Le Conseil national de la refondation, qui devait représenter la “nouvelle méthode” de gouvernance promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle, est déjà boudé avant même son lancement à Marcoussis dans l’Essonne ce jeudi. Les partis d’opposition, syndicats et associations invités à y participer sont nombreux à boycotter cet événement. Alors, qu’est-ce que ce Conseil national de la refondation et pourquoi suscite-t-il autant de polémiques ?
Le CNR : Un dialogue renouvelé
Le Conseil national de la refondation a été annoncé par Emmanuel Macron début juin, après sa réélection et avant les législatives. Le Président, critiqué depuis 2017 pour sa pratique “verticale” du pouvoir, a promis une “nouvelle méthode” de gouvernance.
Le CNR se veut une forme de dialogue renouvelé regroupant partis politiques, associations, syndicats, partenaires sociaux et citoyens autour de plusieurs grands thèmes de réflexion. Son objectif est de bâtir, dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées, des consensus sur la situation du pays et de concevoir des solutions concrètes aux préoccupations de nos concitoyens, précise le chef de l’État dans la lettre d’invitation à son lancement.
Ce Conseil national de la refondation s’inspire du Conseil national de la résistance de la Seconde Guerre mondiale, qui coordonnait les mouvements de la Résistance. François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan, a été choisi pour être son secrétaire général.
Lancement du CNR au CNR de Marcoussis
Le CNR sera lancé au CNR de Marcoussis, le Centre national du rugby, un immense domaine de 20 hectares en Essonne, où s’entraîne l’équipe de France.
Ce jeudi, de 9h30 à 18h, une cinquantaine de participants représentatifs des forces vives de la Nation dans le social, l’économie, la politique, l’associatif, la santé et l’environnement seront réunis. On y trouvera notamment le patron de la CFDT Laurent Berger, celui du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, celui de la CPME François Asselin, la FNSEA, mais aussi des représentants des principales associations d’élus, des dirigeants d’ONG, comme la Fondation Abbé Pierre, des associations dans le domaine du handicap et une dizaine de ministres.
Les discussions, à huis clos, dureront toute la journée. Outre Emmanuel Macron, les participants écouteront également les interventions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, du premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et de la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré.
Dans l’après-midi, la Première ministre Elisabeth Borne pilotera une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée.
Les thèmes abordés
Présenté comme une “boîte à idées” par l’Élysée, le CNR portera sur cinq thèmes : plein emploi et industrialisation, école, santé, “bien vieillir” et transition écologique.
Le “défi de l’accès aux soins” sera au cœur des discussions. Emmanuel Macron a affirmé que les difficultés pour trouver un médecin sont inacceptables et qu’il souhaite trouver des accords pour rebâtir la continuité des soins.
Le calendrier après le lancement
Une fois le dialogue lancé, chaque ministre chargé d’un des thèmes devra poursuivre les réflexions en CNR thématiques, a indiqué l’Élysée. Les acteurs concernés seront conviés pour chaque thème. Le débat sera également étendu aux collectivités territoriales. L’Élysée souhaite des traductions concrètes dès 2023.
Le boycott et les critiques
Les partis d’opposition et la plupart des syndicats ont annoncé qu’ils n’assisteraient pas au lancement du CNR. Plusieurs raisons sont invoquées : le refus de vouloir contourner le Parlement, de participer à un “machin” inutile, mais aussi la référence au Conseil national de la résistance, vécue comme une usurpation. Les opposants reprochent également au chef de l’État de ne pas avoir pris en compte les demandes déjà exprimées par les citoyens lors du Grand débat et de la Convention citoyenne pour le climat.
Les partis d’opposition estiment que le débat démocratique doit se tenir au Parlement et dénoncent une confusion des rôles. Les syndicats, qui affirment également que l’exécutif n’a pas tenu compte de leurs positions dans les réformes de l’assurance chômage et des retraites, sont également échaudés. L’utilisation du sigle CNR est elle aussi critiquée, notamment par la CGT, qui y voit de l’usurpation sociale et historique.
Le gouvernement regrette l’absence des oppositions, affirmant que le dialogue est essentiel pour faire face aux défis considérables du pays. La porte reste ouverte à ceux qui souhaiteraient rejoindre le CNR après son lancement.