 exemplaires. Le flambeau est ensuite passé…
Juillet 2012, la rupture Model S
Révélée sous forme de prototype en 2009 puis dans sa version définitive en avril 2010, la Model S est concrétisée trois ans plus tard, avec la livraison du premier exemplaire le 31 juillet 2012. Grande berline électrique de luxe, la Model S devient rapidement un phénomène sur le marché automobile américain. Son design simple mais séduisant plaît, son intérieur se distingue avec son écran géant vertical de 17 pouces regroupant toutes les commandes. Son prix de base est de 57 400 $ (version 40 kWh). La berline propose également des performances exceptionnelles, avec sa version 85 kWh offrant 426 km d’autonomie et un 0-100 km/h réalisé en 4,5 secondes.
La Model S poursuit ensuite sa carrière en Europe en 2013, avec plusieurs versions successives. Des améliorations sont apportées, notamment avec des transmissions intégrales et des batteries atteignant 100 kWh, ce qui permet d’augmenter l’autonomie à plus de 610 km. Un restylage léger est réalisé en 2017 au niveau de la face avant. Dans l’ensemble, cette voiture permet à Tesla de passer de 674 unités produites en 2011 à 22 442 en 2013. En 2015, Tesla franchit le cap des 50 000 unités produites, soit une multiplication par 75 en quatre ans ! La Model S n’est pas seule, elle est accompagnée du dérivé Model X, qui la dépasse parfois en termes de ventes.
Septembre 2012, les Superchargeurs créent un réseau
Une voiture électrique sans bornes de recharge, c’est comme une voiture essence sans stations-service. Alors que la recharge se limite généralement au domicile ou aux rares points de recharge publics, Tesla fait le pari des bornes électriques ultra-rapides et lance son réseau “Supercharger”. Les six premières stations sont annoncées le 24 septembre 2012 dans le sud-ouest des États-Unis.
Avec une puissance de 90 kW au lancement, ces bornes permettent aux conducteurs de réaliser de longs trajets sans craindre la panne d’énergie. Bien qu’elles soient exclusivement réservées aux Tesla, elles restent la référence en 2019. Au total, 1 650 stations sont implantées dans le monde, dont 400 en Europe, soit près de 17 000 bornes. De plus, la puissance a évolué jusqu’à 250 kW maximum dans leur troisième version en début d’année.
2014, l’autonomie, un autre défi de Tesla
Après avoir relevé le défi de la voiture électrique, Tesla se lance dans celui de la voiture autonome. Elon Musk promet une Tesla 100% autonome dès 2016, mais il ralentit finalement ses ardeurs face à la complexité de la technologie. En attendant, l’Autopilot évolue régulièrement.
Malheureusement, plusieurs accidents mortels impliquant des véhicules Tesla équipés de l’Autopilot ont terni la réputation de la technologie. Le nom “Autopilot”, pouvant prêter à confusion, a conduit de nombreux conducteurs à détourner leur attention de la route. Ces fonctionnalités d’aide à la conduite, considérées aujourd’hui comme semi-autonomes et non totalement autonomes, restent cependant les plus performantes du marché.
2016, la Model 3 fait entrer Tesla dans la cour des grands
En avril 2016, Tesla dévoile tant attendue Model 3. Cette berline compacte, plus petite que la Model S, propose un design épuré et abouti. Elle est la première voiture de très grande série de Tesla et est capable de rivaliser avec les grands constructeurs. Lancée en 2017 aux États-Unis, elle réorganise entièrement la gamme. Fini les numérotations basées sur la capacité de la batterie, place aux versions “Standard Plus”, “Grande Autonomie” et “Performance”, avec une autonomie allant jusqu’à 560 km.
La production de la Model 3 a connu de nombreux retards et des problèmes récurrents, empêchant le constructeur d’atteindre son objectif de 10 000 voitures assemblées par semaine. La production débute finalement en septembre 2017 et monte en puissance l’année suivante. En 2018, Tesla progresse de 132%, passant de 103 181 à 239 202 véhicules produits. Sur le marché mondial, la Model 3 est rapidement devenue un succès, prenant la tête des ventes en Norvège en 2019 et devenant la voiture électrique la plus vendue au monde en 2018.
