Le juteux business des conventions de stage fictives à 500 euros

Le juteux business des conventions de stage fictives à 500 euros

Une pratique douteuse exploitant le manque d’intérêt de l’État

L’enquête révèle que des établissements privés proposent aux étudiants et jeunes diplômés des conventions de stage moyennant quelques centaines d’euros. Cette pratique, qui se situe aux limites de la légalité, profite de l’indifférence de l’État à ce sujet.

Agathe, une étudiante de 25 ans à l’université de Nanterre, raconte : « C’était une occasion pour moi d’acquérir une véritable expérience ! » Comme beaucoup d’autres étudiants en fin de cursus, elle avait choisi un stage afin d’enrichir son CV. Cependant, l’université refusait de lui délivrer une convention. Agathe explique : « L’administration veillait à détecter les inscriptions fictives [pour les étudiants qui se réinscrivent uniquement pour obtenir une convention de stage]. J’avais déjà effectué un stage et mon responsable de master me mettait la pression pour rattraper tous les cours que je manquais. » Dans le but de décrocher un stage dans le domaine de la production, elle s’est donc tournée vers Internet.

Des conventions contre rémunération

Deux organismes dominent aujourd’hui ce marché lucratif, offrant la possibilité d’obtenir une convention en seulement 48 heures moyennant 430 à 500 euros : BeStudentAgain et la Paris Executive Business School (Pebs). Ces deux établissements permettent aux étudiants de travailler pendant six mois et de toucher une gratification mensuelle de stagiaire (554,40 euros en 2016 pour 154 heures de travail par mois). Un troisième organisme, Fac for Pro, propose quant à lui des formations intégrant un stage.

Cependant, selon la loi du 10 juillet 2014, « seuls les étudiants régulièrement inscrits dans un cursus de formation dont le volume pédagogique d’enseignement est d’au moins 200 heures par année d’enseignement peuvent bénéficier d’une convention de stage ». Thomas, un jeune banquier en reconversion professionnelle, passé par la Pebs pour réaliser un stage en journalisme, témoigne : « L’organisme met à notre disposition une plateforme d’e-learning, mais il n’y a aucune obligation de se connecter ni de suivre des cours en présentiel ». Face à la loi, chacun trouve sa parade. La Pebs se base sur son statut d’« organisme privé d’enseignement à distance, habilité par le rectorat de Paris ». Cependant, le rectorat précise que bien qu’une déclaration doive être remplie, cela ne constitue pas une habilitation. La directrice de la Pebs, Maria Pouloudi, a refusé de répondre à nos questions.

De son côté, BeStudentAgain se défend en affirmant qu’il ne s’agit pas d’un « établissement d’éducation mais d’une plateforme d’inscription ». Daniel Pros, responsable des relations étudiantes du site, explique : « En passant par notre site, les utilisateurs s’inscrivent à un programme de Master II de 2 ans (incluant un stage obligatoire) proposé par l’une de nos 6 universités partenaires. Ils suivent entre 610 et 650 heures de cours sur le campus. Le stage est donc inclus “au sein d’une formation annuelle d’au moins 200 heures en présence des étudiants” ».