Malgré la fin du service Autolib à Paris, la France fait des progrès encourageants dans le déploiement des bornes de recharge pour véhicules électriques. En mai 2018, l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) a recensé 9 513 stations sur le territoire français, totalisant plus de 25 000 points de recharge accessibles au public.
Une bonne densité de bornes de recharge
Il est intéressant de noter que la France compte un point de recharge pour 5,7 véhicules, tandis que la Commission européenne recommande un point de recharge pour dix voitures. Cette densité de bornes de recharge est notamment visible en Île-de-France, qui compte plus de 1 300 stations, ainsi qu’en Gironde et dans le Finistère. Malgré cela, il existe encore des zones blanches, principalement dans le Centre et le Nord-est de la France.
L’implication des collectivités locales
Plus de la moitié des 25 000 points de recharge ont été déployés par les collectivités locales, organisées en syndicats intercommunaux et partiellement financées par un programme de soutien de l’Ademe. Selon Charles-Antoine Gautier, chef du département énergie de la Fédération Nationale des Collectivités Concé-dantes et Régies (FNCCR), les collectivités contribuent à corriger la vision très urbaine des entreprises privées, telles que le groupe Bolloré, qui se concentrent principalement sur les dispositifs d’autopartage. Il est important de donner la possibilité à ceux qui travaillent dans les centres urbains mais vivent en zone rurale de se déplacer de manière écologique.
Le retard des sociétés privées
Malgré quelques initiatives privées, telles que Sodetrel, une filiale d’EDF, qui a installé près de 200 bornes de recharge rapide le long des autoroutes, et le groupe Bolloré avec sa filiale Blue Solutions, ces initiatives restent insuffisantes selon Charles-Antoine Gautier. Normalement, les collectivités ne doivent installer des bornes de recharge que lorsque les initiatives privées font défaut. Pourtant, le groupe Bolloré, qui avait annoncé en 2014 l’installation de 16 000 bornes à l’échelle nationale d’ici 2019, est encore loin de tenir sa promesse. Ce retard peut s’expliquer par plusieurs raisons.
Le coût d’abord. L’installation d’une borne de recharge d’une puissance relativement basse, jusqu’à 22 kW, coûte en moyenne entre 10 000 et 12 000 €. Cela inclut le prix du raccordement au réseau électrique par Enedis, ainsi que le coût d’utilisation de la borne. Par conséquent, les sociétés privées hésitent à investir, car il est difficile de rentabiliser ces coûts en raison du prix de l’électricité.
De plus, il est encore difficile de trouver un modèle économique viable compte tenu du fait que 90 % des recharges s’effectuent à domicile ou sur le lieu de travail. Comme le souligne Matthieu Mefflet-Piperel, “la philosophie d’un véhicule électrique est inverse de celle d’une voiture thermique. On ne se déplace pas spécifiquement pour aller à une station-service, on recharge la voiture lorsque l’on s’arrête”.
En conclusion, bien que le déploiement des bornes de recharge pour véhicules électriques progresse lentement en France, des efforts sont faits par les collectivités locales pour améliorer la situation. Cependant, les sociétés privées doivent également s’impliquer davantage pour répondre à la demande croissante des conducteurs de véhicules électriques. Avec une meilleure collaboration entre les acteurs publics et privés, la France pourra continuer à favoriser la transition vers une mobilité plus propre et durable.