Début 2017, la Gigafactory et un succès historique
Avant 2017, Tesla était dépendant d’un fournisseur pour ses batteries, en l’occurrence Panasonic. Le 4 janvier 2017, l’inauguration de la Gigafactory, une usine capable de produire plus d’un GWh d’énergie, a tout changé. La marque d’Elon Musk maîtrise désormais sa production en partenariat avec le fabricant japonais, mais devient également son propre fournisseur. Les nouvelles cellules “2170”, ainsi que la production locale située dans le Nevada, ont été cruciales pour le succès de la Model 3.
Du point de vue financier, Tesla est devenu une force. Les grands constructeurs automobiles sont cotés en bourse, valant souvent plusieurs dizaines de milliards d’euros. Toyota occupe la première place avec une valorisation de 200 milliards d’euros. Malgré une production représentant une infime partie de celle de Toyota, la valeur totale de Tesla dépasse celle de Ford et GM en avril 2017. D’une valeur de plus de 50 milliards de dollars, la marque est devenue un acteur incontournable de l’industrie automobile. Depuis lors, l’action Tesla a connu des hauts et des bas, avant de remonter à 330 dollars début novembre 2019.
Novembre 2017, place aux camions !
Non content de s’attaquer au marché automobile de masse, Elon Musk pousse Tesla dans le domaine des poids lourds. Le “Tesla Semi”, un camion de classe 8 ou 35 tonnes selon les critères européens, promet une autonomie maximale de 800 km et intègre des composants censés durer un million de miles (1,6 million de km).
Des centaines de camions ont déjà été commandés par des entreprises de toutes tailles. Cependant, leur lancement a été retardé car la priorité est donnée au lancement du crossover Model Y, dont la sortie est prévue pour 2020.
2019, l’ère numérique et le robotaxi
Après l’Autopilot, la vraie voiture 100% autonome se profile à l’horizon. Le 23 avril 2019, Tesla organise une conférence de presse au cours de laquelle Elon Musk et son équipe annoncent que toutes les Model 3 produites sont potentiellement 100% autonomes. Concrètement, elles sont équipées du matériel nécessaire à la conduite autonome : caméras, radars, électronique.
Au cœur du système se trouve une puce maison appelée “FSD” (Full Self-Driving) qui revendique le titre de processeur le plus rapide au monde. Il reste encore à adapter le logiciel pour que la Model 3 puisse rouler “sans les mains” ou être utilisée comme “robotaxi” afin que les propriétaires puissent générer des revenus. Le déploiement officiel de ces fonctionnalités est prévu pour mi-2020.
2020, l’année du pick-up et du Roadster 2 ?
La gamme “S3XY”, tant désirée par Elon Musk, se concrétisera en 2020 avec le début de la production de la Model Y. Après ces quatre modèles, Tesla s’attaquera au segment émergent des pick-up électriques. Alors que le projet Rivian R1T a suscité l’intérêt avant d’être suivi par le Ford F-150, le concurrent californien sera dévoilé le 21 novembre 2019. On peut s’attendre à un design très futuriste, inspiré de l’univers de “Blade Runner”.
Après avoir été révélée en 2018, la deuxième génération de la Tesla Roadster, ou Tesla Roadster 2.0, s’annonce comme la voiture électrique de série la plus rapide au monde. Avec une accélération de 0 à 100 km/h en moins de 2 secondes et un couple pouvant atteindre 10 000 Nm, cette supercar électrique devrait arriver sur le marché en 2020. Cependant, elle reste la plus basse priorité du constructeur. En termes d’autonomie, elle devrait franchir une nouvelle barrière en permettant de parcourir jusqu’à 1 000 km avec une seule charge.
Le parcours de Tesla est une véritable success-story dans le monde de l’automobile électrique. En seulement 10 dates-clés, Tesla est passée d’une idée audacieuse à un constructeur automobile de renommée mondiale. Avec des avancées technologiques continuelles et une vision pour l’avenir, il sera passionnant de voir quelles seront les prochaines étapes de cette aventure électrique.