En 1989, Audi lançait une grande campagne publicitaire pour promouvoir le moteur le plus économe en carburant de tous les temps : une Audi 100 qui n’avait consommé que 1,76 litre aux 100 km lors de son périple à travers l’Europe. Mais qu’est-il advenu de ce moteur miraculeux ?
Selon nos recherches, le test a été effectué avec une pression des pneus de 3,5 bars et une transmission prolongée a été installée. Audi avait néanmoins promis de maintenir une consommation inférieure à 2,5 litres même dans la version “normale”.
Traverser l’Europe avec une consommation moyenne de 1,76 litre de diesel – et avec une Audi 100 : cela s’est réellement produit sous la supervision du TÜV en 1989. Le reportage télévisé du ZDF indique : “Ils sont partis des Pays-Bas en passant par la Belgique, le Luxembourg, la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne et la France à nouveau. Au total, 4818 km parcourus avec seulement un plein d’essence.”
Incrédule, le journaliste avait demandé à Jürgen Stockmar, membre du conseil d’administration d’Audi à l’époque, “Et cette voiture va vraiment arriver sur le marché ?” Il avait répondu : “Nous sommes déterminés à le faire. Nous présenterons probablement cette voiture aux médias fin janvier 1990.”
Qu’est-il advenu de la voiture consommant 1,76 litre ?
Nos enquêtes auprès du TÜV Rheinland et du TÜV Süd ont été infructueuses. L’incident s’est produit il y a trop longtemps, disent-ils. Cependant, on peut retrouver Jürgen Stockmar, membre du conseil d’administration d’Audi, 30 ans plus tard, en tant que professeur honoraire à l’Université de Vienne. Alors la question qui se pose est la suivante : qu’est-il advenu de cette promesse ? Où se trouve la voiture, où est passé le moteur ?
“À l’époque, je pouvais affirmer avec certitude : nous commercialiserons cette technologie l’année prochaine. Car en 1990, nous l’avons proposée dans l’Audi 100 C3 avec exactement ce moteur, le 2,5 litres TDI, 115 chevaux”, répond Jürgen Stockmar, ancien membre du conseil d’administration d’Audi.
Une faible consommation rendue possible grâce à des astuces
Bien que ce moteur diesel turbo ait été installé dans des millions d’exemplaires depuis lors, personne n’a roulé ou ne roule encore à travers l’Europe avec seulement un plein d’essence. Pourquoi ? Jürgen Stockmar explique que tout ce qui était humainement possible a été fait pour économiser du diesel : un itinéraire avec peu de circulation a été choisi, presque sans montée. Un rétroviseur a été dévissé et les pneus ont été gonflés à bloc.
“La voiture était équipée de pneus qui anticipaient les pneus à faible résistance au roulement. Nous avons veillé à ce qu’il n’y ait pas de charge électrique supplémentaire dans la voiture, comme des radios et autres. Nous avons roulé de jour pour ne pas avoir besoin de beaucoup de lumière. La voiture n’avait pas de climatisation. Le conducteur et l’inspecteur du TÜV étaient des personnes dites « standard » : pesant 75 kilogrammes et mesurant 1,75 mètre”, explique Jürgen Stockmar, ancien membre du conseil d’administration d’Audi.
La voiture ne roulait qu’à une vitesse de 60 kilomètres par heure
La vitesse moyenne était de 60 kilomètres par heure. Il est donc évident que personne ne peut consommer en moyenne 1,76 litre dans des conditions normales. “Lorsque la voiture circule en ville, de tels niveaux de consommation ne sont même pas atteignables”, déclare Stockmar.
Le professeur Günther Prokop, expert en véhicules à l’université technique de Dresde, souligne également ces conditions exceptionnelles. “Si vous allumez ensuite le système de climatisation, vous passez immédiatement de 1,7 litre à trois litres.”
Audi a trompé les clients
À cet égard, les 1,76 litre étaient et sont déjà très trompeurs pour les clients. Jürgen Stockmar en était conscient. “Nous y avons beaucoup réfléchi avec les responsables marketing. Il s’agissait d’introduire une nouvelle technologie sur le marché et c’était en quelque sorte la préparation à cela”, explique-t-il.
Il n’est donc pas surprenant que certaines personnes croient effectivement que les lobbies pétroliers et automobiles ont réussi à empêcher la production de ce moteur utilisé par des millions de personnes.
La consommation de la voiture est supérieure à celle indiquée dans la brochure
À ce jour, les acheteurs de voitures se demandent pourquoi leur voiture consomme plus que ce qui est indiqué dans la brochure. Il existe toujours une différence, admet Jürgen Stockmar, qui a dirigé les départements d’ingénierie de plusieurs constructeurs automobiles.
“Si vous regardez les chiffres de consommation d’aujourd’hui, qui sont obtenus lors des différents tests, vous obtenez également des valeurs que le conducteur normal ne peut pas atteindre. C’est pourquoi il y a actuellement un virage vers de nouveaux procédés de test. Il s’agit de rapprocher un peu plus les résultats de la conduite quotidienne normale”, déclare Jürgen Stockmar, ancien membre du conseil d’administration d’Audi.
Volkswagen a construit la voiture d’un litre
Les diesels modernes consomment entre quatre et huit litres, selon le moteur, l’équipement, le poids et le style de conduite. Et pourtant, on parle toujours de voitures diesel d’un, deux ou trois litres. On voit également des études pilotes correspondantes dans les magazines automobiles. Oui, dit le professeur Prokop, ces prototypes existent, mais ce n’est jamais uniquement le moteur qui fait qu’un véhicule est si économe en carburant :
“En gros, vous devez savoir que la consommation d’un véhicule est une question de véhicule dans son ensemble. Cela signifie que cela concerne toutes les parties et composants du véhicule. S’il y a bien une voiture d’un litre, nous savons à quoi elle ressemble. Volkswagen a déjà réalisé une expérience. C’est très spartiate : le véhicule fait moins d’un mètre de haut, je pense. J’imagine que monter à bord et en sortir est très, très laborieux. Ce n’est pas ce que vous voulez conduire tous les jours”, explique le professeur Günther Prokop, de l’université technique de Dresde.
Une voiture de trois litres serait possible
Bien sûr, la recherche se poursuit dans le but de réduire la consommation. Pour les voitures de tous les jours avec radio, climatisation et entrée confortable, Günther Prokop voit encore un potentiel d’économie de carburant de 20 à 30 %. “Cela ne signifie pas que nous l’avons déjà dans notre tiroir aujourd’hui. C’est simplement une estimation basée sur les technologies actuellement en développement préliminaire.” Si cela devait se produire, nous serions face à une voiture de trois litres dans des conditions de conduite très quotidiennes.
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