Le marché de la voiture électrique passe… au vert

Le marché de la voiture électrique passe… au vert

La transition vers les voitures électriques est en cours et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Entre le scandale du “dieselgate” qui ébranle les véhicules diesel, les annonces de Nicolas Hulot sur la fin des moteurs thermiques d’ici 2040 et les nouvelles décisions de l’Union européenne concernant les émissions de CO2, les voitures à essence sont sérieusement remises en question.

Dans cette course à l’électrification, les constructeurs automobiles rivalisent pour proposer la gamme la plus électrifiée, que ce soit pour les voitures haut de gamme ou les modèles plus courants. BMW, par exemple, promet pas moins de 25 modèles électriques à venir. Jaguar, de son côté, prévoit que toutes leurs nouvelles sorties auront une version sans essence, tandis que Volvo va encore plus loin en prévoyant une production 100 % hybride ou électrique pour toutes les voitures conçues après 2019. Les constructeurs français ne sont pas en reste, avec Peugeot Citroën (PSA) qui prévoit que 50 % de leur offre sera électrique d’ici 2020, et Renault qui propose huit nouveaux modèles de ce type dans les trois prochaines années.

En plus de cette concurrence acharnée, de nouveaux acteurs se lancent également sur le marché de la voiture électrique, attirés par les perspectives de croissance. Tesla, fondé par Elon Musk, est évidemment un pionnier dans le domaine, mais il y a aussi James Dyson, célèbre créateur d’appareils électroménagers design, qui a récemment annoncé un investissement de 2,5 milliards d’euros pour développer une voiture électrique d’ici 2020.

Cependant, dans cet engouement pour la mobilité électrique, il est important de ne pas se laisser emporter. Il faut comprendre les différences entre les trois technologies principales : le tout électrique, qui utilise uniquement des batteries au lithium et offre une autonomie maximale de 350 km en milieu urbain, l’hybride, qui combine une propulsion électrique et un moteur classique pour les longues distances, et l’hybride rechargeable, qui peut recharger sa batterie sur une prise extérieure malgré son moteur à carburant.

Pur électrique ou hybride

Malgré quelques balbutiements, le marché français de la voiture électrique se positionne à la troisième place mondiale, derrière les États-Unis et le Japon. En mars, la France a dépassé les 100 000 voitures électriques immatriculées. Sur les neuf premiers mois de 2017, les ventes ont augmenté de 30 % par rapport à l’année précédente, probablement parce que l’écart de prix se réduit entre les voitures électriques et les voitures à essence. Par exemple, la Renault Zoé, modèle le plus vendu à ce jour, est proposée à partir de 23 000 euros, avec une déduction de 6 000 euros de bonus écologique, soit un prix de revient de 17 000 euros.

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Pour les propriétaires de voitures diesel de plus de 10 ans qui souhaitent passer à la voiture électrique, il est même possible de bénéficier d’un bonus supplémentaire de 4 000 euros, portant ainsi la prime accordée par l’État à 10 000 euros. Cependant, à partir de 2018, ce bonus supplémentaire sera réduit à 2 500 euros.

En plus de ces avantages, il faut prendre en compte la location de la batterie, qui coûte entre 69 et 119 euros par mois en fonction du kilométrage parcouru. Mais cette prime à l’achat permet de compenser les coûts d’utilisation et d’entretien.

Conduire une voiture électrique signifie ne plus dépenser d’argent en carburant, mais uniquement le coût des recharges, qui varie entre 1,50 euro et 3,50 euros en fonction de l’endroit et de la rapidité de la charge. Finalement, le coût de revient est de 2 euros pour parcourir 100 km en voiture électrique, contre 8 euros en voiture diesel. Sans oublier les économies réalisées sur les vidanges, les changements de filtres et les courroies de distribution. De plus, une voiture électrique parcourt généralement des distances plus courtes et à une vitesse moins élevée, ce qui réduit le risque d’accident. Les parkings offrent également des incitations, comme à Bordeaux où une réduction de 50 % sur le stationnement est accordée aux propriétaires de véhicules “propres”.

Ce bouleversement dans la composition du parc automobile a des conséquences sur la consommation d’énergies fossiles, en particulier le pétrole. En 1999, la France consommait 89 millions de tonnes d’essence, de kérosène ou de gazole par an pour tous les besoins (transport, chauffage, etc.). En 2016, cette consommation est tombée à 74 millions de tonnes, soit une baisse de 20 %, tandis que le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de plus de 30 %. Cela pose un véritable casse-tête pour les finances publiques. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) devrait rapporter cette année 16,2 milliards d’euros au budget de l’État, ce qui en fait la quatrième source de revenus. La réduction de la consommation de pétrole pourrait donc conduire à une augmentation de la taxation des énergies fossiles, notamment du pétrole. Selon le cabinet de conseil Carbone 4, le prix d’un plein d’essence augmentera de 17 % d’ici 2022 par rapport à 2015.

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La question du recyclage

Malgré la promotion des énergies renouvelables, le développement des voitures électriques n’est pas exempt d’effets négatifs. France Nature Environnement (FNE) s’inquiète de la demande supplémentaire en électricité que ces véhicules entraîneront. Selon les projections, la demande d’électricité augmentera de 8 à 13 % si le parc automobile se compose de 30 millions de véhicules entièrement électriques. Si cette électricité provient de centrales à charbon, les avantages environnementaux seront annulés. De plus, les batteries actuelles sont fabriquées à partir d’une matière première rare : le lithium, produit principalement au Chili, en Bolivie, en Argentine et en Chine.

Enfin, lorsque les batteries arrivent en fin de vie, se pose la question de leur recyclage. Elles contiennent des métaux lourds et des sels conducteurs à base d’arsenic. Les avantages environnementaux d’un côté et les économies réalisées par les propriétaires de voitures électriques ne doivent pas occulter les coûts supportés par la collectivité pour le recyclage de ces accumulateurs d’énergie.

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