Le flux libre instinctif : libérez-vous des protections menstruelles

Le flux libre instinctif : c’est quoi et comment le pratiquer?

Tiens-toi bien pour la nouvelle que je suis sur le point de t’annoncer. Le genre de nouvelle qui va probablement révolutionner ta vie (au moins une fois par mois).

On est toutes capables de gérer notre flux menstruel pour l’évacuer aux toilettes. Oui, oui, tu as bien lu! Il suffit d’apprendre à connaître nos corps et nos cycles.

Quand j’ai appris cette information, je me suis dit « okay mais pourquoi personne ne nous a jamais dit ça avant?!? ». Patriarcat, tabous menstruels, etc… On connaît l’histoire. Ce qu’on ne connaît pas, par contre, c’est cette méthode qui se nomme le flux libre instinctif.

C’est quoi, le flux libre instinctif?

Le flux libre instinctif (FLI), c’est un moyen de gérer ses menstruations de manière consciente et volontaire en libérant le sang aux toilettes.

Tout comme on est capables de savoir quand notre vessie est remplie et à quel moment aller uriner, on a aussi cette capacité d’acquérir la continence menstruelle. Il suffit de se reconnecter avec les sensations de notre corps pour déterminer à quel moment on doit se rendre aux toilettes pour libérer le sang.

Le FLI, c’est une rééducation. C’est une manière de reprendre de l’autonomie sur nos corps.

Ce que le flux libre instinctif n’est PAS

Plusieurs fausses croyances entourent le FLI. C’est normal, on en parle si peu!

C’est important de savoir que le FLI, ce n’est PAS une manière de contrôler le sang en retenant le flux par la force du périnée. On ne retient pas le sang à l’intérieur de nous, on l’élimine au bon moment.

Le FLI repose plutôt sur un apprentissage sensoriel, psychomoteur et intuitif. ✨

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Un pouvoir inné dont on ne parle pas

C’est à se demander ; pourquoi on nous a coupées d’un truc hyper simple qui nous permet un plus grand confort menstruel?

Le patriarcat, bien évidemment

C’est pas que notre corps est dysfonctionnel, c’est qu’on nous a fait croire qu’il l’était. On est conditionnées à se croire insuffisantes, à être surmédicalisées, à devoir dépendre de l’extérieur.

Dans nos sociétés bien patriarcalisées, on nous apprend qu’être une femme est davantage un handicap qu’un super-pouvoir. On en vient rapidement à subir nos cycles plutôt qu’à les honorer. On est mises sur la pilule contraceptive sans trop se poser de questions et hop! On ne comprend pas vraiment comment nos corps fonctionnent. Sans parler de toute la honte et les tabous qui entourent les menstruations, qui nous poussent à les invisibiliser.

Un schéma menstruel intériorisé

Imaginez une société où Pampers a le monopole depuis très longtemps. Et ainsi, on n’apprend plus aux enfants à aller aux toilettes! C’est ce qui s’est passé avec les menstruations.

Dans les sociétés où il n’y a pas de couches ou qu’elles sont très dispendieuses, les enfants apprennent à être continents très jeunes. En Occident, c’est de plus en plus tardivement. On a décalé l’âge de la continence parce qu’on a démocratisé le port des couches.

Chez les personnes menstruées, on a démocratisé le port de protections menstruelles de la ménarche à la ménopause. Il n’y a pas d’éducation menstruelle. On ne t’explique pas la physiologie de tes menstruations. Dès nos premières lunes, on intériorise qu’avoir nos menstruations, c’est changer de serviettes toutes les 3h. Voilà, c’est tout!

C’est un schéma très dur à déconstruire, parce qu’on ne le voit même pas! Comment faire pour sortir de cette vision, si on ne sait pas qu’il y a autre chose? C’est pour ça que je vous le dis haut et fort : IL Y A AUTRE CHOSE.

First things first: comment fonctionnent nos menstruations?

Okay, petit cours de menstruations 101. Parce qu’on ne peut pas comprendre la méthode du FLI sans revenir aux bases.

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Bref rappel : la couche intérieure de notre utérus (endomètre) s’épaissit à chaque cycle dans l’éventualité d’accueillir un embryon. En l’absence de fécondation, l’endomètre s’évacue : ce sont les menstruations.

Cet endomètre ne se libère pas d’un coup, il se détache en 3 à 7 jours. Il va se libérer grâce aux contractions de l’utérus. Entre chaque contraction, il y a une phase de repos.

