La France et l’atome : une histoire d’amour qui dure depuis plus de 70 ans… mais est-ce pour le meilleur ou pour le pire ?
Avec ses 19 centrales nucléaires, la France est le pays qui compte le plus de réacteurs par rapport à sa population. En effet, 75% de notre électricité provient du nucléaire, un record mondial.
Mais qu’est-ce que le nucléaire exactement ?
Les matières radioactives sont composées d’atomes instables qui, en se désintégrant, émettent des radiations et de l’énergie. Ainsi, dans un réacteur nucléaire, on utilise de l’uranium, un métal naturellement radioactif, qui a été enrichi et concentré pour devenir encore plus radioactif. Ce combustible nucléaire fonctionne un peu comme une “pile” : en se désintégrant, les atomes d’uranium produisent une grande quantité de chaleur qui alimente des turbines et génère de l’électricité.
Cependant, les radiations émises par ce phénomène perturbent le fonctionnement des cellules vivantes. Elles sont d’autant plus dangereuses que nos sens ne peuvent les détecter. La radioactivité n’a ni odeur ni couleur.
Quelles sont les conséquences pour la santé et l’environnement ?
La dispersion de la radioactivité dans l’environnement, par exemple suite à un accident nucléaire, peut avoir d’importantes conséquences sur la santé. Selon une étude, près d’un million de personnes en Europe sont décédées ou mourront prématurément à la suite de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. L’exposition à la radioactivité peut provoquer des tumeurs cancéreuses (thyroïde, poumons…) ainsi que des malformations congénitales en déformant l’ADN. En France, des milliers de personnes souffrent de problèmes de thyroïde suite au passage du nuage radioactif.
La faune et la flore ne sont pas épargnés. Les animaux sont particulièrement touchés dans les régions de Fukushima et de Tchernobyl. De nombreuses études ont montré que les conséquences de la radioactivité se traduisent par l’infertilité, la réduction de la taille, des anomalies morphologiques et bien sûr une surmortalité. Du côté de la végétation, juste après l’accident de Tchernobyl, tous les arbres sont morts dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. Mais une fois à terre, ces arbres n’ont jamais pourri, ils ont séché, multipliant les incendies et dispersant les radioéléments dans l’air.
Mais il n’y aura jamais d’accident nucléaire en France ?
Les autorités elles-mêmes le reconnaissent : il est impossible de garantir qu’un accident nucléaire n’arrivera jamais en France. Suite à l’accident de Fukushima, EDF doit réaliser toute une série de travaux sur ses réacteurs pour continuer à les faire fonctionner. Une opération qui coûterait près de 100 milliards d’euros selon la Cour des Comptes.
De plus, même en fonctionnement “normal”, les sites nucléaires produisent des pollutions radioactives. Grandir à proximité d’une centrale nucléaire multiplie par deux le risque de contracter une leucémie chez les enfants. Et cela ne concerne pas seulement les centrales. Le territoire français est parsemé d’installations nucléaires, d’anciennes mines d’uranium, d’usines nucléaires et de sites de stockage de déchets radioactifs. Sans oublier les 770 000 convois de matières radioactives qui parcourent la France chaque année.
De plus, la radioactivité a la particularité de durer dans le temps… Ainsi, certaines substances radioactives utilisées pour produire de l’électricité resteront radioactives et donc dangereuses pendant des milliers, voire des millions d’années. C’est le problème des déchets radioactifs.
Et qu’est-ce qui est prévu pour ces déchets ?
Il existe différents types de déchets radioactifs. Tout ce qui a été en contact avec de la radioactivité devient un déchet radioactif, depuis les vêtements d’un travailleur jusqu’aux anciennes pièces de réacteurs. Ils doivent être gérés car ils sont dangereux. Cependant, étant donné que la seule façon de réduire leur radioactivité est d’attendre, ces déchets sont stockés un peu partout sur le territoire faute de véritable solution.
Ensuite, il y a ce qu’on appelle les “déchets ultimes”. Il s’agit du combustible nucléaire après son passage dans une centrale, la fameuse “pile” nucléaire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’activité de cette pile d’uranium ne diminue pas après son passage dans le réacteur : elle est encore plus dangereuse qu’avant. Pour ces déchets, il n’existe aucune solution qui soit 100% sûre.
Comme si on cachait de la poussière sous un tapis, l’industrie nucléaire voudrait les enfouir à 500 mètres sous terre dans l’Est de la France à Bure (Meuse). Ce projet s’appelle Cigéo. Contesté depuis longtemps, il est devenu depuis quelques années le sujet de vives controverses. En effet, les habitants de cette région n’ont jamais été consultés. De plus, même les autorités scientifiques remettent en question ce stockage en profondeur, qui comporte des risques d’explosion, d’incendie, d’éboulement… sans oublier les rejets en surface. Les doutes des scientifiques ont été confirmés par un accident survenu à l’été 2014 sur un site américain similaire à Cigéo (WIPP), qui a connu un grave incendie. Le site a dû être fermé, et il est maintenant interdit de s’en approcher pendant les 10 000 prochaines années car toute la zone est contaminée.
Et que dire de la mémoire du site ? Comment garantir pendant des centaines de milliers d’années que personne ne fouillera là-bas ?
Alors, qu’attendons-nous pour sortir du nucléaire ?
Du processus d’extraction de l’uranium à la gestion des déchets, le nucléaire exploite les êtres humains, pollue, contamine, engloutit des sommes faramineuses et menace la planète entière. Alors, que pouvons-nous faire pour sortir de cette impasse ?
La meilleure énergie est celle que nous n’utilisons pas : sans réduire notre niveau de confort, nous avons une grande marge de manœuvre en termes d’efficacité énergétique et d’économies d’énergie, en éliminant les gaspillages et les consommations inutiles.
Une fois que nous avons réduit nos besoins, nous pouvons produire l’énergie nécessaire de différentes manières. La France a une chance extraordinaire car elle dispose d’un énorme potentiel en énergies renouvelables sur son territoire : éolien, solaire, hydroélectricité et géothermie. Il ne manque que la volonté politique.
Il est possible de sortir du nucléaire. De nombreux pays l’ont déjà fait (Allemagne, Italie, Suisse, Corée du Sud…) et même les États-Unis ne construisent plus de centrales nucléaires. Alors, qu’attendons-nous ? C’est maintenant qu’il faut agir en fermant des centrales, en arrêtant d’en construire et en développant des alternatives.