Les constructeurs et fabricants de batteries en France bénéficient largement du soutien de l’État. Bien que cela ait été jugé nécessaire au départ, nous commençons à penser que cela devient excessif.
Le cinéma français ne peut pas se passer de subventions, comme beaucoup de choses en France. Et il en va de même pour l’industrie automobile, surtout lorsqu’il s’agit de voitures électriques.
Un exemple récent publié par Les Echos est la relocalisation de la Peugeot e-208 de Slovaquie en Espagne, où sa cousine, l’Opel Corsa, est déjà assemblée. Cependant, le gouvernement français négocie actuellement pour ramener la production en France. Selon les informations, Stellantis pourrait accepter cette demande si l’État français contribue financièrement, car le groupe estime que la France n’est pas aussi compétitive pour l’assemblage des petites voitures.
Il semble que le gouvernement veuille réindustrialiser le pays en misant sur la voiture électrique. Il est donc prêt à signer des chèques avec facilité. L’argent public a déjà afflué pour soutenir les projets de gigafactory de batteries électriques. Par exemple, ProLogium, une entreprise taïwanaise, a choisi la France pour sa première usine européenne, représentant un investissement de plus de cinq milliards d’euros. Toutefois, la France a versé plus d’un milliard d’euros de subventions. Stellantis n’est pas en reste non plus, car le groupe vient d’inaugurer sa première gigafactory de batteries ACC dans le Pas-de-Calais, bénéficiant de subventions françaises de 800 millions d’euros.
Nous pouvons saluer le succès de l’exécutif dans la création d’une véritable “Silicon Valley” de la batterie en France en seulement quelques années. Cependant, cet exploit a nécessité des milliards d’euros d’argent public. Il est clair que les incitations financières sont nécessaires, car tous les pays rivalisent pour attirer les projets industriels en offrant des subventions attractives.
En fin de compte, ces subventions sont souvent utilisées pour sauver des emplois plutôt que d’en créer de nouveaux. Malheureusement, ces projets de gigafactory finissent par remplacer d’autres industries automobiles françaises. Par exemple, le projet ACC dans le nord a pris la place de l’usine de la Française de mécanique. Il reste donc à voir si le coût élevé de ces subventions publiques en vaut vraiment la peine. Est-ce un échange gagnant-gagnant ?
Il est également légitime de se demander si nos constructeurs automobiles ne sont pas trop gourmands en subventions. Même si celles-ci sont censées compenser leur manque de compétitivité par rapport à des pays moins regardants sur les conditions de travail et moins généreux en termes de salaires. Bien sûr, il est essentiel d’aider les marques à faire face à cette transition technologique coûteuse.
De plus, les automobilistes ont également besoin d’aide face au coût élevé des voitures électriques, principalement en raison de leurs batteries coûteuses. Malheureusement, les prix des voitures électriques continuent d’augmenter au fil des années, loin de la démocratisation progressive promise. Heureusement, Renault a trouvé une astuce en affichant désormais directement les tarifs des voitures électriques avec déjà inclus le bonus écologique sur son site web.
Cela soulève la question du généreux cadeau de l’État en faveur des voitures électriques, qui deviennent de plus en plus onéreuses. Selon Le Monde, les Zoé et e-208 ont bénéficié de 212 millions d’euros de bonus en 2020, soit de l’argent public. On peut se demander si ce bonus ne fait pas grimper le prix réel des voitures de 5 000 €, comme cela s’est déjà produit avec de nombreux secteurs lors de la mise en place d’aides de l’État, comme à l’époque des crédits relatifs au photovoltaïque. On peut déjà prédire que les prix baisseront au fur et à mesure que le bonus disparaîtra.
Avec les bonus, les primes à la casse, les aides aux usines et les aides pour le développement du réseau de bornes de recharge, l’électrification du marché automobile commence à avoir un coût élevé pour les contribuables français. Il est peut-être temps de s’interroger sur le fait que ces aides à la compétitivité et à l’achat ne sont-elles pas devenues des aides à la rentabilité pour les voitures électriques ? Même Stellantis, qui a annoncé un bénéfice de plus de 16 milliards d’euros en 2022, demande des aides pour ramener l’e-208 dans son pays d’origine, alors que cette voiture est déjà fabriquée en Europe de l’Est et que les prix sont similaires à ceux de la Zoé, fabriquée en France.
Il est évident que la France mise sur la voiture électrique pour son avenir industriel. Cependant, il est important de trouver un juste équilibre entre le soutien de l’État et la rentabilité de ces projets.