Le changement climatique : comprendre et agir

Le changement climatique

Le réchauffement climatique, les dérèglements climatiques, le changement climatique… Quelles différences ? On entend souvent ces termes, mais que signifient-ils réellement ?

Qu’est-ce que le réchauffement climatique ? Définition

Le réchauffement climatique est l’observation d’une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre sur de longues périodes. Il est également appelé changement climatique ou dérèglements climatiques, car il engendre d’importants changements dans les phénomènes climatiques. Nous constatons des canicules plus fréquentes et intenses, des perturbations du cycle de l’eau avec des précipitations violentes, mais aussi des sécheresses, des ouragans et des tempêtes plus nombreuses, et un déplacement des événements saisonniers. Il s’agit ici d’étudier et d’anticiper les variations de température à l’échelle mondiale et sur le long terme, plutôt que de prévoir la météo pour quelques jours ou une saison.

Les causes du réchauffement climatique : origine naturelle ou origine humaine (anthropique) ?

L’effet de serre, un phénomène naturel

Un tiers des rayons du soleil qui atteignent la Terre sont renvoyés sous forme de rayonnement infrarouge dans l’atmosphère. Les deux tiers restants sont absorbés par les océans et les sols. Certains gaz naturellement présents dans l’atmosphère, tels que l’ozone, la vapeur d’eau, le protoxyde d’azote, le méthane et le dioxyde de carbone, empêchent une partie de ce rayonnement de s’échapper dans l’espace et le renvoient vers la Terre, ce qui provoque un réchauffement. C’est ce qu’on appelle l’effet de serre. Ce phénomène naturel joue un rôle essentiel dans la régulation du climat et permet à la Terre de maintenir une température moyenne habitable de 15°C au lieu de -18°C.

L’augmentation des gaz à effet de serre due aux activités humaines

Cependant, l’homme a perturbé cet équilibre en émettant d’importantes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère depuis la révolution industrielle jusqu’à nos jours. Principalement du dioxyde de carbone (CO2) provenant de l’utilisation massive des énergies fossiles, telles que le pétrole, le charbon et le gaz, ainsi que du méthane provenant de l’agriculture intensive et des décharges. La déforestation joue également un rôle en réduisant la capacité des forêts à capter le CO2. Depuis 1850, le CO2 a augmenté de 40%. Sa concentration dans l’atmosphère est la plus élevée depuis au moins 2 millions d’années. Cette augmentation persiste pendant des centaines d’années. Le dioxyde de carbone d’origine humaine est la principale cause du réchauffement climatique, tandis que les émissions de méthane et de protoxyde d’azote, également de puissants gaz à effet de serre, augmentent dangereusement.

Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé la planète, les océans et les terres. Résumé pour décideur du 6e rapport d’évaluation du premier groupe de travail du GIEC.

L’augmentation de la température moyenne

En conséquence, la température moyenne à la surface de la planète augmente constamment. Elle a augmenté d’environ 1,1°C depuis la fin du 19e siècle, davantage sur les terres que sur les océans, et surtout aux pôles. À Paris, les températures ont augmenté de 2,3°C depuis le début de la révolution industrielle.

Selon le dernier rapport du GIEC, il est prévu que cette tendance se poursuive à court terme et que la barre des 1,5°C soit très probablement dépassée avant le milieu du siècle. D’ici 2100, le réchauffement dépendra des émissions futures. Le scénario à très faibles émissions testé par le GIEC limiterait le réchauffement à 1,4°C, tandis que dans un scénario très émetteur, il pourrait atteindre 4,4°C, voire dépasser largement les 5°C. Pour limiter les conséquences dramatiques pour l’humanité et la biosphère, il est urgent de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, en limitant notamment l’utilisation des énergies fossiles.

un automne caniculaire à Paris

Qu’est-ce que le GIEC ?

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est chargé d’évaluer et de synthétiser les nombreuses études sur le changement climatique publiées dans le monde. Régulièrement, le GIEC produit des rapports d’évaluation qui font le point sur les connaissances scientifiques en matière de changement climatique. Le dernier rapport a été publié en 2013-2014, avec la participation de milliers de scientifiques de 170 pays. Les rapports du GIEC alimentent les négociations internationales sur le climat.