Là, je vous entends déjà dire : « Ha mais si j’ai une contraction, je dois courir aux toilettes pour fluer! ». Et non! Entre le moment où il y a une contraction et le moment où le sang est extériorisé, il peut s’écouler entre 30 minutes et une heure. Il n’y a pas d’urgence.

Pourquoi le sang prend du temps à descendre de l’utérus à la vulve?

  • Le sang coule par phases : surprise surprise, le sang ne coule pas en continu comme un robinet ouvert.
  • Le sang chill à l’entrée du col : dans un premier temps, le sang est logé dans des petites poches à l’entrée du col de l’utérus qui s’appellent les « fornix vaginaux ». Il ne descend donc pas directement au vagin.
  • Le sang est retenu naturellement par la forme du vagin : on a l’habitude d’imaginer le vagin comme un toboggan vide et lisse. Le vagin est plutôt constitué de deux parois souples, collées l’une contre l’autre, entre lesquelles le sang doit se frayer un chemin.
  • Le sang est aussi ralenti par les replis vaginaux : ce sont comme les dos d’âne de notre vagin qui empêchent le sang de couler à toute vitesse.
  • L’inclinaison de notre utérus ralentit la descente du sang.
  • La texture du sang n’est pas liquide : contrairement à l’urine qui coule comme de l’eau, le sang menstruel est épais et visqueux et coule donc plus lentement.

Tous ces éléments physiologiques nous indiquent qu’on est créées de sorte à maîtriser notre flux.

Le flux libre instinctif : c’est quoi et comment le pratiquer?

Comment pratiquer le flux libre instinctif?

Étape 1 : Déconstruire les croyances erronées

Pour se lancer dans la pratique, il est essentiel de (ré)apprendre à accueillir nos menstruations avec plus de douceur. Si tu as une vision de ton sang qui est sale et impur, tu peux essayer d’intégrer ces idées positives :

  • Mon sang menstruel est un liquide riche et précieux
  • Mes menstruations créent la vie
  • Je peux me connecter à mon cycle menstruel au lieu de le subir.
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Dans la même lancée, si tu entretiens des préjugés face au FLI, c’est aussi le moment de les déconstruire. Prends ces croyances une à une, accueille-les et comprends que ce ne sont pas des vérités.

Étape 2 : Apprendre à reconnaître ses sensations

Qu’est-ce que tu sens quand ton utérus se contracte? Ces indices peuvent être :

  • Une crampe
  • Une lourdeur dans le bas du dos
  • Une tension dans le bas du ventre
  • Une sensation d’inconfort

Quand on ressent ces symptômes, on sait qu’une partie de notre endomètre commence sa descente, et on a plus ou moins 30 minutes pour aller aux toilettes.

Étape 3 : Repérer le bon moment pour aller fluer

Ce moment peut soit être :

  • Suite à une contraction
  • Intuitivement
  • Par automatisme à des moments clés. Par exemple, après une position prolongée.

Étape 4 : Savoir évacuer le sang

  • La position favorable : mets tes pieds un peu en hauteur de sorte à ce que tes genoux soient au-dessus de ton bassin.
  • La respiration : on n’exerce pas de pression, on expire.
  • Le temps : laisser 10-15 secondes de plus au sang qu’à l’urine pour descendre.

Quelques clés pour cheminer dans ton apprentissage

  • Choisis ta protection menstruelle avec conscience.
  • Commence avec des culottes menstruelles pour être zen.
  • Accepte la phase d’apprentissage.
  • Ne te mets pas de pression.
  • Note ce que tu vis et ressens durant tes menstruations.
  • Vas-y à ton rythme.
  • Accueille tes peurs et souviens-toi qu’elles ne te définissent pas.
  • Fais-toi confiance.

Le FLI n’est pas une technique unique, c’est un ensemble d’informations qu’on apprend à recevoir qui font qu’au bout d’un moment, on se connaît mieux. Plus on est nombreuses à le pratiquer, plus c’est facile d’y accéder.

Mélissa Carlier est kinésithérapeute spécialisée en rééducation du périnée, formatrice et conférencière en flux libre instinctif et symptothermie moderne. Elle a fait du flux libre instinctif le cœur de ses recherches et démocratise le terme de « continence menstruelle », portée par la conviction qu’il s’agit là d’une révolution importante dans l’intimité des personnes avec utérus.