Le dilemme des stocks: entre efficacité et coûts

Le dilemme des stocks: entre efficacité et coûts

La gestion des stocks de pièces détachées est un véritable défi pour toute la chaîne d’approvisionnement. Que ce soit pour les grossistes, les distributeurs, les concessionnaires ou même les ateliers de réparation, l’analyse de la rotation des stocks est essentielle pour être aussi efficace que possible. En effet, l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre un taux de service élevé, assurant la disponibilité des pièces, et la réduction minimale des coûts de stockage.

Couvrir le parc et optimiser les coûts

La couverture du parc automobile est un critère clé pour les gestionnaires de stock. La valeur des pièces ne rentre pas nécessairement en compte. En fait, la règle des 20/80 constitue la base des stocks de pièces détachées automobiles. Cela signifie que 20 % des stocks génèrent 80 % du chiffre d’affaires. Cependant, cela ne signifie pas que le reste du stock est considéré comme mort ou dormant. Il est important de distinguer les pièces à rotation insuffisante, voire nulle, des pièces à rotation naturellement très faible, appelées “slow-movers”, qui sont généralement des pièces techniques.

“Nous considérons ces pièces comme mortes au bout de trois ou quatre ans”, estime Jean-François Niort, des établissements éponymes. “D’un point de vue comptable, on les considère comme dormantes à vingt-quatre mois et mortes après trente-six mois”, précise Stephan Passebois, fondateur de Stockopro. Les délais peuvent varier selon les acteurs, mais tous s’accordent à dire que cela ne concerne pas un type de pièces en particulier. Le stockage excessif peut être causé par divers facteurs tels qu’une erreur de diagnostic de l’approvisionneur, un mauvais conseil du fournisseur ou de l’équipementier, une obsolescence, une nouveauté sur le marché ou même un changement de conditionnement.

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L’ultime recours : éliminer le stock

Que deviennent alors ces stocks inutiles et coûteux ? Il existe plusieurs étapes pour compenser la perte. Dans un premier temps, les plates-formes nationales des constructeurs automobiles ou des grandes chaînes de distribution peuvent prendre en charge les stocks inutiles des plates-formes régionales. Les sites nationaux sont mieux placés pour écouler ces pièces, car elles peuvent avoir une certaine rotation dans d’autres régions. Si cela ne suffit pas, le vendeur peut alors se tourner vers l’équipementier.

Dans certains cas, les retours à l’envoyeur sont négociés avant la commande et sont courants sous certaines conditions tarifaires. “Si nous ne pouvons pas nous faire reprendre les stocks inutiles par les équipementiers, nous pouvons nous adresser à un soldeur. Ils les reprennent généralement pour un prix allant de 5 à 15 % de la valeur des pièces. C’est peu, mais c’est mieux que de se retrouver avec un stock sur les bras”, explique Jean-François Niort. En dernier recours, il est parfois plus rentable de se débarrasser du stock. “Cela arrive rarement, mais parfois cela coûte moins cher”, justifie Laurent Gontharet, directeur de la supply chain d’Autodistribution.

Une plateforme pour les stocks inutiles

C’est avant cette dernière étape que de nouveaux acteurs interviennent sur le marché français. Des entreprises créent des marketplaces pour permettre aux professionnels de mettre en ligne leurs stocks inutiles ou dormants afin de les écouler.

“Un grand nombre d’acteurs ne réalisent même pas qu’ils disposent de stocks inutiles. Parfois, ils s’en rendent compte par hasard”, assure Stephan Passebois. Et d’ajouter : “À l’origine, nous avons créé Stockopro en janvier 2016 pour mettre en relation les ateliers de réparation. Mais nous avons rapidement été contactés par les “gros” distributeurs. Notre clientèle la plus importante est composée d’OEM, mais nous séduisons de plus en plus l’IAM”.

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Sous forme d’annonces en ligne, les vendeurs peuvent proposer leurs stocks inutiles moyennant un abonnement annuel de 1200 euros. Ces plateformes de gestion en ligne sont plus courantes dans d’autres pays européens (notamment aux Pays-Bas) et permettent de faciliter les échanges avec l’étranger afin de réduire les coûts liés aux stocks inutiles ou dormants.