Les conséquences du réchauffement climatique

À l’échelle planétaire, une hausse de la température moyenne de 1,1°C a des conséquences considérables à l’échelle locale, à la fois sur les équilibres écologiques et sur nos sociétés.

Dérèglements météorologiques

Depuis des décennies, les météorologues et les climatologues du monde entier observent les effets du réchauffement climatique sur les phénomènes météorologiques : canicules plus fréquentes et intenses, pluies intenses, sécheresses, cyclones tropicaux. La probabilité et l’intensité de ces phénomènes augmenteront à mesure que le climat se réchauffera.

Océans

Le réchauffement climatique entraîne une élévation du niveau des océans. Il augmente de 20 cm entre 1901 et 2019, et cette tendance devrait s’accélérer. Dans un scénario très émetteur, l’élévation pourrait atteindre entre 1 et 2 mètres. La fonte des glaces de l’Antarctique et le recul des glaciers en sont les principales causes. Cette élévation est irréversible et devrait se poursuivre pendant des siècles.

L’acidification des océans est également très préoccupante. L’absorption importante de CO2 par les océans les rend plus acides, ce qui soulève de graves préoccupations quant à la capacité d’adaptation des organismes vivants tels que les coraux, les coquillages et le plancton. Les océans sont pourtant les principaux puits de carbone.

Biodiversité

Le changement climatique impose de nouvelles conditions auxquelles de nombreuses espèces n’ont pas le temps de s’adapter. Cela se traduit par une augmentation des températures, une perturbation des événements saisonniers, une prolifération d’espèces invasives et une multiplication d’événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses, les feux de forêt et les cyclones. Ces bouleversements ont déjà entraîné des mortalités massives et les premières extinctions climatiques d’espèces, ainsi que la perte d’écosystèmes polaires, montagneux et équatoriaux. La biodiversité est d’autant plus menacée que le changement climatique s’ajoute à d’autres pressions d’origine humaine, telles que la destruction des habitats naturels, l’exploitation directe des espèces et la pollution des écosystèmes. L’équilibre des écosystèmes naturels, dont l’Homme dépend, est modifié et menacé. Chaque dixième de degré de réchauffement met de nouvelles espèces en danger, avec un risque élevé d’extinctions massives dès 1,5°C.

Les conséquences sur l’Homme

Environ la moitié de la population mondiale vit dans des contextes très vulnérables au changement climatique, selon le GIEC. Celui-ci affecte déjà les rendements agricoles et la pêche, et la sécurité alimentaire de millions de personnes est menacée par les événements climatiques extrêmes. Avec un réchauffement de 2°C, des centaines de millions de personnes pourraient se retrouver en situation de sous-nutrition. De plus, cela aggrave le risque de maladies telles que le chikungunya, la dengue, le paludisme, le choléra et les zoonoses. Les pénuries d’eau devraient également se multiplier. L’augmentation des vagues de chaleur accroît le risque de surmortalité, en particulier dans les villes soumises à l’effet d’îlot de chaleur urbain. En France, des étés caniculaires comme celui de 2003, qui avait entraîné la mort de 15 000 personnes, seront fréquents d’ici la fin du siècle. Sans oublier les effets sur la santé mentale causés par les bouleversements climatiques.

Le changement climatique a également des conséquences sur l’économie mondiale. Il perturbe déjà les équilibres sociaux, sanitaires et géopolitiques dans de nombreuses régions du monde, avec des effets particulièrement lourds pour les régions et les populations vulnérables. La raréfaction des ressources alimentaires et énergétiques fait peser le risque de nouveaux conflits. Les catastrophes climatiques ont déjà entraîné le déplacement interne de plus de 20 millions de personnes entre 2008 et 2020. Face à la multiplication de ces événements et à l’élévation du niveau de la mer, les réfugiés climatiques pourraient se compter en centaines de millions. Plus d’un milliard de personnes seront exposées à des dangers spécifiques sur les côtes d’ici 2050, selon le GIEC.

