Le sport et la politique sont indissociables. Le football est sans doute la meilleure preuve de cette relation. Surtout lorsqu’il s’agit de la Coupe du Monde organisée au Qatar. Même si le mot boycott a disparu des débats et des discours, emporté par l’excitation des matchs, la ferveur des supporters et l’importance de l’événement, le Mondial n’est en aucun cas devenu un tournoi détaché de tout enjeu symbolique et historique qui accompagne toujours une confrontation entre nations.
Les symboles et l’importance de l’histoire
Un exemple frappant est la demi-finale légendaire entre la France et l’Allemagne en 1982. Malgré elle, cette rencontre portait les cicatrices de la guerre. Un match convoque le passé et ravive les tensions. Il a fallu du temps pour que les matchs entre la France et l’Angleterre s’éloignent des champs de bataille napoléoniennes.
Aujourd’hui, nous assistons à un France-Maroc bien plus relevé qu’anodin, surtout lorsque l’on se rappelle le souvenir d’un protectorat et que le thème de l’immigration s’invite dans le débat.
Des confrontations qui réveillent les blessures
Lors d’une émission télévisée lundi soir, une franco-marocaine évoquait un match entre le pays de ses ancêtres et celui de ses enfants. Une formule charmante, même si les enfants ont parfois tendance à marquer contre leur propre camp. Cela nous rappelle ce qui s’est passé en 2001, lors d’un match amical entre la France et l’Algérie. Ce match était censé rapprocher les deux peuples, mais il a été interrompu à la 76e minute après l’invasion du terrain au Stade de France. Un véritable cauchemar.
Depuis lors, la situation est restée tendue. Certains matchs font ressurgir les tensions passées, comme c’est encore le cas pour la France et l’Algérie. Les deux pays sont liés, même si la réduction des visas accordés par la France au Maroc a récemment tendu les postures et l’atmosphère.
La crainte des débordements
Les politiciens et les forces de l’ordre redoutent les débordements. On sait que les casseurs professionnels et les individus irresponsables ne manqueront pas l’occasion de semer le chaos. Avec eux, il n’y a jamais de bonnes surprises. Le pire serait qu’ils soient rejoints dans leur folie par des partisans de la coexistence pacifique.
Etre tiraillé entre deux pays, deux identités et deux cultures est possible. L’écrivaine Leïla Slimani l’a rappelé récemment dans une interview pour le journal L’Equipe. C’est simplement une question d’équilibre. “Quoi qu’il arrive, j’aurai gagné”, affirme-t-elle.
Mais si le résultat du match est politique, le score l’est-il également ? C’est une question qui mérite réflexion.