L’objectif de ce voyage en cyclo-camping était le lac de Guerlédan situé presque à l’exact milieu de la Bretagne. Ce lac artificiel a été réalisé au lendemain de la première guerre mondiale. Il était destiné à alimenter la région en électricité. L’année dernière, il a été vidé pour la réalisation de travaux d’entretien et a attiré une foule de curieux. Le moteur de mon VAE ayant rendu l’âme quelques kilomètres après le départ – il a été remplacé depuis, j’avais du rentrer en taxi et regarder partir mes petit-e-s camarades.
Un peu de ténacité est nécessaire pour voyager à vélo. Cette année donc, nouveau départ, avec la ferme intention d’aller au bout, pour voir le lac plein cette fois. Ce qui fut fait.
La ligne droite, à vol d’oiseau, fait plus ou moins 150 km. En voiture, il faut environ deux heures un quart pour avaler les 180 km de route. Il nous aura fallu une semaine de vélo pour y aller, et presque autant pour revenir. La lenteur est une composante essentielle de ce genre de voyage. On peut voir ci-dessous l’itinéraire de la première partie du voyage, de Nantes à Guerlédan. Les étapes sont numérotées de G1 à G13. L’itinéraire a été composé en empruntant, partiellement, des véloroutes et voies vertes, que l’on trouve sur des sites comme Openrunner ou GPSies en utilisant les fonds de cartes OSM vélo ou Sigma Cycle Un site pour les parcours GPSies
G1 de Nantes à Savenay (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette première étape :
km prévus 43 km accomplis 54 dénivelé positif en mètres 308 dénivelé positif aux 100km 565 temps de pédalage 3h52 température minimale 11 températeur maximale 26
Temps sensible : 11h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations (pas vu)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fwcbpzkljywzzsxs
Une feuille de route est donnée à chacun pour se situer au moins sommairement pendant l’avancée, en voici un extrait :
Cliquer sur une photo pour l’agrandir.
Nous nous étions donné rendez-vous Place Royale à Nantes, au pied de la fontaine surmontée de statues figurant la Loire et ses affluents. D’étranges personnages aux oreilles recouvertes de casques déambulaient sur la place, certains dansant en silence. La i-civilisation est en marche.
Nos casques étaient plutôt sur la tête. On a déjà assez de mal à communiquer en roulant à cause du bruit (éventuel) des voitures, des pneus au roulage, et, pour certains d’entre nous (mais pas tous, loin s’en faut) d’une presbyacousie débutante. Nous voilà donc sur le départ avec nos i-vélos, nos i-sacoches, nos i-tentes et nos i-camping-gaz, quoique la plupart de nos machines soient des plus classiques, de banals VTC équipés pour le transport des bagages.
Cette génisse croisée dans les marais Audubon, après Couëron, annonçait bien le léger grain de folie qui nous a accompagné tout au long du périple. Ou bien elle s’est approchée trop près de la i-clôture et a pris un coup de jus.
Coucou, les voilou. À l’Arche du Dareau, à hauteur du chantier de construction de bateaux en bois, ils avaient filé tout droit quand les autres tournaient à droite. Les petites routes tranquilles des marais étant ce qu’elles sont, nous ne pouvions que les retrouver à leur point de convergence.
Dès le premier pique-nique, chacun déballe des petites choses bien à lui, dont une mini cafetière italienne et un plaid. Le voyage à vélo, pour être un peu frugal, s’accommode néanmoins de quelques éléments de confort propres à chacun. Pour le reste, nos équipages se ressemblent : gamelles, gaz, tente, matelas, duvet, vêtements, etc.
Entre Cordemais (usine de production d’électricité avec du fuel) et Bouée, les propriétaires de cette haie ont eu l’idée d’agrémenter les arbres ététés de vives couleurs.
Premier camping à Savenay. Les emplacements sont pelés, la faute à un été particulièrement sec, mais nous offrent toute la place dont nous avons besoin en cette arrière saison largement désertée par les touristes.
G2 de Savenay aux Bellions Fégréac (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Nous n’avons que peu suivi le canal de Nantes à Brest au cours de ces deux premières journées. L’Eurovélo 1, dite « Vélodyssée » en France, passe par Nantes mais ne longe pas l’Erdre d’où part le canal à l’écluse de Quiheix, entre Sucé-sur-Erdre et Nort-sur-Erdre, et rejoint la Vilaine à l’écluse des Bellions, objectif du jour.
Les données de cette deuxième étape :
km prévus 44 km accomplis 48 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h21 température minimale 14.5 température maximale 26.5
Temps sensible : éclaircies le matin, couvert l’après-midi et en soirée, 0.2mm de précipitations (seulement, alors qu’il bruinait nettement le soir)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=khxejwdumqpufgwo
La petite église de Notre-Dame-de-Grâce a été construite en 1951-52, l’ancienne ayant été détruite par les bombardements des américains pendant la seconde guerre mondiale. Les allemands ont résisté autour de Saint-Nazaire plus longtemps qu’ailleurs. On a du mal à imaginer le déluge d’obus reçus par ces petites communes rurales pendant huit mois. Nous y avons rejoint le canal pour en emprunter le chemin de halage vers l’Ouest, canal qui est l’Isac canalisé, là où au Moyen-Âge le gué permettait de remonter vers la Bretagne depuis la Loire.
La clarté du ciel est quelque peu trompeuse. Un petit vent aigrelet et l’humidité au bord de l’eau sous les frondaisons abaissent la température sensible. Pour éviter le frisson de veau (sensation de froid après le repas, due au fait que l’organisme est occupé à digérer), mieux vaut se couvrir.
Près du site de Saint-Clair, en contrebas de Guenrouët (gué blanc en breton), l’auberge offre une terrasse avec vue sur la halte fluviale, mais le café n’est pas très bon.
Arrivée aux Bellions, près de l’écluse où les bateaux passent du canal à la Vilaine et rejoignent Redon, ou l’Océan Atlantique. Le site est connu et les campings-cars s’y entassent.
Le pont le plus récent a été conçu pour les voitures.
Le pont plus ancien est fait pour les charettes, avec de bonnes grosses bornes en pierre pour que les roues ne risquent pas d’abîmer la rambarde.
Une chapelle Saint-Jacques marque l’entrée du camping. Tous les chemins mènent à Saint-Jacques, comme toutes les routes mènent à Rome…
Ce camping est des plus simples. Sa clientèle est composée pour l’essentiel de cyclistes qui font le canal. À tel point que la commune envisage de le réserver exclusivement aux cyclo-campeurs, ce qui serait une originalité quand d’autres n’ont plus d’emplacements pour les tentes tant les boites à mazout envahissent tout. J’estime que ce serait dommage. Je ne suis pas pour la ségrégation. On ne risque pas dans ce genre de camping d’être embêté par les animations nocturnes. Par contre, si quelqu’un avait eu la télécommande pour baisser le son des oiseaux, on aurait été plus tranquilles.
Le gestionnaire a tenté de nous faire payer un emplacement par tente, puis a trouvé un compromis acceptable pour nos cinq tentes qui n’occupent que trois m² chacune. La douche (il n’y en a qu’une) est antidéluvienne, et fonctionne avec des jetons. Comme il y a cinquante ans. Quelques uns se sont débrouillés pour se laver avec leur bidon pour s’arroser et une réserve d’eau tiède transportée depuis l’évier dans une cuvette pliable. Dix litres d’eau suffisent pour se laver correctement.
En septembre, la nuit tombe tôt. Heureusement, les smarphones sont rétro-éclairés. Celui-ci n’avait pas la fonction télécommande pour les oiseaux.
G3 de Fégréac à Saint-Just (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Un des objectifs touristiques de cette tournée était les alignements de Saint-Just, moins célèbres que ceux de Carnac, mais plus sauvages. Ils méritent le détour et de grimper les quelques côtes pour y parvenir.
Les données de cette troisième étape :
km prévus 37 km accomplis 42 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h13 température minimale 13 température maximale 25
temps sensible : nuageux et éclaircies, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ygfhqihdarnpllci
Au départ des Bellions, l’un s’affaire pendant que d’autres patientent en devisant. Il nous aura fallu de moins en moins de temps pour plier le matin au fur et à mesure du voyage, et nous avons été de mieux en mieux synchronisés. Il faut quand même sans se hâter une heure et demi pour démarrer depuis le réveil. “On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !” aura été répété d’un ton faussement agacé chaque fois que quelqu’un demandait si on avait le temps de…
Le voyage à vélo, tel que nous le pratiquons, induit un état d’esprit paradoxal. Le voyage est lent, la vitesse d’avancée est ce qu’elle est, vouloir se dépécher, surtout sur le vélo, fatigue excessivement sans gain de temps appréciable, les temps de pause et de ravitaillement sont indispensables et doivent être respectés, et pourtant il existe une tension pour arriver.
La très longue tente à trois arceaux en arrière-plan n’est occupée que par une jeune femme belge à vélo qui voyage seule, sans délai imparti à ce qu’elle dit. De quoi vit-elle ? Les femmes sont de plus en plus nombreuses à voyager seules, tout comme les cyclo-campeurs en général, seuls, en groupe ou en famille, se multiplient un peu partout. Tant mieux. Plus on sera de folles et de fous à sacoches, et plus les services seront fournis et adaptés.
Surprise en arrivant à Redon, des peintures murales (à distinguer du graffiti illégal) ornent les murs des anciens entrepôts du port.
Cliquer sur la photo pour la voir en plus grand, et pouvoir lire les textes.
Les panneaux du sentier de découverte nous informent des particularités du lieu. Redon est un port au carrefour des canaux bretons, des routes à grande circulation et des marais. Et une question existentielle : au fait, où sont nos vaches ? Vais-je dormir cette nuit sans avoir la réponse ?
Notre cheminement le long de la Vilaine sur le confortable chemin de halage en sortant de Redon fut de courte durée. Nous avons tourné à gauche, vers le Nord, et trouvé un hâvre près de la chapelle de Trobert en bénéficiant de la chaleur renvoyée par le mur en pierres. Le guidage du GPS est bien utile sur ces toutes petites routes. On voit des pancartes avec des petites silhouettes de cyclistes et des numéros qui correspondent sans doute à des boucles locales. Hélas, comme d’hab dans le 35, rien ne dit dans quelle direction vont ces véloroutes.
Les côtes entament les jambes, pas la bonne humeur.
L’église de Saint-Just est construite en plaques de schistes. Normal, elles proviennent de la carrière toute proche encore en activité. Les habitants du cru avaient commencé à exploiter la caillasse, dalles de schiste bleu et blocs de quartz, pour faire des monuments mégalithiques, des cairns, tumulus, menhirs et dolmens, il y a 5000 ans. Plus récemment, il faisaient des palis pour fabriquer des palissades. Saint-Just ne compte pas moins de deux cafés ouverts le dimanche après-midi. Pas mal pour une commune de 1100 habitants.
Les mégalithes de la Lande de Cojoux à Saint-Just. Pour en savoir plus sur les mégalithes de Saint-Just https://www.lieux-insolites.fr/illevilaine/just/just.htm et sur les mégalithes en général : http://numeriphot.chez-alice.fr/megalithe.htm
La chaise longue de l’époque, testée et non approuvée…
Le camping de Saint-Just est juste en face des alignements. Là encore, il nous fallu attendre l’arrivée de la gestionnaire (qui ne s’appelle pas Leblanc) avant de pouvoir nous doucher, les sanitaires étant fermés à clé. Nous étions les seuls occupants de ce terrain. Mais que vont-ils faire tous au bord de la mer et des rivières quand on est si bien dans les landes bretonnes ?
G4 de Saint-Just à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette quatrième étape :
km prévus 57 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 662 dénivelé positif aux 100km 1142 temps de pédalage 4h20 température minimale 14 température maximale 31
temps sensible : très nuageux avec des éclaircies, 0.4mm de précipitations (la nuit), chaud
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ekolbuibajedfofy
Un autre genre de monument, d’acier et de verre coloré, le Super U de Pipriac, où nous avons précautionneusement fait nos courses pour ne point manquer au cours de la journée.
Tout de bronze coulé, l’altière statue du pioupiou de 14-18 rappelle le lourd tribut payé par la chair à mitraille que furent les paysans bretons.
Toujours pas si chaud, du moins le matin, mais un peu au soleil quand même près de l’église de ?? Saint Seglin ? Loutehel ? Je ne sais plus…
Le p’tit train s’en va dans la campagne.
Celle-ci, c’est celle de Maxent. C’est sûr. Le dénivelé annoncé faisait un peu peur. La véloroute et les bouts de voie verte n’étaient pas si pentus, probablement une ancienne voie ferrée, un peu loooooonguette mais sans difficulté majeure. Plélan-le-Grand nous permit de renouer avec la civilisation, les bagnoles partout, les odeurs de carburant avant l’arrivée à Paimpont où la place au camping était bien plus restreinte que les jours précédents. On s’habitue vite aux campings quasiment privatifs et aux grands espaces.
Les vannes du jour portaient sur les lieux d’étape. Où campons-nous demain ? À Paimpont ! Où campons-nous après-demain ? À Paimpont ! Quelle sera l’étape de demain ? Paimpont-Paimpont ! Les voisins du camping étaient charmants. S’ils n’avaient pas eu à leur combi une grande porte coulissante et bruyante manipulée jour et nuit, ils auraient été parfaits.
G5 de Paimpont à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette cinquième étape :
km prévus 26 km accomplis 38 dénivelé positif accompli 461 dénivelé positif aux 100 km 1212 temps de pédalage 2h19 température minimale 16 température maximale 29
temps sensible : éclaircies et averses orageuses, 4 h d’ensoleillement, 14mm de précipitations pendant que nous étions à l’abri d’un préau, d’un commerce ou de nos tentes, temps pesant
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fpcwecbngstwbzbo
Cette journée était annoncée comme une étape de repos. Le repos fut actif, à tel point que d’aucuns prétendirent que la journée dite de repos relevait de l’escroquerie. Pure médisance. Quoique. Nous fûmes cueillis à froid en sortant de Paimpont par une belle bosse sur la départementale 40, bien droite et bien pentue. Le ciel était sombre, très sombre. À l’issue de la belle descente vers Tréhorenteuc où nous n’avions pas prévu d’aller, quelques gouttes commencèrent à tomber.
Nous trouvâmes refuge sous un préau sans avoir à subir la belle averse orageuse.
Nous n’étions pas les seuls, des groupes de marcheurs nous ayant rejoint pour la même raison. Encore un de ces endroits où l’on se croit seul et où des dizaines de personnes surgissent en quelques minutes.
Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Et parce que l’heure du déjeuner sonnait.
L’arbre doré du Val Sans Retour au milieu des mini-mégalithes. Oxymore.
La première des merveilles de la forêt de Brocéliande, la Fontaine de Barenton, qui serait bouillonnante. Il faut se hisser sur un mauvais chemin pentu, caillouteux et encombré de grosses racines pour y parvenir. La plupart d’entre nous ont fini à pied, bien que nous ayons laissé les lourdes sacoches au camping. Tout ça pour trois cailloux et un filet d’eau dans un petit coin sombre. Ben oui, en effet, c’est ça Brocéliande. On crapahute dans le relief, les cailloux et la forêt en souvenir du mythe de Merlin et Viviane, des romans du Moyen-Âge, et il n’y a pas grand chose à voir en fait… Comme l’écrivait Monsieur de la Fontaine : “De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien”. Les pyramides d’Egypte elles-mêmes ne sont que de gros tas de cailloux si on s’abstrait de leur valeur symbolique et historique.
Les maisons du village de Folle Pensée sont de la même teinte que les pierres et le sol autour de la Fontaine.
Le chêne millénaire, grosse patte d’éléphant.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.
Un petit goûter s’imposait. C’est fou ce qu’un petit goûter s’impose souvent à vélo. Le temps orageux-poisseux-lourd, ou juste un coup de buis, nous fit faire une pause plus longue qu’à l’habitude. On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !
Pour rejoindre Paimpont, et achever l’étape Paimpont-Paimpont, ça monte encore.
On en a vu rêver. À Viviane ?
L’abbaye de Paimpont, sous un ciel aussi sombre que celui de Tréhorenteuc. Le déluge arriva pile-poil quand nous étions dans l’alimentation.
G6 de Paimpont à Merdrignac (Côtes d’Armor, Bretagne)
Il n’est pas difficile d’imaginer qu’après les vannes sur Paimpont-Paimpont nous en fîmes d’autres sur l’étape Paimpont-Merdrignac, d’un goût encore pire que les précédentes.
Les données de cette sixième étape :
km prévus 51 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 496 dénivelé positif aux 100 km 853 temps de pédalage 4h18 température minimale 15 température maximale 23
temps sensible : nuageux avec éclaircies, 5h d’ensoleillement, 3mm de précipitations (pas sur nos têtes)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=biksznobaiutflae
Au sortir de la forêt privée de Brocéliande, la plus grande partie de cette forêt est privée, nous sommes passés par le petit morceau de forêt domaniale, devant le tombeau de Merlin.
Une autre merveille : un superbe caillou entouré d’un rond de pavés inégaux.
Nos vélos sont impeccablement rangés en épi. Très probablement à cause de la configuration, et pas du tout par volonté d’être ordonné.
La campagne du centre Bretagne est très belle, mais inhabituellement jaunâtre.
L’abbaye de Saint-Méen-le-Grand, patrie de Louison Bobet, et la magnifique statue de poilu polychrome. La véloroute régionale (ou départementale?) 6, V6 donc, qui y arrive est confortable. Les cyclistes ont tendance à occuper l’espace, contrairement aux marcheurs qui restent goupés.
Ces quelques pierres tombales exposées dans l’entrée de l’église attenante à l’abbaye ont peut-être été décapitées à la Révolution.
Ce qui subsiste des fresques. Les églises étaient très colorées. Les fresques et les vitraux illustraient des mythes pour la population analphabète.
Je n’ai pas vérifié, mais je ne serais pas surpris que l’autel et le chemin de croix datent du XIXème, qui n’était pas en reste question couleurs et décorations alambiquées.
Au supermarché du coin, le fabricant de pancartes est en délicatesse avec l’orthographe.
La voie verte n’est pas plate. Elle monte, lentement, très longtemps. Elle est plutôt roulante, et ne comporte pas ces stupides et inutiles sas, barrières et autres chicanes que l’on trouve fréquemment sur les voies vertes françaises.
Nous en sommes au début. Nous allons y rester un moment.
Nos tentes ont la place de s’étaler au camping de Merdrignac. Il y a même un mégalithe (récent) au milieu de notre campement. La bâche sert à protéger l’électronique et le petit moteur de mon i-vélo de la rosée et d’une (très) éventuelle averse.
G7 de Merdrignac à Mûr-de-Bretagne au bord du lac de Guerlédan (Côtes d’Armor et Morbihan, Bretagne)
Les données de cette septième étape :
km prévus 57 km accomplis 63 dénivelé positif accompli 516 dénivelé positif aux 100 km 815 temps de pédalage 4h43 température minimale 14 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 0h d’ensoleillement, 0.6mm de pluie
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fkxcqwnoqxtsbypu
L’heure de la pause méridienne est arrivée quelque part au bord de la V6, loin des voitures.
Et à côté de dépôts divers.
On a quand même avancé depuis hier.
À l’approche de Mûr, dans le final de l’étape, se hisser sur le viaduc de l’ancienne voie ferrée n’est pas si facile. La feuille de route est prudemment demeurée muette sur le sujet.
Inauguration d’une nouvelle méthode de séchage du double-toit, qui suppose de pouvoir courir à la fin de l’étape et de disposer d’assez d’espace pour faire le fou. Ah jeunesse ! Nos voisins britanniques en camping-car allemand sont restés très courtois même après cette démonstration.
Là aussi, l’alignement sur une droite est imposé par la configuration. Deux autres cyclo-campeurs étaient sur la même terrasse au-dessus du lac. Tous deux ont dormi dans des tentes anglaises Terra Nova. Ils étaient dans l’alignement, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, mais n’ont pas cherché le contact. Soit ils ne parlaient pas bien le français, soit nos beuglements de zigotos leur ont inspiré de la méfiance, la méthode de séchage de tente a éventuellement ajouté au tableau. Qu’écriront-ils dans leur blog ?
L’itinéraire de la deuxième partie du voyage, du lac de Guerlédan à Nantes.
G8 de Mûr-de-Bretagne à Pontivy (Morbihan, Bretagne)
Nous avions prévu de faire le tour du lac de Guerlédan. Sauf que ce n’est pas possible. On ne voit pas le lac depuis les routes, ou si peu, et la route qui permet de rejoindre le canal au plus court est un chemin privé interdit à la circulation. Nous avons donc visité la campagne environnante et ses multiples bosses et fait quelques kilomètres en sus du prévu, juste 45% de plus. Désolé…
Les données de cette huitième étape :
km prévus 47 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 586 dénivelé positif aux 100 km 868 temps de pédalage 4h51 température minimale 14,5 température maximale 20
temps sensible : nuageux le matin, éclaircies l’après-midi, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS :
- du parcours prévu (en violet) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=rmbgbpofzxwgzdpi
- du parcours effectué (en vert) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=iuxigvtsxlrcyrng
Nous n’avons pas eu le courage de remonter (le terme n’est pas usurpé) au bourg de Mûr pour y faire le plein de victuailles. Nous avons suivi la V6 jusqu’à Gauvel. Une petite faim se manifestant, au café, le patronne nous indiqua un distributeur de baguettes fraîches et artisanales situé juste en face de l’église. Difficile à rater. En Allemagne on trouve des distributeurs de chambres à air pour vélos et des prises de courant le long des voies vertes pour recharger les batteries des VAE. Quand on en sera là en France, on aura bien progressé.
L’artisan faisait justement le plein. Nous l’avons félicité pour la qualité de son pain et l’excellente idée du distributeur de baguettes.
L’autre bout du lac de Guerlédan.
Un pêcheur peinard dans son fauteuil gonflable. Je rappelle qu’on peut agrandir les photos en cliquant dessus. Faut suivre un peu !
Les ruines de l’abbaye de Bon Repos.
Quelques maisons très anciennes reconstituées.
Le canal étant dit “de Nantes à Brest”, je suppose que nous sommes au km 239 depuis Nantes.
Le pont sur le Blavet et le troquet de Bon Repos.
Pour une fois, nous avons le sentiment d’être le cœur de cible d’une (modeste) publicité qui me rappelle irrésistiblement les images des premiers congés payés.
Ce que ne dit pas l’allure altière de notre compagnon, c’est que la côte après Bon Repos fait environ 800 mètres de long, 8% de moyenne, avec un passage à 14%. Dur dur avec des vélos chargés comme des mules. Avec petit moteur ça passe. Grand, jeune, mince et en bonne santé aussi. Pour les autres, ce sera à pied. Cette difficulté aura marqué le début de notre cheminement vers le sud, sur la route du retour.
La fin du calvaire se fête par un pique-nique au pied de la croix de pierre.
La voie privée arrivant au Forges de la Salle étant interdite à la circulation, nous avons battu la campagne par Le Perret et Sainte-Brigitte pour rejoindre Saint-Aignan et notre itinéraire.
Aaaaaah ! Retour le long du canal. On se lasse parfois de sa platitude et de ses méandres un peu monotones, mais là, nous étions plutôt contents de le revoir.Prenons la pause sur la passerelle.
Le château de Pontivy.
Le camping de Pontivy n’a pas très bonne réputation. Pourtant, si l’on excepte les bacs à linge en ciment qui datent vraiment, le reste est acceptable. Les emplacements sont petits. Le gardien, le mot va bien au personnage ventripotent à la mine renfrognée, n’est pas un monstre d’amabilité. Il affiche un autoritarisme quelque peu hors de propos (par exemple en imposant un emplacement, la seule fois du voyage où cette prescription nous aura été faite, alors que les quatre cinquième du camping sont vides), surtout à l’égard des cyclistes il semblerait, mais pour le reste, ça va à peu près. Les lavabos ont tous des tuyaux qui fuient, l’eau chaude est un peu aléatoire, mais pour le reste ça va à peu près. En gros, ça va à peu près. Ah bon ? Je l’ai déjà dit ? À mon âge, il est un peu normal de radoter.
G9 de Pontivy à Josselin (Morbihan, Bretagne)
L’étape fut cool. Rien que du chemin de halage plat et tranquille. En conséquence, nous avons fait une moyenne plutôt plus élevée que d’habitude et un dénivelé des plus modestes.
Les données de cette neuvième étape :
km prévus 51 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 228 dénivelé positif aux 100 km 380 temps de pédalage 4h00 température minimale 11 température maximale 20.5
temps sensible : nuageux toute la journée, 3 h d’ensoleillement, 0.6mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=jmbmlqpeeowvjifn
Au départ de Pontivy, un bon café bien gourmand, mais pas donné.
Les maisons éclusières sont souvent très fleuries. Le maillot de notre camarade ne dépare pas dans les couleurs dominantes.
C’est plat. On roulotte. Pom, pom, pom.
Au bord du canal, une dame offre gracieusement des informations à caractère touristique, et des biscuits de fabrication locale, au beurre bien sûr.
S’il ne pleut guère, la rosée et la condensation sont néanmoins tenaces. Nous transformons immanquablement nos pauses méridiennes en camp de romanichels en étalant nos abris. Ce n’est pas le petit vin blanc qu’on boit du côté de Nogent mais les petites tentes qu’on sèche du côté de Rohan.
Éoliennes typiques.
Connerie typique ? Comment fait-on pour emprunter ce parcours soi-disant pour vélos ? Il n’est pas prévu qu’on aille par là, et c’est tant mieux.
Tout droit, ça n’a pas l’air mieux, c’est barré.
En s’approchant au plus près, ou en ayant une vue à 25/10èmes, on aperçoit l’écriteau affichant l’autorisation pour le passage des vélos. Si l’éclusière ne nous l’avait pas dit, nous aurions peut-être cherché une autre route.
Quand la terre est dure, la pierre taillée trouve encore son utilité. L’histoire ne dit pas si la campeuse a emporté le caillou pour planter à la fin de la prochaine étape. Si elle l’a fait, chapeau. Ça c’est de la prévoyance. Perso, je me contente d’un léger maillet en bois, largement suffisant, mais que plus personne ne vend. Tous les maillets de camping ont maintenant de trop lourdes têtes en caoutchouc et des manches en aluminium, non adaptés aux voyages à vélo.
G10 de Josselin à Josselin (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette dixième étape ne sont valables que pour moi. Les autres ont fait autre chose. Cette étape de repos fut vraiment de repos. Au bout de dix jours, elle n’était pas de trop. Certains ont fait rien du tout, genre crêperie avec déplacement en voiture (Non ? Si !). D’autres ont écrit des cartes postales. Tous ont fait un peu de tourisme.
Les données de l’étape :
km prévus 6 km accomplis 13 dénivelé positif accompli 185 dénivelé positif aux 100 km 1458 temps de pédalage 1h08 température minimale 13.5 température maximale 22
temps sensible : nuageux, 2h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=kzatpqgxqwcxwuna
Le dénivelé positif aux 100 km (obtenu en divisant le dénivelé accompli par le nombre de km accomplis puis en multipliant le résultat par 100, ce qui permet de comparer des étapes entre elles) paraît important. La faute en incombe au relief plutôt prononcé autour et dans Josselin, sauf au bord du canal. Pour monter à Josselin par le sens unique, il faut passer par une petite rue qui nous fait bien dans les 14%. Nous l’avions faite la veille pour trouver le Super U et le Leclerc. On peut l’éviter, mais en prenant la voie des bagnoles à contresens.
La municipalité de Josselin n’a pas encore mis en place le double sens cyclable pourtant obligatoire dans les voies à sens unique, la largeur de la voie étant très suffisante. Les aménagements cyclables ne sont vraiment pas le fort de ces petites villes du centre Bretagne. Pourtant, ça ne coûte à peu près rien. Ils sont encore dans les années 60 et l’automobile triomphante dont on ne peut se passer même pour faire deux cent mètres ; je ne serais pas vraiment surpris si la photo du Président Pompidou était affichée dans la mairie. Il doit bien y avoir ici et là quelques cochons durables, mais il sont rares. Breizh Nox demeure leur slogan préféré, avec les quatre voies gratuites, l’agriculture chimique pour vendre à vil prix et payer des salaires de misère. Le benêt rouge a encore de beaux jours devant lui. Je n’oublie pas le taux le plus élevé de France au baccalauréat et le nombre d’agrégés au m² du côté du pays Bigouden.
La transformation des charmants bretons à l’humour affirmé et à l’accueil chaleureux en méchants agressifs et d’une impatience pathologique dès qu’ils sont derrière un volant demeure un mystère, un peu comme les korrigans peuvent être bénéfiques ou maléfiques. Pourquoi sont-ils aussi lambins aux caisses des supermarchés en conversant à la cantonade sur les nouvelles de la famille et aussi impatients et inhumains dès qu’ils sont enfermés dans leurs boites en fer ? Comment faisait-on du camping avant l’invention de la fermeture éclair ? Mais au fait, où sont nos vaches ? Ces questions métaphysiques demeurent pendantes…
Une tour du château vue depuis le quartier Sainte-Croix situé au sud du canal.
