Des camions électriques, de différentes couleurs et destinés à des usages variés, attendent sagement d’être livrés sur le parking de l’usine Renault Trucks de Blainville-sur-Orne, près de Caen. Frédéric Vallet, président de DB Schenker, le plus grand groupe de logistique allemand en France, est venu chercher des camions spéciaux, dont l’avant de la cabine est marqué d’une bande bleu roi avec le sigle E-Tech. En tout, 53 camions électriques ont été commandés, dont 50 de 16 tonnes et 3 de 19 tonnes, en plus des 13 petits camions de 7,5 tonnes déjà en possession de l’entreprise. Au final, 6% de la flotte de DB Schenker sera composée de véhicules sans émissions polluantes.
Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France, une filiale du constructeur suédois de camions Volvo, montre fièrement le site à Frédéric Vallet. Cette usine, qui emploie 2 900 personnes, est le principal employeur privé du département. Elle produit des cabines Renault ou Volvo Trucks et en fournit également à DAF.
Chaque jour, 110 camions sortent de l’usine, explique David Brasseur, pendant la visite des deux lignes de production ultra-robotisées de ce site autrefois connu sous le nom de Saviem. Les modèles électriques sont expédiés dans toute l’Europe. Bien qu’ils représentent encore une minorité, plus de 1 000 camions électriques ont été produits en 2022. Pour M. Martin, ils constituent l’avenir du site, voire du groupe. L’usine de Bourg-en-Bresse, spécialisée dans les gros camions, livrera également son premier camion de 44 tonnes électrique d’ici la fin de 2023. Le groupe travaille également sur la technologie de l’hydrogène.
L’électrique a encore du chemin à faire
L’électrification ne représente encore que 1 % du marché des camions, mais elle est à l’origine de 3 % à 4 % des commandes de Renault Trucks. En 2022, seulement 166 camions électriques ont été vendus sur un total de 44 000 véhicules. Au Royaume-Uni et en Allemagne, ce chiffre est supérieur à 800, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles. D’après une étude du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, publiée en juin, le parc européen devrait compter plus de 200 000 poids lourds électriques d’ici 2030, si le secteur veut réduire ses émissions de CO2 de 30 % d’ici là.
Malgré les progrès réalisés, de nombreux obstacles persistent. En plus du développement des infrastructures de recharge, pour lequel l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont en tête, le prix reste un frein majeur. Un camion électrique coûte environ 300 000 euros, soit trois fois plus qu’un modèle diesel. De plus, l’autonomie reste limitée malgré les batteries volumineuses de 94 kilowatts. Un camion électrique ne peut parcourir que 300 kilomètres avec une seule charge.
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