Quelles solutions face au changement climatique ?

Comment réagir face au changement climatique ? Quelles solutions envisager ? Deux stratégies complémentaires sont déjà en cours à l’échelle internationale et locale : atténuer le réchauffement climatique en limitant les émissions et adapter les territoires aux effets du changement climatique.

Stratégie d’atténuation

Au niveau international, les négociations entre les États aboutissent à des objectifs climatiques de plus en plus ambitieux. Les États se sont engagés lors de la COP21 et l’Accord de Paris à maintenir le réchauffement global bien en dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à moins de 1,5°C. Ces engagements ont été réitérés dans le pacte de Glasgow, issu de la COP26, qui a fixé des échéances concrètes pour y parvenir, dont la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, le GIEC critique l’écart entre les objectifs déclarés et les politiques réellement mises en œuvre, alors que les émissions de gaz à effet de serre sont actuellement à leur plus haut niveau historique.

Parmi les principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, on trouve l’énergie, les transports, l’agriculture, le bâtiment, etc. Des actions sont déjà entreprises pour réduire les émissions dans ces secteurs : développement des transports en commun, promotion du covoiturage et des véhicules électriques, rénovation énergétique des bâtiments, réduction et optimisation des déchets et de la consommation d’eau.

Les collectivités, les citoyens et de plus en plus d’entreprises cherchent à réduire leur impact sur l’environnement, économiser l’énergie et limiter les déchets.

Stratégie d’adaptation et de résilience

Cependant, le changement climatique est déjà une réalité qui a des conséquences concrètes partout dans le monde. Il est donc nécessaire de s’adapter. Cela passe par la protection des biens et des personnes, comme les plans canicule et inondation, la lutte contre la précarité énergétique, l’entretien et la préservation du patrimoine naturel, tels que les forêts, les dunes et les digues, ainsi que l’aménagement urbain avec des espaces verts et des points de rafraîchissement.

La lutte contre le réchauffement climatique en France

Depuis 2000, la France s’engage dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En 2019, avant la pandémie, les émissions étaient réduites de 20% par rapport à 1990, pour atteindre 435 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2eq). Cependant, l’empreinte carbone de la France, qui prend en compte les émissions associées aux importations, a augmenté de 5% entre 1995 et 2019, atteignant 660 Mt CO2eq, soit près de 10 tonnes par personne.

Les villes sont particulièrement touchées par le réchauffement climatique en raison de la densité des activités et des populations. Paris, par exemple, est à la fois victime du changement climatique et grande émettrice de CO2. Cependant, les villes sont également des fournisseurs de solutions concrètes et innovantes, notamment dans les domaines des transports, de la construction et de l’aménagement urbain. Dans cette stratégie d’atténuation et d’adaptation, les villes jouent donc un rôle moteur. Paris est d’ailleurs l’une des grandes capitales mondiales leaders en matière de lutte contre le changement climatique, avec son Plan Climat Énergie Territorial (PCET).

Les opportunités d’une société bas carbone

Comment atteindre une société “zéro” carbone ou neutre en carbone lorsque notre modèle de développement repose encore majoritairement sur les énergies fossiles ? Les solutions existent. Elles passent par la transition énergétique et concernent tous les secteurs de l’économie, de la production à la consommation. La lutte contre le réchauffement climatique représente une opportunité majeure, un gisement de développements et d’innovations tant sociétales qu’économiques.

Au niveau international, la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique contribuent à limiter les tensions et les conflits, et à tendre vers une justice sociale. De plus en plus de chercheurs démontrent que les dérèglements climatiques, tels que les sécheresses et les mauvaises récoltes, sont souvent des facteurs aggravants des conflits. À l’échelle locale, maîtriser les consommations énergétiques, notamment en isolant les logements, permet de réduire les dépenses des ménages et de lutter contre la précarité énergétique.

Enfin, le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) joue un rôle clé dans la transition énergétique et écologique.

La transition énergétique et la lutte contre le changement climatique doivent être compatibles avec le développement durable, c’est-à-dire socialement juste, économiquement viable et écologiquement sain.