Le caractère défensif, et impressionnant, du château demeure.
Une rue semi-piétonne dans le bourg côté nord (« où on peut écraser les piétons à moitié ?» avait dit un vieux monsieur en découvrant le panneau). Les voitures sont féroces, la preuve : ils mettent des grosses bites en fer pour protéger les piétons.
La basilique Notre-Dame-du-Roncier.
La plus vieille maison de Josselin.
Nous nous étions installés pour deux nuits au camping des Cerisiers, à deux kilomètres de Josselin, le camping de Josselin nous ayant été déconseillé. L’emplacement était le plus petit, le moins ensoleillé et le plus cher du voyage. Le jour de repos fut mis à profit pour faire de la lessive.
G11 de Josselin à Bains-sur-Oust (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 56 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 214 dénivelé positif aux 100 km 314 temps de pédalage 4h29 température minimale 12 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 1 h d’ensoleillement, 0.2 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS (ce n’est pas le parcours fait, mais le conseillé) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fjplyzcgugjwoxdc
Le Roc-Saint-André et sa petite église au clocher découpé perchée sur le caillou. Je n’en ai pas de preuve, mais je parierai volontiers que cette émergence était déjà un lieu de culte aux temps les plus reculés. La religion chrétienne a intégré les cultes anciens.
Publicité pour Carrefour à base de légumes. Plutôt réussi.
Statue polychrome devant un bar à Malestroit. Le breton ne craint la couleur ni sur les maisons de pêcheurs ni sur les statues de grands-mères.
Le porche de l’église, où des statues allégoriques, certaines fantastiques, ont été probablement intégrées dans un bâtiment plus récent.
En haut, quelque Saint-Michel terrasse quelque dragon, mais en bas, que font là cet acrobate la tête en bas et ce personnage stylisée quasiment hiéroglyphique ?
Vue d’ensemble de l’église bien entourée de commerces et de voies à sens unique, avec, je le note, des double sens cyclables. Bravo Malestroit, vous serez mieux notée que vos cousines.
De la couleur vous dis-je, même pour les compositions florales de deuil.
Une cyclo-campeuse, parmi d’autres cyclistes vus à Malestroit, avec une tenue disons, un peu curieuse pour faire du vélo, et un grand tendeur par dessus le chargement qui montre le caractère encore amateur de l’équipage.
« Le reste ça va, mais c’est la selle qui est pénible » nous a déclaré ce voyageur. Choisi une autre selle, camarade ! Un vrai cuissard résout beaucoup de ces problèmes que le voyageur à vélo doit éliminer, Des petites marques françaises font des choses sympathiques, comme Wear Design (bon gel efficace) ou Ekoi, des plus anciennes tout aussi françaises font des choses confortables comme Poli. Les américains proposent des produits de qualité et qui durent tel Gore Bike Wear. Les suisses de chez Assos vendent à prix d’or des cuissards très confortables et durables. Faut arrêter avec les machins importés du Bengladech vendus dans des grandes surfaces qui n’ont de sport que l’apparence. En cas de pépin, voire à titre préventif, tartinez-vous avec du Cetavlon. Si c’est brulé grave, allez-y à la crème pour bébé type Mitosyl (cette dernière tâche les vêtements, pas la première). Et levez-vous le derrière de temps en temps en roulant, pour détendre les muscles des jambes, du dos et des épaules, éviter la macération en vous lavant soigneusement tous les jours et de prendre des chocs dans les passages où le revêtement est inégal.
L’église vue de l’intérieur.
On n’est jamais bien loin d’un chemin de Saint-Jacques en ces terres d’obédience catholique. Ce Jacques est naïf.
Des fresques récemment re-découvertes, allant bien avec le bestiaire fantasmagorique de la façade. La représentation du monde par les hommes et femmes du Moyen-Âge devait être très différente de la nôtre.
Qui est la statue, qui est la vraie entre les deux dames habillées en rouge ? La statue polychrome ne relève pas de la fantaisie mais de l’observation. La grand-mère bretonne est haute en couleurs.
La question taraudait les archéologues depuis des lustres : à quoi servaient les dolmens ? Nous avons la réponse : à sécher les tentes. Tout autre interprétation est une contre-vérité qui insulte l’Histoire.
Je n’ai pas photographié les bonnes soeurs en tenue blanche et voile sombre (au secours ! notre civilisation fout le camp ! nous sommes envahis par des femmes qui portent le voile !). J’ai connu des soeurs dans mon enfance, drôles et actives, bien plus libres dans leurs manières que la plupart des femmes de cette époque. Ces soeurs blanches ne déambulaient à l’heure de la sieste que par paquets de trois. Une règle sans doute.
Pâté Hénaff, pâté du mataf (matelot) ! Et du cyclo-campeur donc. Goûteux, de qualité, léger, peu encombrant, économique, s’accordant merveilleusement avec une baguette de qualité, il s’est décliné récemment, pour le plus grand bonheur de nos papilles. Merci, M. Hénaff !
L’inconvénient à Malestroit, c’est que le cadre du pique-nique n’est pas terrible. Je rigole ! Korrigans bretons, ne vous fâchez pas…
Nous avons bien trouvé le camping de Bains-sur-Oust, à l’Île-aux-pies. Toutefois, néanmoins et cependant, il était fermé. A la mairie, ils ne connaissaient que les campings municipaux des alentours, un peu loin pour nous. Heureusement, Gogole nous a dit qu’une ferme-auberge-camping était à quelques kilomètres sur la même commune.
Nous l’avons rejointe par la redoutable et fort dangereuse D873 où les bretons nous ont une nouvelle fois démontré qu’ils sont de redoutables abrutis au volant, refusant de ralentir, n’hésitant pas à dépasser un groupe de cyclistes à plus de 90 km/h et à moins d’un mètre de distance. Glaçant.
Le camping à la ferme de la Morinais rejoint, il s’est avéré plaisant, vaste, très calme, bien suffisamment équipé pour nos besoins, et économique. Le grand jeu de mémoire consistait à tenter de se souvenir à quel éclairage correspondait quel bouton, pour les toilettes, les éviers et les douches. J’ai pas gagné, même au bout de trois essais. Nous nous sommes joyeusement étalés. Bon, il y avait bien les pommes suicidaires qui faisaient du bruit en tombant de leur arbre (qui dira le drame social qui conduit les pommes au suicide? Que font les sociologues?). Les noix n’étaient d’ailleurs pas en reste. On s’est fait des niches avec les noix. Et hop ! Trois noix dans le casque. Deux noix dans le sac de couchage, et une autre balancée sur la tente au moment de l’endormissement. Avec des pommes, ç’aurait pu être moins ragoûtant.
G12 de Bains-sur-Oust à Blain (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 45 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 157 dénivelé positif aux 100 km 261 temps de pédalage 4h16 température minimale 10 température maximale 24
temps sensible : brumeux puis nuageux, 5h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=uhpweezpqzncggre
Le petit matin fut brumeux et frais. L’automne finissait quand même par montrer le bout de son nez.
Nous avons rejoint le canal par des petites routes en évitant les redoutables grosses départementales. Le détour pour arriver à Redon est de quelques kilomètres, mais mieux vaut rester vivant et avoir un parcours plaisant. Nous avons croisé sur le chemin de halage des habitants polis, qui tiennent leur chien au passage des cyclistes, et sont sans rapport apparent avec les affeux trolls à moteur à explosion.
Le brouillard levé, le canal en Loire-Atlantique retrouvée nous offrit quelques belles vues.
Tiens, pourquoi cet homme a l’accent chantant met-il un chapelet de boudins en travers du canal ? Il travaille pour une entreprise qui arrache la jussie commanditée par le département de Loire-Atlantique. Cette plante exogène peut rapidement tout envahir au détriment de la flore et la faune locales, la seule méthode pour la limiter est son arrachage plusieurs années de suite. Mes impôts servent donc aussi à ça. C’est bien.
L’un d’entre nous avait très envie de faire un tour sur le canal sur la barge du gentil monsieur. Le monsieur aimable l’emmena.
Le posture gaullienne est habituelle chez notre compagnon de route pour exprimer son contentement.
Le conducteur du bateau le ramena sur la terre ferme avec un atterrissage aussi délicat et précis que le démarrage. Merci Monsieur Sympathique.
Après cet intermède inattendu, notre petit groupe a repris sa route. On voit bien qu’on est en Loire-Atlantique. Avant, le chemin était goudronné, depuis c’est du gravier, parfois assez gros pour être peu roulant, parfois avec des trous et des bosses, parfois rendant la conduite du vélo chargé difficile, d’autant plus si le cadre n’est pas suffisamment rigide.
Pendant ce temps, les ramasseurs de jussie s’affairaient avec un bateau qui ressemblait à un tracteur, et une barge qui ressemblait à une remorque.
Ou en arrachant depuis un ponton au bord.
On avait presque atteint les 650 km. Nous n’avions eu à déplorer qu’un seul incident mécanique, un dépassement intempestif d’une chaîne au-delà du plus grand pignon. Cette fois, ce fut une crevaison, de la roue arrière bien sûr. Sinon, c’est moins drôle.
Bonne occasion d’apprendre à faire soi-même.
Le trou est franc. Une réparation par rustine est possible, en gardant la chambre neuve en réserve dans la sacoche pour une autre occasion.
Le plus délicat fut de recentrer correctement la roue, comme souvent. Et après, ça repart.
Nous avions décidé de nous arrêter plutôt au camping de Blain qu’à celui du Gâvre. Pour rejoindre Blain, point n’est besoin de sortir du canal, c’est tout droit (aussi droit que les méandres de la rivière), aucune navigation n’est nécessaire (le GPS peut bien tomber en panne, on s’en moque), c’est tout plat, et les commerces sont bien mieux achalandés. Il est vrai qu’on entend un peu plus les camions de la grosse route et qu’on a pas de frites comme au Gâvre, mais ceci compense cela. Nous étions là aussi à peu près seuls dans le camping. Passé la fin août, les campings, c’est le désert. Dites donc, les retraités, faut prendre un peu l’air ! Y’a pas que la garde des petits-enfants au moment de la rentrée que diable !
Le soir nous étions parfois un peu mous du genou. Pédaler est une activité plutôt calmante. Se relever après le souper pour aller faire la vaisselle à la nuit tombée est une épreuve qui ne suscite pas l’enthousiasme. L’un d’entre nous déclara d’ailleurs solennellement en cette circonstance : « je suis tellement énervé que je casserai bien un arbre ». C’est dire.
G13 de Blain à Nantes (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 54 km accomplis 57 dénivelé positif accompli 310 dénivelé positif aux 100 km 548 temps de pédalage 4h06 température minimale 11 température maximale 25
temps sensible : éclaircies, 8 h d’ensoleillement, 0 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=gfolsqhjeggsrfns
La dernière fois que je m’étais arrêté camper à Blain, j’avais fait un arrêt-café à La Chevallerais. Cette fois, pareil. Les tables étaient installées sur la terrasse, mais pas les chaises.
Sitôt demandé, sitôt fait. Le commerçant est serviable.
Il réinstalle le parasol sur la grosse péniche après le passage du petit pont. Ce bateau sert à promener des handicapés qui peuvent ainsi passer leur journée dans une chaise longue plutôt que dans leur fauteuil.
Au-revoir canal ! Très provisoirement, puisque nous y sommes revenus en promenade le dimanche suivant. Insatiables.
Nous avons ensuite coupé pour rejoindre Casson puis la Chapelle-sur-Erdre. À Casson, les dames se sont aperçues, en procédant à des tests avec les vélos des messieurs sur le parking du café fermé, que les vélos pour dames ne sont pas adaptés au voyage. Vieux motard que j’aimais. Elles achètent des cadres pour dame par conformisme social. Les cadres bas sont trop souples pour pouvoir être chargés en raison de l’absence de barre horizontale. La charge les rend difficile et fatigants à conduire notamment quand le revêtement de la voie n’est pas de bonne qualité, voire dangereux en descente. On préfèrera les cadres sloping hauts (qu’utilisent aussi les messieurs quand ils commencent à avoir du mal à lever la jambe). Les cadres sloping bas et autres cols-de-cygne à la hollandaise ne sont intéressants que pour les porteurs de soutances et de djellabas et les porteuses de jupes et robes longues. choisir un vélo de voyage à pas cher
En guise de conclusion.
km prévus 575 km accomplis 686 dénivelé positif accompli 4715 dénivelé positif aux 100 km 687 temps de pédalage total 49h23 temps moyen de pédalage quotidien 3h32
Nous aurons fait 112 km de plus que prévu. À cause des détours pour prendre le café, aller à l’alimentation, ou trouver une autre route quand celle prévue était impraticable. Il est courant de faire 10% de plus que calculé sur carte. 20% comme cette fois, c’est exceptionnel.
Les côtes, nous les avons montées. Elles auraient paru bien modestes à des grimpeurs accomplis. Pour des habitants de la Loire-Aquatique habitués aux platitudes des bords de Loire en son estuaire, ce n’est déjà pas si mal. Surtout avec des vélos lourdement chargés.
Nous n’aurons pas eu à subir d’averse en roulant. Même s’il a plu la nuit, et le jour pendant que nous étions à l’abri. Septembre en Bretagne, c’est sec. CQFD, et ce n’était pas a priori gagné. Pendant des jours, la météo nous a annoncé de la pluie. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue, laï laï laï laï oh oh.
Les petits incidents (crevaisons notamment) étaient dus pour l’essentiel à un pneu qui aurait du être changé avant le départ à cause de son usure prononcée. Au moins, en apprenant à réparer, on apprend l’autonomie. L’emplâtre ou la rustine pour pneu (TB-2 Park Tool) a fait quelques adeptes supplémentaires. Après installation sur la déchirure du pneu, on a l’impression de passer sur un (petit) cahot à chaque tour de roue à cause de la surépaisseur collée à l’intérieur du pneu pour le consolider, mais on peut finir le voyage. La prochaine fois, il faudra faire le tour du vélo pour s’assurer du bon état de la machine. Le métier rentre progressivement.
La suite l’année prochaine, parce que les voyages en climat océanique en dormant dans des petites tentes au-delà de septembre, ça commence à craindre… Et les jours raccourcissent de plus en plus vite. En attendant, on va s’entrainer en se promenant régulièrement sur nos petits vélos.
