La Norvège, premier producteur de pétrole européen, connaît une révolution dans le secteur automobile. Avec ses 5,5 millions d’habitants, le pays est pionnier dans le développement de la voiture électrique. La Norvège est également le premier pays au monde dont près de 100 % de la production électrique est décarbonée, grâce à des sources d’énergie hydraulique, éolienne et solaire. Alors que la vente des véhicules thermiques est devenue marginale, la Norvège dispose d’un parc de voitures électriques représentant 20 % du total. Cette transition vers l’électrique est le résultat d’une politique volontariste mise en place dès 2010, visant à atteindre 100% de voitures individuelles électriques d’ici 2025.
Cependant, malgré la popularité des voitures électriques en Norvège, la demande de carburant n’a baissé que de 10 % entre 2017 et 2023. Plus de 50 % des voitures particulières en circulation à Oslo sont électriques, alors pourquoi la consommation de carburant ne diminue-t-elle pas de manière significative ?
La réponse réside dans le fait que l’électrification de la mobilité ne peut se limiter aux seules voitures individuelles. En effet, le stock de véhicules thermiques ne se résorbe pas rapidement. Les véhicules thermiques anciens sont les plus consommateurs de carburants et les plus émetteurs de CO2. Bien que les mesures de défiscalisation des véhicules électriques aient orienté la demande vers l’électrique et que de nombreux avantages soient accordés aux propriétaires de voitures électriques, les véhicules utilitaires contribuent encore à la consommation de carburants fossiles.
Cela signifie que la Norvège doit désormais gérer les véhicules professionnels et résorber les stocks de véhicules anciens. Le marché norvégien est en constante évolution, avec 80% des véhicules vendus en 2022 étant électriques. Les constructeurs automobiles commencent d’ailleurs à se désengager du marché des véhicules thermiques.
Au-delà des voitures particulières, la question se pose également pour les véhicules lourds, les cars, les bus et les camions. En Europe, la grande majorité de ces véhicules fonctionne encore au diesel, ce qui contribue à la consommation de carburants fossiles. La décarbonation de ces véhicules représente un défi majeur pour les États, les constructeurs et les professionnels de la logistique. Des solutions alternatives, telles que les véhicules électriques, le bio-GNV (gaz naturel) et l’hydrogène, sont à l’étude, mais nécessitent des investissements considérables.
L’exemple norvégien devrait inciter les pays européens à revoir leur stratégie en matière de véhicules électriques dans le cadre de la transition écologique. Cependant, la Norvège nous montre qu’il est nécessaire de prendre en compte tous les types de véhicules, y compris les véhicules utilitaires, pour atteindre les objectifs de décarbonation des transports. La transition vers l’électrique dans le secteur du transport routier doit être un pilier majeur de la stratégie de transition énergétique dans de nombreux pays.
Cependant, la décarbonation de la logistique est un chantier considérable et nécessitera des investissements importants en infrastructures et en nouveaux véhicules. De plus, il faudra tenir compte des disparités entre les pays en termes d’âge moyen des flottes de véhicules. Alors que la décarbonation de la logistique progresse rapidement dans le secteur des bus urbains, de nombreux défis restent à relever, notamment pour les camions et les véhicules utilitaires.
En résumé, l’exemple norvégien montre que la transition vers les véhicules électriques est possible, mais elle nécessite une approche holistique qui inclut tous les types de véhicules. La décarbonation de la logistique est un enjeu crucial dans la lutte contre le changement climatique, et les pays européens doivent prendre des mesures fortes pour atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de CO2 dans le secteur du transport routier.