Le diabète : une question d’identité ?

Le diabète : une question d’identité ?

Il existe différents types de diabète : le type 1, le type 2, le gestationnel, le MODY, etc. Certaines personnes atteintes de diabète hésitent à révéler leur type lorsqu’elles se trouvent en public. Elles redoutent les étiquettes et les stéréotypes peu valorisants qui pourraient leur être associés. D’autres, au contraire, sont fières de mentionner leur type de diabète. Et si le diabète n’était pas seulement une question médicale, mais aussi une question d’identité ?

Le Diabète LAB a recueilli les témoignages d’Amélie, 65 ans, atteinte de diabète de type 1 depuis 33 ans, et de Bernard, 67 ans, atteint de diabète de type 2 depuis 28 ans. Chacun apporte un éclairage sur sa propre perception de la maladie et de la façon dont elle est perçue par les autres.

Une graduation de la gravité selon le traitement

Selon Amélie, c’est avant tout le traitement qui détermine si le diabète est considéré comme grave ou non. L’administration d’insuline, que ce soit par stylo ou par pompe, rend la maladie “plus visible” tant pour la personne diabétique que pour les autres. Il n’est pas toujours facile de la dissimuler.

Selon Amélie et Bernard, il semble exister une graduation dans l’esprit de nombreuses personnes, y compris des personnes atteintes de diabète elles-mêmes. Le diabète de type 1 est considéré en premier lieu, car il nécessite l’administration d’insuline. Le corps ne produisant plus d’insuline, cette dernière devient essentielle à la survie. Ensuite, le diabète de type 2 sous insuline offre encore l’espoir de ne plus avoir à s’injecter d’insuline. Enfin, le diabète de type 2 sous médicament est perçu comme moins grave, car le traitement oral est considéré comme moins contraignant que celui du diabète de type 1. “Pas de piqûre, donc les gens pensent que ce n’est pas grave”, précise Amélie. Cette perception collective alimente l’idée que le diabète de type 1 est plus grave que le diabète de type 2. Pourtant, il n’existe pas de diabète plus grave qu’un autre, car les deux types nécessitent une gestion rigoureuse pour éviter des conséquences dramatiques.

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Le type 1 perçu comme soudain, et le type 2 comme sournois

Amélie et Bernard soulignent que l’”entrée dans la maladie” n’est pas la même pour le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Le diabète de type 1 survient brutalement, comme une maladie qui “vous tombe dessus”. En revanche, le diabète de type 2 est plus insidieux, une maladie sournoise qui peut passer inaperçue pendant un certain temps. Lorsqu’une personne est diagnostiquée diabétique de type 2, elle ne réalise pas toujours immédiatement les actions à entreprendre pour améliorer sa condition et limiter les conséquences de la maladie. C’est pourquoi beaucoup affirment que les deux types de diabète sont différents. Cette perception alimente la création d’imaginaires autour d’un diabète “bon” et d’un diabète “mauvais”.

Le type 2 : le cliché du mauvais mangeur

Selon Amélie, les personnes atteintes de diabète de type 2 ne semblent pas malades aux yeux des autres. Lorsqu’elles déclarent leur maladie, elles ne sont que vaguement considérées comme malades. Prendre un comprimé ou adopter une alimentation saine ne sont pas perçus comme des signes de maladie par beaucoup de gens. De plus, Amélie a déjà entendu des commentaires stéréotypés sur le diabète de type 2 : “Si tu es diabétique, c’est que tu as trop mangé”, ou “Ce n’est pas étonnant que tu sois diabétique”. Le diabète de type 2 se réduit à ces conceptions peu valorisantes, voire culpabilisantes. Les représentations du diabète de type 1 et du diabète de type 2 se différencient ainsi et renforcent l’idée d’un diabète “bon” et “mauvais”.

On ne se parle qu’entre diabétiques du même type ?

Il est vrai que les préoccupations liées au diabète diffèrent selon que l’on soit sous insuline ou non. Cependant, Amélie et Bernard soulignent que les communautés liées au type de diabète existent, mais elles ne devraient pas. Au sein de l’association d’Amélie, tous se soutiennent mutuellement, quel que soit leur type de diabète. “Entre type 2 et type 1, tout le monde se respecte et écoute les autres”, explique-t-elle. Selon eux, il est important d’échanger ensemble, ne serait-ce que pour partager des conseils.

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Bernard conclut modestement en affirmant que “le type 1 et le type 2 sont différents dans la façon dont la maladie est vécue avec le traitement, mais au final, c’est toujours du diabète et c’est une maladie”. Ce qui compte, c’est que derrière la maladie, il y a une personne avec ses difficultés. L’important est de construire ensemble des réponses et de trouver des solutions qui permettent à chacun de mieux vivre avec son diabète. “On est tous dans le même bateau !”, ajoute Bernard.

L’édito du magazine Equilibre 324 rédigé par Gérard Raymond : Il n’y a pas un diabète “noble” et un diabète “indigne”