Les cartes et itinéraires ont été composés à partir du site GPSies réalisé et entretenu par Klaus Bechtold. Ceci n’est pas une publicité commerciale, l’utilisation de GPSies est gratuite.
L’objectif de ce voyage en cyclo-camping était le lac de Guerlédan situé presque à l’exact milieu de la Bretagne. Ce lac artificiel a été réalisé au lendemain de la première guerre mondiale. Il était destiné à alimenter la région en électricité. L’année dernière, il a été vidé pour la réalisation de travaux d’entretien et a attiré une foule de curieux. Le moteur de mon VAE ayant rendu l’âme quelques kilomètres après le départ – il a été remplacé depuis, j’avais du rentrer en taxi et regarder partir mes petit-e-s camarades.
Un peu de ténacité est nécessaire pour voyager à vélo. Cette année donc, nouveau départ, avec la ferme intention d’aller au bout, pour voir le lac plein cette fois. Ce qui fut fait.
La ligne droite, à vol d’oiseau, fait plus ou moins 150 km. En voiture, il faut environ deux heures un quart pour avaler les 180 km de route. Il nous aura fallu une semaine de vélo pour y aller, et presque autant pour revenir. La lenteur est une composante essentielle de ce genre de voyage. On peut voir ci-dessous l’itinéraire de la première partie du voyage, de Nantes à Guerlédan. Les étapes sont numérotées de G1 à G13. L’itinéraire a été composé en empruntant, partiellement, des véloroutes et voies vertes, que l’on trouve sur des sites comme Openrunner ou GPSies en utilisant les fonds de cartes OSM vélo ou Sigma Cycle Un site pour les parcours GPSies
G1 de Nantes à Savenay (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette première étape :
km prévus 43 km accomplis 54 dénivelé positif en mètres 308 dénivelé positif aux 100km 565 temps de pédalage 3h52 température minimale 11 températeur maximale 26
Temps sensible : 11h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations (pas vu)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fwcbpzkljywzzsxs
Une feuille de route est donnée à chacun pour se situer au moins sommairement pendant l’avancée, en voici un extrait :
Cliquer sur une photo pour l’agrandir.
Nous nous étions donné rendez-vous Place Royale à Nantes, au pied de la fontaine surmontée de statues figurant la Loire et ses affluents. D’étranges personnages aux oreilles recouvertes de casques déambulaient sur la place, certains dansant en silence. La i-civilisation est en marche.
Nos casques étaient plutôt sur la tête. On a déjà assez de mal à communiquer en roulant à cause du bruit (éventuel) des voitures, des pneus au roulage, et, pour certains d’entre nous (mais pas tous, loin s’en faut) d’une presbyacousie débutante. Nous voilà donc sur le départ avec nos i-vélos, nos i-sacoches, nos i-tentes et nos i-camping-gaz, quoique la plupart de nos machines soient des plus classiques, de banals VTC équipés pour le transport des bagages.
Cette génisse croisée dans les marais Audubon, après Couëron, annonçait bien le léger grain de folie qui nous a accompagné tout au long du périple. Ou bien elle s’est approchée trop près de la i-clôture et a pris un coup de jus.
Coucou, les voilou. À l’Arche du Dareau, à hauteur du chantier de construction de bateaux en bois, ils avaient filé tout droit quand les autres tournaient à droite. Les petites routes tranquilles des marais étant ce qu’elles sont, nous ne pouvions que les retrouver à leur point de convergence.
Dès le premier pique-nique, chacun déballe des petites choses bien à lui, dont une mini cafetière italienne et un plaid. Le voyage à vélo, pour être un peu frugal, s’accommode néanmoins de quelques éléments de confort propres à chacun. Pour le reste, nos équipages se ressemblent : gamelles, gaz, tente, matelas, duvet, vêtements, etc.
Entre Cordemais (usine de production d’électricité avec du fuel) et Bouée, les propriétaires de cette haie ont eu l’idée d’agrémenter les arbres ététés de vives couleurs.
Premier camping à Savenay. Les emplacements sont pelés, la faute à un été particulièrement sec, mais nous offrent toute la place dont nous avons besoin en cette arrière saison largement désertée par les touristes.
G2 de Savenay aux Bellions Fégréac (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Nous n’avons que peu suivi le canal de Nantes à Brest au cours de ces deux premières journées. L’Eurovélo 1, dite « Vélodyssée » en France, passe par Nantes mais ne longe pas l’Erdre d’où part le canal à l’écluse de Quiheix, entre Sucé-sur-Erdre et Nort-sur-Erdre, et rejoint la Vilaine à l’écluse des Bellions, objectif du jour.
Les données de cette deuxième étape :
km prévus 44 km accomplis 48 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h21 température minimale 14.5 température maximale 26.5
Temps sensible : éclaircies le matin, couvert l’après-midi et en soirée, 0.2mm de précipitations (seulement, alors qu’il bruinait nettement le soir)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=khxejwdumqpufgwo
La petite église de Notre-Dame-de-Grâce a été construite en 1951-52, l’ancienne ayant été détruite par les bombardements des américains pendant la seconde guerre mondiale. Les allemands ont résisté autour de Saint-Nazaire plus longtemps qu’ailleurs. On a du mal à imaginer le déluge d’obus reçus par ces petites communes rurales pendant huit mois. Nous y avons rejoint le canal pour en emprunter le chemin de halage vers l’Ouest, canal qui est l’Isac canalisé, là où au Moyen-Âge le gué permettait de remonter vers la Bretagne depuis la Loire.
La clarté du ciel est quelque peu trompeuse. Un petit vent aigrelet et l’humidité au bord de l’eau sous les frondaisons abaissent la température sensible. Pour éviter le frisson de veau (sensation de froid après le repas, due au fait que l’organisme est occupé à digérer), mieux vaut se couvrir.
Près du site de Saint-Clair, en contrebas de Guenrouët (gué blanc en breton), l’auberge offre une terrasse avec vue sur la halte fluviale, mais le café n’est pas très bon.
Arrivée aux Bellions, près de l’écluse où les bateaux passent du canal à la Vilaine et rejoignent Redon, ou l’Océan Atlantique. Le site est connu et les campings-cars s’y entassent.
Le pont le plus récent a été conçu pour les voitures.
Le pont plus ancien est fait pour les charettes, avec de bonnes grosses bornes en pierre pour que les roues ne risquent pas d’abîmer la rambarde.
Une chapelle Saint-Jacques marque l’entrée du camping. Tous les chemins mènent à Saint-Jacques, comme toutes les routes mènent à Rome…
Ce camping est des plus simples. Sa clientèle est composée pour l’essentiel de cyclistes qui font le canal. À tel point que la commune envisage de le réserver exclusivement aux cyclo-campeurs, ce qui serait une originalité quand d’autres n’ont plus d’emplacements pour les tentes tant les boites à mazout envahissent tout. J’estime que ce serait dommage. Je ne suis pas pour la ségrégation. On ne risque pas dans ce genre de camping d’être embêté par les animations nocturnes. Par contre, si quelqu’un avait eu la télécommande pour baisser le son des oiseaux, on aurait été plus tranquilles.
Le gestionnaire a tenté de nous faire payer un emplacement par tente, puis a trouvé un compromis acceptable pour nos cinq tentes qui n’occupent que trois m² chacune. La douche (il n’y en a qu’une) est antidéluvienne, et fonctionne avec des jetons. Comme il y a cinquante ans. Quelques uns se sont débrouillés pour se laver avec leur bidon pour s’arroser et une réserve d’eau tiède transportée depuis l’évier dans une cuvette pliable. Dix litres d’eau suffisent pour se laver correctement.
En septembre, la nuit tombe tôt. Heureusement, les smarphones sont rétro-éclairés. Celui-ci n’avait pas la fonction télécommande pour les oiseaux.
G3 de Fégréac à Saint-Just (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Un des objectifs touristiques de cette tournée était les alignements de Saint-Just, moins célèbres que ceux de Carnac, mais plus sauvages. Ils méritent le détour et de grimper les quelques côtes pour y parvenir.
Les données de cette troisième étape :
km prévus 37 km accomplis 42 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h13 température minimale 13 température maximale 25
temps sensible : nuageux et éclaircies, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ygfhqihdarnpllci
Au départ des Bellions, l’un s’affaire pendant que d’autres patientent en devisant. Il nous aura fallu de moins en moins de temps pour plier le matin au fur et à mesure du voyage, et nous avons été de mieux en mieux synchronisés. Il faut quand même sans se hâter une heure et demi pour démarrer depuis le réveil. “On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !” aura été répété d’un ton faussement agacé chaque fois que quelqu’un demandait si on avait le temps de…
Le voyage à vélo, tel que nous le pratiquons, induit un état d’esprit paradoxal. Le voyage est lent, la vitesse d’avancée est ce qu’elle est, vouloir se dépécher, surtout sur le vélo, fatigue excessivement sans gain de temps appréciable, les temps de pause et de ravitaillement sont indispensables et doivent être respectés, et pourtant il existe une tension pour arriver.
La très longue tente à trois arceaux en arrière-plan n’est occupée que par une jeune femme belge à vélo qui voyage seule, sans délai imparti à ce qu’elle dit. De quoi vit-elle ? Les femmes sont de plus en plus nombreuses à voyager seules, tout comme les cyclo-campeurs en général, seuls, en groupe ou en famille, se multiplient un peu partout. Tant mieux. Plus on sera de folles et de fous à sacoches, et plus les services seront fournis et adaptés.
Surprise en arrivant à Redon, des peintures murales (à distinguer du graffiti illégal) ornent les murs des anciens entrepôts du port.
Cliquer sur la photo pour la voir en plus grand, et pouvoir lire les textes.
Les panneaux du sentier de découverte nous informent des particularités du lieu. Redon est un port au carrefour des canaux bretons, des routes à grande circulation et des marais. Et une question existentielle : au fait, où sont nos vaches ? Vais-je dormir cette nuit sans avoir la réponse ?
Notre cheminement le long de la Vilaine sur le confortable chemin de halage en sortant de Redon fut de courte durée. Nous avons tourné à gauche, vers le Nord, et trouvé un hâvre près de la chapelle de Trobert en bénéficiant de la chaleur renvoyée par le mur en pierres. Le guidage du GPS est bien utile sur ces toutes petites routes. On voit des pancartes avec des petites silhouettes de cyclistes et des numéros qui correspondent sans doute à des boucles locales. Hélas, comme d’hab dans le 35, rien ne dit dans quelle direction vont ces véloroutes.
Les côtes entament les jambes, pas la bonne humeur.
L’église de Saint-Just est construite en plaques de schistes. Normal, elles proviennent de la carrière toute proche encore en activité. Les habitants du cru avaient commencé à exploiter la caillasse, dalles de schiste bleu et blocs de quartz, pour faire des monuments mégalithiques, des cairns, tumulus, menhirs et dolmens, il y a 5000 ans. Plus récemment, il faisaient des palis pour fabriquer des palissades. Saint-Just ne compte pas moins de deux cafés ouverts le dimanche après-midi. Pas mal pour une commune de 1100 habitants.
Les mégalithes de la Lande de Cojoux à Saint-Just. Pour en savoir plus sur les mégalithes de Saint-Just https://www.lieux-insolites.fr/illevilaine/just/just.htm et sur les mégalithes en général : http://numeriphot.chez-alice.fr/megalithe.htm
La chaise longue de l’époque, testée et non approuvée…
Le camping de Saint-Just est juste en face des alignements. Là encore, il nous fallu attendre l’arrivée de la gestionnaire (qui ne s’appelle pas Leblanc) avant de pouvoir nous doucher, les sanitaires étant fermés à clé. Nous étions les seuls occupants de ce terrain. Mais que vont-ils faire tous au bord de la mer et des rivières quand on est si bien dans les landes bretonnes ?
G4 de Saint-Just à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette quatrième étape :
km prévus 57 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 662 dénivelé positif aux 100km 1142 temps de pédalage 4h20 température minimale 14 température maximale 31
temps sensible : très nuageux avec des éclaircies, 0.4mm de précipitations (la nuit), chaud
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ekolbuibajedfofy
Un autre genre de monument, d’acier et de verre coloré, le Super U de Pipriac, où nous avons précautionneusement fait nos courses pour ne point manquer au cours de la journée.
Tout de bronze coulé, l’altière statue du pioupiou de 14-18 rappelle le lourd tribut payé par la chair à mitraille que furent les paysans bretons.
Toujours pas si chaud, du moins le matin, mais un peu au soleil quand même près de l’église de ?? Saint Seglin ? Loutehel ? Je ne sais plus…
Le p’tit train s’en va dans la campagne.
Celle-ci, c’est celle de Maxent. C’est sûr. Le dénivelé annoncé faisait un peu peur. La véloroute et les bouts de voie verte n’étaient pas si pentus, probablement une ancienne voie ferrée, un peu loooooonguette mais sans difficulté majeure. Plélan-le-Grand nous permit de renouer avec la civilisation, les bagnoles partout, les odeurs de carburant avant l’arrivée à Paimpont où la place au camping était bien plus restreinte que les jours précédents. On s’habitue vite aux campings quasiment privatifs et aux grands espaces.
Les vannes du jour portaient sur les lieux d’étape. Où campons-nous demain ? À Paimpont ! Où campons-nous après-demain ? À Paimpont ! Quelle sera l’étape de demain ? Paimpont-Paimpont ! Les voisins du camping étaient charmants. S’ils n’avaient pas eu à leur combi une grande porte coulissante et bruyante manipulée jour et nuit, ils auraient été parfaits.
G5 de Paimpont à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette cinquième étape :
km prévus 26 km accomplis 38 dénivelé positif accompli 461 dénivelé positif aux 100 km 1212 temps de pédalage 2h19 température minimale 16 température maximale 29
temps sensible : éclaircies et averses orageuses, 4 h d’ensoleillement, 14mm de précipitations pendant que nous étions à l’abri d’un préau, d’un commerce ou de nos tentes, temps pesant
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fpcwecbngstwbzbo
Cette journée était annoncée comme une étape de repos. Le repos fut actif, à tel point que d’aucuns prétendirent que la journée dite de repos relevait de l’escroquerie. Pure médisance. Quoique. Nous fûmes cueillis à froid en sortant de Paimpont par une belle bosse sur la départementale 40, bien droite et bien pentue. Le ciel était sombre, très sombre. À l’issue de la belle descente vers Tréhorenteuc où nous n’avions pas prévu d’aller, quelques gouttes commencèrent à tomber.
Nous trouvâmes refuge sous un préau sans avoir à subir la belle averse orageuse.
