Le cofondateur du Guide du routard Philippe Gloaguen : « Le dimanche, j’aime mes bonnes adresses en famille »

Le cofondateur du Guide du routard Philippe Gloaguen : « Le dimanche, j’aime mes bonnes adresses en famille »

Que de chemins parcourus depuis cinquante ans, quand l’étudiant à Sup de co Paris éclusait les bouis-bouis d’Istanbul et de New Delhi une poignée de francs en poche : sa collection publiée chez Hachette s’est écoulée à plus de 55 millions d’exemplaires, incontestable numéro un des ventes des ouvrages sur les voyages. Et dire que le jeune baroudeur avait essuyé 18 refus avant de trouver un éditeur pour ses recueils de bons plans.

Sommeil déréglé

Toujours à la tête de cette entreprise florissante, le directeur de 71 ans démarre son dimanche en lisant la presse, dont le JDD, en compagnie de son épouse, Bénédicte. Pas de grasse mat’ : il est réveillé tôt depuis ses années passées à l’hôpital quand, en 1989, il a été frappé par le syndrome de Poems, une maladie rare paralysante. « Mon sommeil a été déréglé et j’ai appris à dormir en deux fois, comme du temps de Montaigne où il fallait se lever au milieu de la nuit pour surveiller le bétail », raconte cet abonné au magazine Historia. Gloaguen se réveille ainsi à 2 heures puis il écrit jusqu’à 3 heures et demie, avant de se recoucher. Il rédige les encadrés qui relatent une anecdote cocasse liée à une destination, « celle que tu répètes à tes potes ». Et, justement, il envoie à ces heures indues des SMS à Jean-François Rial, patron de l’agence Voyageurs du monde, « [son] meilleur copain dans le tourisme, insomniaque comme [lui] ».

Une fois son chocolat chaud et son croissant avalés, Philippe Gloaguen accompagne sa femme au marché de la rue Daguerre (Paris 14e), cabas à la main. Ses deux fils les rejoignent parfois pour déjeuner sur une table près de l’étal à poissons de Daguerre Marée, « des langoustines fabuleuses servies sur une toile plastifiée ». Crustacés et fruits de mer figurent également au menu du déjeuner du dimanche à l’île de Ré, en ­Charente-Maritime, où l’auteur possède une maison. Là, sa bonne adresse est Le Bistrot du Marché de La Couarde-sur-Mer, où il retrouve pour l’apéro sa bande, « moitié Rétais, moitié résidents secondaires, tout ça se mélange bien ; si t’es sympa, t’es adopté ». Les rencontres font partie de ses valeurs fortes, pour lui comme pour le Routard : « Les monuments, c’est bien, mais les gens, c’est mieux. »

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Passion musées

Grand-père gâteau, Philippe Gloaguen s’occupe beaucoup de ses trois petites-filles, Manon, Aimée et Colombe. « Ce sont mes copines, on rigole bien. » Il les emmène se balader à vélo, à Ré comme à Paris, où en mars ils ont pédalé jusqu’au musée Carnavalet (3e) pour découvrir la façon dont l’établissement consacré à l’histoire de la capitale a été réaménagé. Car les musées demeurent sa passion. « Je les vois au moins cinq fois, comme pour un livre que tu relis pour mieux le saisir. J’y décèle à chaque fois des choses différentes. » Le musée de l’Homme (16e) a les faveurs de ce féru de néolithique. « Mon dernier éblouissement : la Vénus de Lespugue, statuette en ivoire, l’un des plus célèbres nus féminins de la préhistoire, dont les formes évoluent selon le côté d’où tu la regardes. »

Lorsqu’il est en déplacement le week-end pour la promotion d’un ouvrage, il en profite pour pousser la porte d’un lieu culturel. À Toulouse début avril pour la sortie du guide « Haute-Garonne », premier d’une nouvelle collection « Destination nature », il a visité l’hôtel particulier d’Assézat, du XVIe siècle, qui abrite des tableaux de Cranach l’Ancien et de Pierre Bonnard. Il en a oublié d’aller contempler la cathédrale, pourtant son autre marotte. « J’en vois au moins trois par mois. Celle d’Amiens est pour moi la plus belle de toutes ! »

Le globe-trotter passe aussi des dimanches hors des frontières. Cet été, il séjournera à Londres avec Bénédicte, curieux du nouvel accrochage du ­Victoria and Albert Museum. Comme un retour aux sources : son premier voyage de routard à l’étranger fut la ­Grande-Bretagne en auto-stop, à 16 ans. « Mon père, instit et directeur d’école à Meudon [Hauts-de-Seine], accepta, car c’était pour apprendre l’anglais. » Le goût de l’aventure ne l’a plus quitté, avec pour credo un mot qu’il a inventé, pas « ­dégonflard ». 

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