Nous n’étions pas les seuls, des groupes de marcheurs nous ayant rejoint pour la même raison. Encore un de ces endroits où l’on se croit seul et où des dizaines de personnes surgissent en quelques minutes.
Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Et parce que l’heure du déjeuner sonnait.
L’arbre doré du Val Sans Retour au milieu des mini-mégalithes. Oxymore.
La première des merveilles de la forêt de Brocéliande, la Fontaine de Barenton, qui serait bouillonnante. Il faut se hisser sur un mauvais chemin pentu, caillouteux et encombré de grosses racines pour y parvenir. La plupart d’entre nous ont fini à pied, bien que nous ayons laissé les lourdes sacoches au camping. Tout ça pour trois cailloux et un filet d’eau dans un petit coin sombre. Ben oui, en effet, c’est ça Brocéliande. On crapahute dans le relief, les cailloux et la forêt en souvenir du mythe de Merlin et Viviane, des romans du Moyen-Âge, et il n’y a pas grand chose à voir en fait… Comme l’écrivait Monsieur de la Fontaine : “De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien”. Les pyramides d’Egypte elles-mêmes ne sont que de gros tas de cailloux si on s’abstrait de leur valeur symbolique et historique.
Les maisons du village de Folle Pensée sont de la même teinte que les pierres et le sol autour de la Fontaine.
Le chêne millénaire, grosse patte d’éléphant.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.
Un petit goûter s’imposait. C’est fou ce qu’un petit goûter s’impose souvent à vélo. Le temps orageux-poisseux-lourd, ou juste un coup de buis, nous fit faire une pause plus longue qu’à l’habitude. On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !
Pour rejoindre Paimpont, et achever l’étape Paimpont-Paimpont, ça monte encore.
On en a vu rêver. À Viviane ?
L’abbaye de Paimpont, sous un ciel aussi sombre que celui de Tréhorenteuc. Le déluge arriva pile-poil quand nous étions dans l’alimentation.
G6 de Paimpont à Merdrignac (Côtes d’Armor, Bretagne)
Il n’est pas difficile d’imaginer qu’après les vannes sur Paimpont-Paimpont nous en fîmes d’autres sur l’étape Paimpont-Merdrignac, d’un goût encore pire que les précédentes.
Les données de cette sixième étape :
km prévus 51 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 496 dénivelé positif aux 100 km 853 temps de pédalage 4h18 température minimale 15 température maximale 23
temps sensible : nuageux avec éclaircies, 5h d’ensoleillement, 3mm de précipitations (pas sur nos têtes)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=biksznobaiutflae
Au sortir de la forêt privée de Brocéliande, la plus grande partie de cette forêt est privée, nous sommes passés par le petit morceau de forêt domaniale, devant le tombeau de Merlin.
Une autre merveille : un superbe caillou entouré d’un rond de pavés inégaux.
Nos vélos sont impeccablement rangés en épi. Très probablement à cause de la configuration, et pas du tout par volonté d’être ordonné.
La campagne du centre Bretagne est très belle, mais inhabituellement jaunâtre.
L’abbaye de Saint-Méen-le-Grand, patrie de Louison Bobet, et la magnifique statue de poilu polychrome. La véloroute régionale (ou départementale?) 6, V6 donc, qui y arrive est confortable. Les cyclistes ont tendance à occuper l’espace, contrairement aux marcheurs qui restent goupés.
Ces quelques pierres tombales exposées dans l’entrée de l’église attenante à l’abbaye ont peut-être été décapitées à la Révolution.
Ce qui subsiste des fresques. Les églises étaient très colorées. Les fresques et les vitraux illustraient des mythes pour la population analphabète.
Je n’ai pas vérifié, mais je ne serais pas surpris que l’autel et le chemin de croix datent du XIXème, qui n’était pas en reste question couleurs et décorations alambiquées.
Au supermarché du coin, le fabricant de pancartes est en délicatesse avec l’orthographe.
La voie verte n’est pas plate. Elle monte, lentement, très longtemps. Elle est plutôt roulante, et ne comporte pas ces stupides et inutiles sas, barrières et autres chicanes que l’on trouve fréquemment sur les voies vertes françaises.
Nous en sommes au début. Nous allons y rester un moment.
Nos tentes ont la place de s’étaler au camping de Merdrignac. Il y a même un mégalithe (récent) au milieu de notre campement. La bâche sert à protéger l’électronique et le petit moteur de mon i-vélo de la rosée et d’une (très) éventuelle averse.
G7 de Merdrignac à Mûr-de-Bretagne au bord du lac de Guerlédan (Côtes d’Armor et Morbihan, Bretagne)
Les données de cette septième étape :
km prévus 57 km accomplis 63 dénivelé positif accompli 516 dénivelé positif aux 100 km 815 temps de pédalage 4h43 température minimale 14 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 0h d’ensoleillement, 0.6mm de pluie
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fkxcqwnoqxtsbypu
L’heure de la pause méridienne est arrivée quelque part au bord de la V6, loin des voitures.
Et à côté de dépôts divers.
On a quand même avancé depuis hier.
À l’approche de Mûr, dans le final de l’étape, se hisser sur le viaduc de l’ancienne voie ferrée n’est pas si facile. La feuille de route est prudemment demeurée muette sur le sujet.
Inauguration d’une nouvelle méthode de séchage du double-toit, qui suppose de pouvoir courir à la fin de l’étape et de disposer d’assez d’espace pour faire le fou. Ah jeunesse ! Nos voisins britanniques en camping-car allemand sont restés très courtois même après cette démonstration.
Là aussi, l’alignement sur une droite est imposé par la configuration. Deux autres cyclo-campeurs étaient sur la même terrasse au-dessus du lac. Tous deux ont dormi dans des tentes anglaises Terra Nova. Ils étaient dans l’alignement, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, mais n’ont pas cherché le contact. Soit ils ne parlaient pas bien le français, soit nos beuglements de zigotos leur ont inspiré de la méfiance, la méthode de séchage de tente a éventuellement ajouté au tableau. Qu’écriront-ils dans leur blog ?
L’itinéraire de la deuxième partie du voyage, du lac de Guerlédan à Nantes.
G8 de Mûr-de-Bretagne à Pontivy (Morbihan, Bretagne)
Nous avions prévu de faire le tour du lac de Guerlédan. Sauf que ce n’est pas possible. On ne voit pas le lac depuis les routes, ou si peu, et la route qui permet de rejoindre le canal au plus court est un chemin privé interdit à la circulation. Nous avons donc visité la campagne environnante et ses multiples bosses et fait quelques kilomètres en sus du prévu, juste 45% de plus. Désolé…
Les données de cette huitième étape :
km prévus 47 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 586 dénivelé positif aux 100 km 868 temps de pédalage 4h51 température minimale 14,5 température maximale 20
temps sensible : nuageux le matin, éclaircies l’après-midi, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS :
- du parcours prévu (en violet) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=rmbgbpofzxwgzdpi
- du parcours effectué (en vert) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=iuxigvtsxlrcyrng
Nous n’avons pas eu le courage de remonter (le terme n’est pas usurpé) au bourg de Mûr pour y faire le plein de victuailles. Nous avons suivi la V6 jusqu’à Gauvel. Une petite faim se manifestant, au café, le patronne nous indiqua un distributeur de baguettes fraîches et artisanales situé juste en face de l’église. Difficile à rater. En Allemagne on trouve des distributeurs de chambres à air pour vélos et des prises de courant le long des voies vertes pour recharger les batteries des VAE. Quand on en sera là en France, on aura bien progressé.
L’artisan faisait justement le plein. Nous l’avons félicité pour la qualité de son pain et l’excellente idée du distributeur de baguettes.
L’autre bout du lac de Guerlédan.
Un pêcheur peinard dans son fauteuil gonflable. Je rappelle qu’on peut agrandir les photos en cliquant dessus. Faut suivre un peu !
Les ruines de l’abbaye de Bon Repos.
Quelques maisons très anciennes reconstituées.
Le canal étant dit “de Nantes à Brest”, je suppose que nous sommes au km 239 depuis Nantes.
Le pont sur le Blavet et le troquet de Bon Repos.
Pour une fois, nous avons le sentiment d’être le cœur de cible d’une (modeste) publicité qui me rappelle irrésistiblement les images des premiers congés payés.
Ce que ne dit pas l’allure altière de notre compagnon, c’est que la côte après Bon Repos fait environ 800 mètres de long, 8% de moyenne, avec un passage à 14%. Dur dur avec des vélos chargés comme des mules. Avec petit moteur ça passe. Grand, jeune, mince et en bonne santé aussi. Pour les autres, ce sera à pied. Cette difficulté aura marqué le début de notre cheminement vers le sud, sur la route du retour.
La fin du calvaire se fête par un pique-nique au pied de la croix de pierre.
La voie privée arrivant au Forges de la Salle étant interdite à la circulation, nous avons battu la campagne par Le Perret et Sainte-Brigitte pour rejoindre Saint-Aignan et notre itinéraire.
Aaaaaah ! Retour le long du canal. On se lasse parfois de sa platitude et de ses méandres un peu monotones, mais là, nous étions plutôt contents de le revoir.Prenons la pause sur la passerelle.
Le château de Pontivy.
Le camping de Pontivy n’a pas très bonne réputation. Pourtant, si l’on excepte les bacs à linge en ciment qui datent vraiment, le reste est acceptable. Les emplacements sont petits. Le gardien, le mot va bien au personnage ventripotent à la mine renfrognée, n’est pas un monstre d’amabilité. Il affiche un autoritarisme quelque peu hors de propos (par exemple en imposant un emplacement, la seule fois du voyage où cette prescription nous aura été faite, alors que les quatre cinquième du camping sont vides), surtout à l’égard des cyclistes il semblerait, mais pour le reste, ça va à peu près. Les lavabos ont tous des tuyaux qui fuient, l’eau chaude est un peu aléatoire, mais pour le reste ça va à peu près. En gros, ça va à peu près. Ah bon ? Je l’ai déjà dit ? À mon âge, il est un peu normal de radoter.
G9 de Pontivy à Josselin (Morbihan, Bretagne)
L’étape fut cool. Rien que du chemin de halage plat et tranquille. En conséquence, nous avons fait une moyenne plutôt plus élevée que d’habitude et un dénivelé des plus modestes.
Les données de cette neuvième étape :
km prévus 51 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 228 dénivelé positif aux 100 km 380 temps de pédalage 4h00 température minimale 11 température maximale 20.5
temps sensible : nuageux toute la journée, 3 h d’ensoleillement, 0.6mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=jmbmlqpeeowvjifn
Au départ de Pontivy, un bon café bien gourmand, mais pas donné.
Les maisons éclusières sont souvent très fleuries. Le maillot de notre camarade ne dépare pas dans les couleurs dominantes.
C’est plat. On roulotte. Pom, pom, pom.
Au bord du canal, une dame offre gracieusement des informations à caractère touristique, et des biscuits de fabrication locale, au beurre bien sûr.
S’il ne pleut guère, la rosée et la condensation sont néanmoins tenaces. Nous transformons immanquablement nos pauses méridiennes en camp de romanichels en étalant nos abris. Ce n’est pas le petit vin blanc qu’on boit du côté de Nogent mais les petites tentes qu’on sèche du côté de Rohan.
Éoliennes typiques.
Connerie typique ? Comment fait-on pour emprunter ce parcours soi-disant pour vélos ? Il n’est pas prévu qu’on aille par là, et c’est tant mieux.
Tout droit, ça n’a pas l’air mieux, c’est barré.
En s’approchant au plus près, ou en ayant une vue à 25/10èmes, on aperçoit l’écriteau affichant l’autorisation pour le passage des vélos. Si l’éclusière ne nous l’avait pas dit, nous aurions peut-être cherché une autre route.
Quand la terre est dure, la pierre taillée trouve encore son utilité. L’histoire ne dit pas si la campeuse a emporté le caillou pour planter à la fin de la prochaine étape. Si elle l’a fait, chapeau. Ça c’est de la prévoyance. Perso, je me contente d’un léger maillet en bois, largement suffisant, mais que plus personne ne vend. Tous les maillets de camping ont maintenant de trop lourdes têtes en caoutchouc et des manches en aluminium, non adaptés aux voyages à vélo.
G10 de Josselin à Josselin (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette dixième étape ne sont valables que pour moi. Les autres ont fait autre chose. Cette étape de repos fut vraiment de repos. Au bout de dix jours, elle n’était pas de trop. Certains ont fait rien du tout, genre crêperie avec déplacement en voiture (Non ? Si !). D’autres ont écrit des cartes postales. Tous ont fait un peu de tourisme.
Les données de l’étape :
km prévus 6 km accomplis 13 dénivelé positif accompli 185 dénivelé positif aux 100 km 1458 temps de pédalage 1h08 température minimale 13.5 température maximale 22
temps sensible : nuageux, 2h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=kzatpqgxqwcxwuna
Le dénivelé positif aux 100 km (obtenu en divisant le dénivelé accompli par le nombre de km accomplis puis en multipliant le résultat par 100, ce qui permet de comparer des étapes entre elles) paraît important. La faute en incombe au relief plutôt prononcé autour et dans Josselin, sauf au bord du canal. Pour monter à Josselin par le sens unique, il faut passer par une petite rue qui nous fait bien dans les 14%. Nous l’avions faite la veille pour trouver le Super U et le Leclerc. On peut l’éviter, mais en prenant la voie des bagnoles à contresens.
La municipalité de Josselin n’a pas encore mis en place le double sens cyclable pourtant obligatoire dans les voies à sens unique, la largeur de la voie étant très suffisante. Les aménagements cyclables ne sont vraiment pas le fort de ces petites villes du centre Bretagne. Pourtant, ça ne coûte à peu près rien. Ils sont encore dans les années 60 et l’automobile triomphante dont on ne peut se passer même pour faire deux cent mètres ; je ne serais pas vraiment surpris si la photo du Président Pompidou était affichée dans la mairie. Il doit bien y avoir ici et là quelques cochons durables, mais il sont rares. Breizh Nox demeure leur slogan préféré, avec les quatre voies gratuites, l’agriculture chimique pour vendre à vil prix et payer des salaires de misère. Le benêt rouge a encore de beaux jours devant lui. Je n’oublie pas le taux le plus élevé de France au baccalauréat et le nombre d’agrégés au m² du côté du pays Bigouden.
La transformation des charmants bretons à l’humour affirmé et à l’accueil chaleureux en méchants agressifs et d’une impatience pathologique dès qu’ils sont derrière un volant demeure un mystère, un peu comme les korrigans peuvent être bénéfiques ou maléfiques. Pourquoi sont-ils aussi lambins aux caisses des supermarchés en conversant à la cantonade sur les nouvelles de la famille et aussi impatients et inhumains dès qu’ils sont enfermés dans leurs boites en fer ? Comment faisait-on du camping avant l’invention de la fermeture éclair ? Mais au fait, où sont nos vaches ? Ces questions métaphysiques demeurent pendantes…
Une tour du château vue depuis le quartier Sainte-Croix situé au sud du canal.
Le caractère défensif, et impressionnant, du château demeure.
Une rue semi-piétonne dans le bourg côté nord (« où on peut écraser les piétons à moitié ?» avait dit un vieux monsieur en découvrant le panneau). Les voitures sont féroces, la preuve : ils mettent des grosses bites en fer pour protéger les piétons.
La basilique Notre-Dame-du-Roncier.
La plus vieille maison de Josselin.
Nous nous étions installés pour deux nuits au camping des Cerisiers, à deux kilomètres de Josselin, le camping de Josselin nous ayant été déconseillé. L’emplacement était le plus petit, le moins ensoleillé et le plus cher du voyage. Le jour de repos fut mis à profit pour faire de la lessive.
G11 de Josselin à Bains-sur-Oust (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 56 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 214 dénivelé positif aux 100 km 314 temps de pédalage 4h29 température minimale 12 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 1 h d’ensoleillement, 0.2 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS (ce n’est pas le parcours fait, mais le conseillé) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fjplyzcgugjwoxdc
Le Roc-Saint-André et sa petite église au clocher découpé perchée sur le caillou. Je n’en ai pas de preuve, mais je parierai volontiers que cette émergence était déjà un lieu de culte aux temps les plus reculés. La religion chrétienne a intégré les cultes anciens.
Publicité pour Carrefour à base de légumes. Plutôt réussi.
Statue polychrome devant un bar à Malestroit. Le breton ne craint la couleur ni sur les maisons de pêcheurs ni sur les statues de grands-mères.
Le porche de l’église, où des statues allégoriques, certaines fantastiques, ont été probablement intégrées dans un bâtiment plus récent.
En haut, quelque Saint-Michel terrasse quelque dragon, mais en bas, que font là cet acrobate la tête en bas et ce personnage stylisée quasiment hiéroglyphique ?
Vue d’ensemble de l’église bien entourée de commerces et de voies à sens unique, avec, je le note, des double sens cyclables. Bravo Malestroit, vous serez mieux notée que vos cousines.
De la couleur vous dis-je, même pour les compositions florales de deuil.
Une cyclo-campeuse, parmi d’autres cyclistes vus à Malestroit, avec une tenue disons, un peu curieuse pour faire du vélo, et un grand tendeur par dessus le chargement qui montre le caractère encore amateur de l’équipage.
« Le reste ça va, mais c’est la selle qui est pénible » nous a déclaré ce voyageur. Choisi une autre selle, camarade ! Un vrai cuissard résout beaucoup de ces problèmes que le voyageur à vélo doit éliminer, Des petites marques françaises font des choses sympathiques, comme Wear Design (bon gel efficace) ou Ekoi, des plus anciennes tout aussi françaises font des choses confortables comme Poli. Les américains proposent des produits de qualité et qui durent tel Gore Bike Wear. Les suisses de chez Assos vendent à prix d’or des cuissards très confortables et durables. Faut arrêter avec les machins importés du Bengladech vendus dans des grandes surfaces qui n’ont de sport que l’apparence. En cas de pépin, voire à titre préventif, tartinez-vous avec du Cetavlon. Si c’est brulé grave, allez-y à la crème pour bébé type Mitosyl (cette dernière tâche les vêtements, pas la première). Et levez-vous le derrière de temps en temps en roulant, pour détendre les muscles des jambes, du dos et des épaules, éviter la macération en vous lavant soigneusement tous les jours et de prendre des chocs dans les passages où le revêtement est inégal.
L’église vue de l’intérieur.
On n’est jamais bien loin d’un chemin de Saint-Jacques en ces terres d’obédience catholique. Ce Jacques est naïf.
Des fresques récemment re-découvertes, allant bien avec le bestiaire fantasmagorique de la façade. La représentation du monde par les hommes et femmes du Moyen-Âge devait être très différente de la nôtre.
Qui est la statue, qui est la vraie entre les deux dames habillées en rouge ? La statue polychrome ne relève pas de la fantaisie mais de l’observation. La grand-mère bretonne est haute en couleurs.
La question taraudait les archéologues depuis des lustres : à quoi servaient les dolmens ? Nous avons la réponse : à sécher les tentes. Tout autre interprétation est une contre-vérité qui insulte l’Histoire.
Je n’ai pas photographié les bonnes soeurs en tenue blanche et voile sombre (au secours ! notre civilisation fout le camp ! nous sommes envahis par des femmes qui portent le voile !). J’ai connu des soeurs dans mon enfance, drôles et actives, bien plus libres dans leurs manières que la plupart des femmes de cette époque. Ces soeurs blanches ne déambulaient à l’heure de la sieste que par paquets de trois. Une règle sans doute.
Pâté Hénaff, pâté du mataf (matelot) ! Et du cyclo-campeur donc. Goûteux, de qualité, léger, peu encombrant, économique, s’accordant merveilleusement avec une baguette de qualité, il s’est décliné récemment, pour le plus grand bonheur de nos papilles. Merci, M. Hénaff !
L’inconvénient à Malestroit, c’est que le cadre du pique-nique n’est pas terrible. Je rigole ! Korrigans bretons, ne vous fâchez pas…
Nous avons bien trouvé le camping de Bains-sur-Oust, à l’Île-aux-pies. Toutefois, néanmoins et cependant, il était fermé. A la mairie, ils ne connaissaient que les campings municipaux des alentours, un peu loin pour nous. Heureusement, Gogole nous a dit qu’une ferme-auberge-camping était à quelques kilomètres sur la même commune.
Nous l’avons rejointe par la redoutable et fort dangereuse D873 où les bretons nous ont une nouvelle fois démontré qu’ils sont de redoutables abrutis au volant, refusant de ralentir, n’hésitant pas à dépasser un groupe de cyclistes à plus de 90 km/h et à moins d’un mètre de distance. Glaçant.
Le camping à la ferme de la Morinais rejoint, il s’est avéré plaisant, vaste, très calme, bien suffisamment équipé pour nos besoins, et économique. Le grand jeu de mémoire consistait à tenter de se souvenir à quel éclairage correspondait quel bouton, pour les toilettes, les éviers et les douches. J’ai pas gagné, même au bout de trois essais. Nous nous sommes joyeusement étalés. Bon, il y avait bien les pommes suicidaires qui faisaient du bruit en tombant de leur arbre (qui dira le drame social qui conduit les pommes au suicide? Que font les sociologues?). Les noix n’étaient d’ailleurs pas en reste. On s’est fait des niches avec les noix. Et hop ! Trois noix dans le casque. Deux noix dans le sac de couchage, et une autre balancée sur la tente au moment de l’endormissement. Avec des pommes, ç’aurait pu être moins ragoûtant.
G12 de Bains-sur-Oust à Blain (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 45 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 157 dénivelé positif aux 100 km 261 temps de pédalage 4h16 température minimale 10 température maximale 24
temps sensible : brumeux puis nuageux, 5h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=uhpweezpqzncggre
Le petit matin fut brumeux et frais. L’automne finissait quand même par montrer le bout de son nez.
Nous avons rejoint le canal par des petites routes en évitant les redoutables grosses départementales. Le détour pour arriver à Redon est de quelques kilomètres, mais mieux vaut rester vivant et avoir un parcours plaisant. Nous avons croisé sur le chemin de halage des habitants polis, qui tiennent leur chien au passage des cyclistes, et sont sans rapport apparent avec les affeux trolls à moteur à explosion.
Le brouillard levé, le canal en Loire-Atlantique retrouvée nous offrit quelques belles vues.
Tiens, pourquoi cet homme a l’accent chantant met-il un chapelet de boudins en travers du canal ? Il travaille pour une entreprise qui arrache la jussie commanditée par le département de Loire-Atlantique. Cette plante exogène peut rapidement tout envahir au détriment de la flore et la faune locales, la seule méthode pour la limiter est son arrachage plusieurs années de suite. Mes impôts servent donc aussi à ça. C’est bien.
L’un d’entre nous avait très envie de faire un tour sur le canal sur la barge du gentil monsieur. Le monsieur aimable l’emmena.
Le posture gaullienne est habituelle chez notre compagnon de route pour exprimer son contentement.
Le conducteur du bateau le ramena sur la terre ferme avec un atterrissage aussi délicat et précis que le démarrage. Merci Monsieur Sympathique.
Après cet intermède inattendu, notre petit groupe a repris sa route. On voit bien qu’on est en Loire-Atlantique. Avant, le chemin était goudronné, depuis c’est du gravier, parfois assez gros pour être peu roulant, parfois avec des trous et des bosses, parfois rendant la conduite du vélo chargé difficile, d’autant plus si le cadre n’est pas suffisamment rigide.
Pendant ce temps, les ramasseurs de jussie s’affairaient avec un bateau qui ressemblait à un tracteur, et une barge qui ressemblait à une remorque.
Ou en arrachant depuis un ponton au bord.
On avait presque atteint les 650 km. Nous n’avions eu à déplorer qu’un seul incident mécanique, un dépassement intempestif d’une chaîne au-delà du plus grand pignon. Cette fois, ce fut une crevaison, de la roue arrière bien sûr. Sinon, c’est moins drôle.
Bonne occasion d’apprendre à faire soi-même.
Le trou est franc. Une réparation par rustine est possible, en gardant la chambre neuve en réserve dans la sacoche pour une autre occasion.
Le plus délicat fut de recentrer correctement la roue, comme souvent. Et après, ça repart.
Nous avions décidé de nous arrêter plutôt au camping de Blain qu’à celui du Gâvre. Pour rejoindre Blain, point n’est besoin de sortir du canal, c’est tout droit (aussi droit que les méandres de la rivière), aucune navigation n’est nécessaire (le GPS peut bien tomber en panne, on s’en moque), c’est tout plat, et les commerces sont bien mieux achalandés. Il est vrai qu’on entend un peu plus les camions de la grosse route et qu’on a pas de frites comme au Gâvre, mais ceci compense cela. Nous étions là aussi à peu près seuls dans le camping. Passé la fin août, les campings, c’est le désert. Dites donc, les retraités, faut prendre un peu l’air ! Y’a pas que la garde des petits-enfants au moment de la rentrée que diable !
Le soir nous étions parfois un peu mous du genou. Pédaler est une activité plutôt calmante. Se relever après le souper pour aller faire la vaisselle à la nuit tombée est une épreuve qui ne suscite pas l’enthousiasme. L’un d’entre nous déclara d’ailleurs solennellement en cette circonstance : « je suis tellement énervé que je casserai bien un arbre ». C’est dire.
G13 de Blain à Nantes (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 54 km accomplis 57 dénivelé positif accompli 310 dénivelé positif aux 100 km 548 temps de pédalage 4h06 température minimale 11 température maximale 25
temps sensible : éclaircies, 8 h d’ensoleillement, 0 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=gfolsqhjeggsrfns
La dernière fois que je m’étais arrêté camper à Blain, j’avais fait un arrêt-café à La Chevallerais. Cette fois, pareil. Les tables étaient installées sur la terrasse, mais pas les chaises.
Sitôt demandé, sitôt fait. Le commerçant est serviable.
Il réinstalle le parasol sur la grosse péniche après le passage du petit pont. Ce bateau sert à promener des handicapés qui peuvent ainsi passer leur journée dans une chaise longue plutôt que dans leur fauteuil.
Au-revoir canal ! Très provisoirement, puisque nous y sommes revenus en promenade le dimanche suivant. Insatiables.
Nous avons ensuite coupé pour rejoindre Casson puis la Chapelle-sur-Erdre. À Casson, les dames se sont aperçues, en procédant à des tests avec les vélos des messieurs sur le parking du café fermé, que les vélos pour dames ne sont pas adaptés au voyage. Vieux motard que j’aimais. Elles achètent des cadres pour dame par conformisme social. Les cadres bas sont trop souples pour pouvoir être chargés en raison de l’absence de barre horizontale. La charge les rend difficile et fatigants à conduire notamment quand le revêtement de la voie n’est pas de bonne qualité, voire dangereux en descente. On préfèrera les cadres sloping hauts (qu’utilisent aussi les messieurs quand ils commencent à avoir du mal à lever la jambe). Les cadres sloping bas et autres cols-de-cygne à la hollandaise ne sont intéressants que pour les porteurs de soutances et de djellabas et les porteuses de jupes et robes longues. choisir un vélo de voyage à pas cher
En guise de conclusion.
km prévus 575 km accomplis 686 dénivelé positif accompli 4715 dénivelé positif aux 100 km 687 temps de pédalage total 49h23 temps moyen de pédalage quotidien 3h32
Nous aurons fait 112 km de plus que prévu. À cause des détours pour prendre le café, aller à l’alimentation, ou trouver une autre route quand celle prévue était impraticable. Il est courant de faire 10% de plus que calculé sur carte. 20% comme cette fois, c’est exceptionnel.
Les côtes, nous les avons montées. Elles auraient paru bien modestes à des grimpeurs accomplis. Pour des habitants de la Loire-Aquatique habitués aux platitudes des bords de Loire en son estuaire, ce n’est déjà pas si mal. Surtout avec des vélos lourdement chargés.
Nous n’aurons pas eu à subir d’averse en roulant. Même s’il a plu la nuit, et le jour pendant que nous étions à l’abri. Septembre en Bretagne, c’est sec. CQFD, et ce n’était pas a priori gagné. Pendant des jours, la météo nous a annoncé de la pluie. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue, laï laï laï laï oh oh.
Les petits incidents (crevaisons notamment) étaient dus pour l’essentiel à un pneu qui aurait du être changé avant le départ à cause de son usure prononcée. Au moins, en apprenant à réparer, on apprend l’autonomie. L’emplâtre ou la rustine pour pneu (TB-2 Park Tool) a fait quelques adeptes supplémentaires. Après installation sur la déchirure du pneu, on a l’impression de passer sur un (petit) cahot à chaque tour de roue à cause de la surépaisseur collée à l’intérieur du pneu pour le consolider, mais on peut finir le voyage. La prochaine fois, il faudra faire le tour du vélo pour s’assurer du bon état de la machine. Le métier rentre progressivement.
La suite l’année prochaine, parce que les voyages en climat océanique en dormant dans des petites tentes au-delà de septembre, ça commence à craindre… Et les jours raccourcissent de plus en plus vite. En attendant, on va s’entrainer en se promenant régulièrement sur nos petits vélos.
Les cartes et itinéraires ont été composés à partir du site GPSies réalisé et entretenu par Klaus Bechtold. Ceci n’est pas une publicité commerciale, l’utilisation de GPSies est gratuite.
L’objectif de ce voyage en cyclo-camping était le lac de Guerlédan situé presque à l’exact milieu de la Bretagne. Ce lac artificiel a été réalisé au lendemain de la première guerre mondiale. Il était destiné à alimenter la région en électricité. L’année dernière, il a été vidé pour la réalisation de travaux d’entretien et a attiré une foule de curieux. Le moteur de mon VAE ayant rendu l’âme quelques kilomètres après le départ – il a été remplacé depuis, j’avais du rentrer en taxi et regarder partir mes petit-e-s camarades.
Un peu de ténacité est nécessaire pour voyager à vélo. Cette année donc, nouveau départ, avec la ferme intention d’aller au bout, pour voir le lac plein cette fois. Ce qui fut fait.
La ligne droite, à vol d’oiseau, fait plus ou moins 150 km. En voiture, il faut environ deux heures un quart pour avaler les 180 km de route. Il nous aura fallu une semaine de vélo pour y aller, et presque autant pour revenir. La lenteur est une composante essentielle de ce genre de voyage. On peut voir ci-dessous l’itinéraire de la première partie du voyage, de Nantes à Guerlédan. Les étapes sont numérotées de G1 à G13. L’itinéraire a été composé en empruntant, partiellement, des véloroutes et voies vertes, que l’on trouve sur des sites comme Openrunner ou GPSies en utilisant les fonds de cartes OSM vélo ou Sigma Cycle Un site pour les parcours GPSies
G1 de Nantes à Savenay (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette première étape :
km prévus 43 km accomplis 54 dénivelé positif en mètres 308 dénivelé positif aux 100km 565 temps de pédalage 3h52 température minimale 11 températeur maximale 26
Temps sensible : 11h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations (pas vu)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fwcbpzkljywzzsxs
Une feuille de route est donnée à chacun pour se situer au moins sommairement pendant l’avancée, en voici un extrait :
Cliquer sur une photo pour l’agrandir.
Nous nous étions donné rendez-vous Place Royale à Nantes, au pied de la fontaine surmontée de statues figurant la Loire et ses affluents. D’étranges personnages aux oreilles recouvertes de casques déambulaient sur la place, certains dansant en silence. La i-civilisation est en marche.
Nos casques étaient plutôt sur la tête. On a déjà assez de mal à communiquer en roulant à cause du bruit (éventuel) des voitures, des pneus au roulage, et, pour certains d’entre nous (mais pas tous, loin s’en faut) d’une presbyacousie débutante. Nous voilà donc sur le départ avec nos i-vélos, nos i-sacoches, nos i-tentes et nos i-camping-gaz, quoique la plupart de nos machines soient des plus classiques, de banals VTC équipés pour le transport des bagages.
Cette génisse croisée dans les marais Audubon, après Couëron, annonçait bien le léger grain de folie qui nous a accompagné tout au long du périple. Ou bien elle s’est approchée trop près de la i-clôture et a pris un coup de jus.
Coucou, les voilou. À l’Arche du Dareau, à hauteur du chantier de construction de bateaux en bois, ils avaient filé tout droit quand les autres tournaient à droite. Les petites routes tranquilles des marais étant ce qu’elles sont, nous ne pouvions que les retrouver à leur point de convergence.
Dès le premier pique-nique, chacun déballe des petites choses bien à lui, dont une mini cafetière italienne et un plaid. Le voyage à vélo, pour être un peu frugal, s’accommode néanmoins de quelques éléments de confort propres à chacun. Pour le reste, nos équipages se ressemblent : gamelles, gaz, tente, matelas, duvet, vêtements, etc.
Entre Cordemais (usine de production d’électricité avec du fuel) et Bouée, les propriétaires de cette haie ont eu l’idée d’agrémenter les arbres ététés de vives couleurs.
Premier camping à Savenay. Les emplacements sont pelés, la faute à un été particulièrement sec, mais nous offrent toute la place dont nous avons besoin en cette arrière saison largement désertée par les touristes.
G2 de Savenay aux Bellions Fégréac (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Nous n’avons que peu suivi le canal de Nantes à Brest au cours de ces deux premières journées. L’Eurovélo 1, dite « Vélodyssée » en France, passe par Nantes mais ne longe pas l’Erdre d’où part le canal à l’écluse de Quiheix, entre Sucé-sur-Erdre et Nort-sur-Erdre, et rejoint la Vilaine à l’écluse des Bellions, objectif du jour.
Les données de cette deuxième étape :
km prévus 44 km accomplis 48 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h21 température minimale 14.5 température maximale 26.5
Temps sensible : éclaircies le matin, couvert l’après-midi et en soirée, 0.2mm de précipitations (seulement, alors qu’il bruinait nettement le soir)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=khxejwdumqpufgwo
La petite église de Notre-Dame-de-Grâce a été construite en 1951-52, l’ancienne ayant été détruite par les bombardements des américains pendant la seconde guerre mondiale. Les allemands ont résisté autour de Saint-Nazaire plus longtemps qu’ailleurs. On a du mal à imaginer le déluge d’obus reçus par ces petites communes rurales pendant huit mois. Nous y avons rejoint le canal pour en emprunter le chemin de halage vers l’Ouest, canal qui est l’Isac canalisé, là où au Moyen-Âge le gué permettait de remonter vers la Bretagne depuis la Loire.
La clarté du ciel est quelque peu trompeuse. Un petit vent aigrelet et l’humidité au bord de l’eau sous les frondaisons abaissent la température sensible. Pour éviter le frisson de veau (sensation de froid après le repas, due au fait que l’organisme est occupé à digérer), mieux vaut se couvrir.
Près du site de Saint-Clair, en contrebas de Guenrouët (gué blanc en breton), l’auberge offre une terrasse avec vue sur la halte fluviale, mais le café n’est pas très bon.
Arrivée aux Bellions, près de l’écluse où les bateaux passent du canal à la Vilaine et rejoignent Redon, ou l’Océan Atlantique. Le site est connu et les campings-cars s’y entassent.
Le pont le plus récent a été conçu pour les voitures.
Le pont plus ancien est fait pour les charettes, avec de bonnes grosses bornes en pierre pour que les roues ne risquent pas d’abîmer la rambarde.
Une chapelle Saint-Jacques marque l’entrée du camping. Tous les chemins mènent à Saint-Jacques, comme toutes les routes mènent à Rome…
Ce camping est des plus simples. Sa clientèle est composée pour l’essentiel de cyclistes qui font le canal. À tel point que la commune envisage de le réserver exclusivement aux cyclo-campeurs, ce qui serait une originalité quand d’autres n’ont plus d’emplacements pour les tentes tant les boites à mazout envahissent tout. J’estime que ce serait dommage. Je ne suis pas pour la ségrégation. On ne risque pas dans ce genre de camping d’être embêté par les animations nocturnes. Par contre, si quelqu’un avait eu la télécommande pour baisser le son des oiseaux, on aurait été plus tranquilles.
Le gestionnaire a tenté de nous faire payer un emplacement par tente, puis a trouvé un compromis acceptable pour nos cinq tentes qui n’occupent que trois m² chacune. La douche (il n’y en a qu’une) est antidéluvienne, et fonctionne avec des jetons. Comme il y a cinquante ans. Quelques uns se sont débrouillés pour se laver avec leur bidon pour s’arroser et une réserve d’eau tiède transportée depuis l’évier dans une cuvette pliable. Dix litres d’eau suffisent pour se laver correctement.
En septembre, la nuit tombe tôt. Heureusement, les smarphones sont rétro-éclairés. Celui-ci n’avait pas la fonction télécommande pour les oiseaux.
G3 de Fégréac à Saint-Just (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Un des objectifs touristiques de cette tournée était les alignements de Saint-Just, moins célèbres que ceux de Carnac, mais plus sauvages. Ils méritent le détour et de grimper les quelques côtes pour y parvenir.
Les données de cette troisième étape :
km prévus 37 km accomplis 42 dénivelé positif accompli 225 dénivelé positif aux 100 km 472 temps de pédalage 3h13 température minimale 13 température maximale 25
temps sensible : nuageux et éclaircies, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ygfhqihdarnpllci
Au départ des Bellions, l’un s’affaire pendant que d’autres patientent en devisant. Il nous aura fallu de moins en moins de temps pour plier le matin au fur et à mesure du voyage, et nous avons été de mieux en mieux synchronisés. Il faut quand même sans se hâter une heure et demi pour démarrer depuis le réveil. “On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !” aura été répété d’un ton faussement agacé chaque fois que quelqu’un demandait si on avait le temps de…
Le voyage à vélo, tel que nous le pratiquons, induit un état d’esprit paradoxal. Le voyage est lent, la vitesse d’avancée est ce qu’elle est, vouloir se dépécher, surtout sur le vélo, fatigue excessivement sans gain de temps appréciable, les temps de pause et de ravitaillement sont indispensables et doivent être respectés, et pourtant il existe une tension pour arriver.
La très longue tente à trois arceaux en arrière-plan n’est occupée que par une jeune femme belge à vélo qui voyage seule, sans délai imparti à ce qu’elle dit. De quoi vit-elle ? Les femmes sont de plus en plus nombreuses à voyager seules, tout comme les cyclo-campeurs en général, seuls, en groupe ou en famille, se multiplient un peu partout. Tant mieux. Plus on sera de folles et de fous à sacoches, et plus les services seront fournis et adaptés.
Surprise en arrivant à Redon, des peintures murales (à distinguer du graffiti illégal) ornent les murs des anciens entrepôts du port.
Cliquer sur la photo pour la voir en plus grand, et pouvoir lire les textes.
Les panneaux du sentier de découverte nous informent des particularités du lieu. Redon est un port au carrefour des canaux bretons, des routes à grande circulation et des marais. Et une question existentielle : au fait, où sont nos vaches ? Vais-je dormir cette nuit sans avoir la réponse ?
Notre cheminement le long de la Vilaine sur le confortable chemin de halage en sortant de Redon fut de courte durée. Nous avons tourné à gauche, vers le Nord, et trouvé un hâvre près de la chapelle de Trobert en bénéficiant de la chaleur renvoyée par le mur en pierres. Le guidage du GPS est bien utile sur ces toutes petites routes. On voit des pancartes avec des petites silhouettes de cyclistes et des numéros qui correspondent sans doute à des boucles locales. Hélas, comme d’hab dans le 35, rien ne dit dans quelle direction vont ces véloroutes.
Les côtes entament les jambes, pas la bonne humeur.
L’église de Saint-Just est construite en plaques de schistes. Normal, elles proviennent de la carrière toute proche encore en activité. Les habitants du cru avaient commencé à exploiter la caillasse, dalles de schiste bleu et blocs de quartz, pour faire des monuments mégalithiques, des cairns, tumulus, menhirs et dolmens, il y a 5000 ans. Plus récemment, il faisaient des palis pour fabriquer des palissades. Saint-Just ne compte pas moins de deux cafés ouverts le dimanche après-midi. Pas mal pour une commune de 1100 habitants.
Les mégalithes de la Lande de Cojoux à Saint-Just. Pour en savoir plus sur les mégalithes de Saint-Just https://www.lieux-insolites.fr/illevilaine/just/just.htm et sur les mégalithes en général : http://numeriphot.chez-alice.fr/megalithe.htm
La chaise longue de l’époque, testée et non approuvée…
Le camping de Saint-Just est juste en face des alignements. Là encore, il nous fallu attendre l’arrivée de la gestionnaire (qui ne s’appelle pas Leblanc) avant de pouvoir nous doucher, les sanitaires étant fermés à clé. Nous étions les seuls occupants de ce terrain. Mais que vont-ils faire tous au bord de la mer et des rivières quand on est si bien dans les landes bretonnes ?
G4 de Saint-Just à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette quatrième étape :
km prévus 57 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 662 dénivelé positif aux 100km 1142 temps de pédalage 4h20 température minimale 14 température maximale 31
temps sensible : très nuageux avec des éclaircies, 0.4mm de précipitations (la nuit), chaud
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ekolbuibajedfofy
Un autre genre de monument, d’acier et de verre coloré, le Super U de Pipriac, où nous avons précautionneusement fait nos courses pour ne point manquer au cours de la journée.
Tout de bronze coulé, l’altière statue du pioupiou de 14-18 rappelle le lourd tribut payé par la chair à mitraille que furent les paysans bretons.
Toujours pas si chaud, du moins le matin, mais un peu au soleil quand même près de l’église de ?? Saint Seglin ? Loutehel ? Je ne sais plus…
Le p’tit train s’en va dans la campagne.
Celle-ci, c’est celle de Maxent. C’est sûr. Le dénivelé annoncé faisait un peu peur. La véloroute et les bouts de voie verte n’étaient pas si pentus, probablement une ancienne voie ferrée, un peu loooooonguette mais sans difficulté majeure. Plélan-le-Grand nous permit de renouer avec la civilisation, les bagnoles partout, les odeurs de carburant avant l’arrivée à Paimpont où la place au camping était bien plus restreinte que les jours précédents. On s’habitue vite aux campings quasiment privatifs et aux grands espaces.
Les vannes du jour portaient sur les lieux d’étape. Où campons-nous demain ? À Paimpont ! Où campons-nous après-demain ? À Paimpont ! Quelle sera l’étape de demain ? Paimpont-Paimpont ! Les voisins du camping étaient charmants. S’ils n’avaient pas eu à leur combi une grande porte coulissante et bruyante manipulée jour et nuit, ils auraient été parfaits.
G5 de Paimpont à Paimpont (Ille-et-Vilaine, Bretagne)
Les données de cette cinquième étape :
km prévus 26 km accomplis 38 dénivelé positif accompli 461 dénivelé positif aux 100 km 1212 temps de pédalage 2h19 température minimale 16 température maximale 29
temps sensible : éclaircies et averses orageuses, 4 h d’ensoleillement, 14mm de précipitations pendant que nous étions à l’abri d’un préau, d’un commerce ou de nos tentes, temps pesant
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fpcwecbngstwbzbo
Cette journée était annoncée comme une étape de repos. Le repos fut actif, à tel point que d’aucuns prétendirent que la journée dite de repos relevait de l’escroquerie. Pure médisance. Quoique. Nous fûmes cueillis à froid en sortant de Paimpont par une belle bosse sur la départementale 40, bien droite et bien pentue. Le ciel était sombre, très sombre. À l’issue de la belle descente vers Tréhorenteuc où nous n’avions pas prévu d’aller, quelques gouttes commencèrent à tomber.
Nous trouvâmes refuge sous un préau sans avoir à subir la belle averse orageuse.
Nous n’étions pas les seuls, des groupes de marcheurs nous ayant rejoint pour la même raison. Encore un de ces endroits où l’on se croit seul et où des dizaines de personnes surgissent en quelques minutes.
Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Et parce que l’heure du déjeuner sonnait.
L’arbre doré du Val Sans Retour au milieu des mini-mégalithes. Oxymore.
La première des merveilles de la forêt de Brocéliande, la Fontaine de Barenton, qui serait bouillonnante. Il faut se hisser sur un mauvais chemin pentu, caillouteux et encombré de grosses racines pour y parvenir. La plupart d’entre nous ont fini à pied, bien que nous ayons laissé les lourdes sacoches au camping. Tout ça pour trois cailloux et un filet d’eau dans un petit coin sombre. Ben oui, en effet, c’est ça Brocéliande. On crapahute dans le relief, les cailloux et la forêt en souvenir du mythe de Merlin et Viviane, des romans du Moyen-Âge, et il n’y a pas grand chose à voir en fait… Comme l’écrivait Monsieur de la Fontaine : “De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien”. Les pyramides d’Egypte elles-mêmes ne sont que de gros tas de cailloux si on s’abstrait de leur valeur symbolique et historique.
Les maisons du village de Folle Pensée sont de la même teinte que les pierres et le sol autour de la Fontaine.
Le chêne millénaire, grosse patte d’éléphant.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.
Un petit goûter s’imposait. C’est fou ce qu’un petit goûter s’impose souvent à vélo. Le temps orageux-poisseux-lourd, ou juste un coup de buis, nous fit faire une pause plus longue qu’à l’habitude. On n’est pas pressés ! On n’est pas pressés !
Pour rejoindre Paimpont, et achever l’étape Paimpont-Paimpont, ça monte encore.
On en a vu rêver. À Viviane ?
L’abbaye de Paimpont, sous un ciel aussi sombre que celui de Tréhorenteuc. Le déluge arriva pile-poil quand nous étions dans l’alimentation.
G6 de Paimpont à Merdrignac (Côtes d’Armor, Bretagne)
Il n’est pas difficile d’imaginer qu’après les vannes sur Paimpont-Paimpont nous en fîmes d’autres sur l’étape Paimpont-Merdrignac, d’un goût encore pire que les précédentes.
Les données de cette sixième étape :
km prévus 51 km accomplis 58 dénivelé positif accompli 496 dénivelé positif aux 100 km 853 temps de pédalage 4h18 température minimale 15 température maximale 23
temps sensible : nuageux avec éclaircies, 5h d’ensoleillement, 3mm de précipitations (pas sur nos têtes)
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=biksznobaiutflae
Au sortir de la forêt privée de Brocéliande, la plus grande partie de cette forêt est privée, nous sommes passés par le petit morceau de forêt domaniale, devant le tombeau de Merlin.
Une autre merveille : un superbe caillou entouré d’un rond de pavés inégaux.
Nos vélos sont impeccablement rangés en épi. Très probablement à cause de la configuration, et pas du tout par volonté d’être ordonné.
La campagne du centre Bretagne est très belle, mais inhabituellement jaunâtre.
L’abbaye de Saint-Méen-le-Grand, patrie de Louison Bobet, et la magnifique statue de poilu polychrome. La véloroute régionale (ou départementale?) 6, V6 donc, qui y arrive est confortable. Les cyclistes ont tendance à occuper l’espace, contrairement aux marcheurs qui restent goupés.
Ces quelques pierres tombales exposées dans l’entrée de l’église attenante à l’abbaye ont peut-être été décapitées à la Révolution.
Ce qui subsiste des fresques. Les églises étaient très colorées. Les fresques et les vitraux illustraient des mythes pour la population analphabète.
Je n’ai pas vérifié, mais je ne serais pas surpris que l’autel et le chemin de croix datent du XIXème, qui n’était pas en reste question couleurs et décorations alambiquées.
Au supermarché du coin, le fabricant de pancartes est en délicatesse avec l’orthographe.
La voie verte n’est pas plate. Elle monte, lentement, très longtemps. Elle est plutôt roulante, et ne comporte pas ces stupides et inutiles sas, barrières et autres chicanes que l’on trouve fréquemment sur les voies vertes françaises.
Nous en sommes au début. Nous allons y rester un moment.
Nos tentes ont la place de s’étaler au camping de Merdrignac. Il y a même un mégalithe (récent) au milieu de notre campement. La bâche sert à protéger l’électronique et le petit moteur de mon i-vélo de la rosée et d’une (très) éventuelle averse.
G7 de Merdrignac à Mûr-de-Bretagne au bord du lac de Guerlédan (Côtes d’Armor et Morbihan, Bretagne)
Les données de cette septième étape :
km prévus 57 km accomplis 63 dénivelé positif accompli 516 dénivelé positif aux 100 km 815 temps de pédalage 4h43 température minimale 14 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 0h d’ensoleillement, 0.6mm de pluie
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fkxcqwnoqxtsbypu
L’heure de la pause méridienne est arrivée quelque part au bord de la V6, loin des voitures.
Et à côté de dépôts divers.
On a quand même avancé depuis hier.
À l’approche de Mûr, dans le final de l’étape, se hisser sur le viaduc de l’ancienne voie ferrée n’est pas si facile. La feuille de route est prudemment demeurée muette sur le sujet.
Inauguration d’une nouvelle méthode de séchage du double-toit, qui suppose de pouvoir courir à la fin de l’étape et de disposer d’assez d’espace pour faire le fou. Ah jeunesse ! Nos voisins britanniques en camping-car allemand sont restés très courtois même après cette démonstration.
Là aussi, l’alignement sur une droite est imposé par la configuration. Deux autres cyclo-campeurs étaient sur la même terrasse au-dessus du lac. Tous deux ont dormi dans des tentes anglaises Terra Nova. Ils étaient dans l’alignement, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, mais n’ont pas cherché le contact. Soit ils ne parlaient pas bien le français, soit nos beuglements de zigotos leur ont inspiré de la méfiance, la méthode de séchage de tente a éventuellement ajouté au tableau. Qu’écriront-ils dans leur blog ?
L’itinéraire de la deuxième partie du voyage, du lac de Guerlédan à Nantes.
G8 de Mûr-de-Bretagne à Pontivy (Morbihan, Bretagne)
Nous avions prévu de faire le tour du lac de Guerlédan. Sauf que ce n’est pas possible. On ne voit pas le lac depuis les routes, ou si peu, et la route qui permet de rejoindre le canal au plus court est un chemin privé interdit à la circulation. Nous avons donc visité la campagne environnante et ses multiples bosses et fait quelques kilomètres en sus du prévu, juste 45% de plus. Désolé…
Les données de cette huitième étape :
km prévus 47 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 586 dénivelé positif aux 100 km 868 temps de pédalage 4h51 température minimale 14,5 température maximale 20
temps sensible : nuageux le matin, éclaircies l’après-midi, 6 h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS :
- du parcours prévu (en violet) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=rmbgbpofzxwgzdpi
- du parcours effectué (en vert) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=iuxigvtsxlrcyrng
Nous n’avons pas eu le courage de remonter (le terme n’est pas usurpé) au bourg de Mûr pour y faire le plein de victuailles. Nous avons suivi la V6 jusqu’à Gauvel. Une petite faim se manifestant, au café, le patronne nous indiqua un distributeur de baguettes fraîches et artisanales situé juste en face de l’église. Difficile à rater. En Allemagne on trouve des distributeurs de chambres à air pour vélos et des prises de courant le long des voies vertes pour recharger les batteries des VAE. Quand on en sera là en France, on aura bien progressé.
L’artisan faisait justement le plein. Nous l’avons félicité pour la qualité de son pain et l’excellente idée du distributeur de baguettes.
L’autre bout du lac de Guerlédan.
Un pêcheur peinard dans son fauteuil gonflable. Je rappelle qu’on peut agrandir les photos en cliquant dessus. Faut suivre un peu !
Les ruines de l’abbaye de Bon Repos.
Quelques maisons très anciennes reconstituées.
Le canal étant dit “de Nantes à Brest”, je suppose que nous sommes au km 239 depuis Nantes.
Le pont sur le Blavet et le troquet de Bon Repos.
Pour une fois, nous avons le sentiment d’être le cœur de cible d’une (modeste) publicité qui me rappelle irrésistiblement les images des premiers congés payés.
Ce que ne dit pas l’allure altière de notre compagnon, c’est que la côte après Bon Repos fait environ 800 mètres de long, 8% de moyenne, avec un passage à 14%. Dur dur avec des vélos chargés comme des mules. Avec petit moteur ça passe. Grand, jeune, mince et en bonne santé aussi. Pour les autres, ce sera à pied. Cette difficulté aura marqué le début de notre cheminement vers le sud, sur la route du retour.
La fin du calvaire se fête par un pique-nique au pied de la croix de pierre.
La voie privée arrivant au Forges de la Salle étant interdite à la circulation, nous avons battu la campagne par Le Perret et Sainte-Brigitte pour rejoindre Saint-Aignan et notre itinéraire.
Aaaaaah ! Retour le long du canal. On se lasse parfois de sa platitude et de ses méandres un peu monotones, mais là, nous étions plutôt contents de le revoir.Prenons la pause sur la passerelle.
Le château de Pontivy.
Le camping de Pontivy n’a pas très bonne réputation. Pourtant, si l’on excepte les bacs à linge en ciment qui datent vraiment, le reste est acceptable. Les emplacements sont petits. Le gardien, le mot va bien au personnage ventripotent à la mine renfrognée, n’est pas un monstre d’amabilité. Il affiche un autoritarisme quelque peu hors de propos (par exemple en imposant un emplacement, la seule fois du voyage où cette prescription nous aura été faite, alors que les quatre cinquième du camping sont vides), surtout à l’égard des cyclistes il semblerait, mais pour le reste, ça va à peu près. Les lavabos ont tous des tuyaux qui fuient, l’eau chaude est un peu aléatoire, mais pour le reste ça va à peu près. En gros, ça va à peu près. Ah bon ? Je l’ai déjà dit ? À mon âge, il est un peu normal de radoter.
G9 de Pontivy à Josselin (Morbihan, Bretagne)
L’étape fut cool. Rien que du chemin de halage plat et tranquille. En conséquence, nous avons fait une moyenne plutôt plus élevée que d’habitude et un dénivelé des plus modestes.
Les données de cette neuvième étape :
km prévus 51 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 228 dénivelé positif aux 100 km 380 temps de pédalage 4h00 température minimale 11 température maximale 20.5
temps sensible : nuageux toute la journée, 3 h d’ensoleillement, 0.6mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=jmbmlqpeeowvjifn
Au départ de Pontivy, un bon café bien gourmand, mais pas donné.
Les maisons éclusières sont souvent très fleuries. Le maillot de notre camarade ne dépare pas dans les couleurs dominantes.
C’est plat. On roulotte. Pom, pom, pom.
Au bord du canal, une dame offre gracieusement des informations à caractère touristique, et des biscuits de fabrication locale, au beurre bien sûr.
S’il ne pleut guère, la rosée et la condensation sont néanmoins tenaces. Nous transformons immanquablement nos pauses méridiennes en camp de romanichels en étalant nos abris. Ce n’est pas le petit vin blanc qu’on boit du côté de Nogent mais les petites tentes qu’on sèche du côté de Rohan.
Éoliennes typiques.
Connerie typique ? Comment fait-on pour emprunter ce parcours soi-disant pour vélos ? Il n’est pas prévu qu’on aille par là, et c’est tant mieux.
Tout droit, ça n’a pas l’air mieux, c’est barré.
En s’approchant au plus près, ou en ayant une vue à 25/10èmes, on aperçoit l’écriteau affichant l’autorisation pour le passage des vélos. Si l’éclusière ne nous l’avait pas dit, nous aurions peut-être cherché une autre route.
Quand la terre est dure, la pierre taillée trouve encore son utilité. L’histoire ne dit pas si la campeuse a emporté le caillou pour planter à la fin de la prochaine étape. Si elle l’a fait, chapeau. Ça c’est de la prévoyance. Perso, je me contente d’un léger maillet en bois, largement suffisant, mais que plus personne ne vend. Tous les maillets de camping ont maintenant de trop lourdes têtes en caoutchouc et des manches en aluminium, non adaptés aux voyages à vélo.
G10 de Josselin à Josselin (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette dixième étape ne sont valables que pour moi. Les autres ont fait autre chose. Cette étape de repos fut vraiment de repos. Au bout de dix jours, elle n’était pas de trop. Certains ont fait rien du tout, genre crêperie avec déplacement en voiture (Non ? Si !). D’autres ont écrit des cartes postales. Tous ont fait un peu de tourisme.
Les données de l’étape :
km prévus 6 km accomplis 13 dénivelé positif accompli 185 dénivelé positif aux 100 km 1458 temps de pédalage 1h08 température minimale 13.5 température maximale 22
temps sensible : nuageux, 2h d’ensoleillement, 0.2mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=kzatpqgxqwcxwuna
Le dénivelé positif aux 100 km (obtenu en divisant le dénivelé accompli par le nombre de km accomplis puis en multipliant le résultat par 100, ce qui permet de comparer des étapes entre elles) paraît important. La faute en incombe au relief plutôt prononcé autour et dans Josselin, sauf au bord du canal. Pour monter à Josselin par le sens unique, il faut passer par une petite rue qui nous fait bien dans les 14%. Nous l’avions faite la veille pour trouver le Super U et le Leclerc. On peut l’éviter, mais en prenant la voie des bagnoles à contresens.
La municipalité de Josselin n’a pas encore mis en place le double sens cyclable pourtant obligatoire dans les voies à sens unique, la largeur de la voie étant très suffisante. Les aménagements cyclables ne sont vraiment pas le fort de ces petites villes du centre Bretagne. Pourtant, ça ne coûte à peu près rien. Ils sont encore dans les années 60 et l’automobile triomphante dont on ne peut se passer même pour faire deux cent mètres ; je ne serais pas vraiment surpris si la photo du Président Pompidou était affichée dans la mairie. Il doit bien y avoir ici et là quelques cochons durables, mais il sont rares. Breizh Nox demeure leur slogan préféré, avec les quatre voies gratuites, l’agriculture chimique pour vendre à vil prix et payer des salaires de misère. Le benêt rouge a encore de beaux jours devant lui. Je n’oublie pas le taux le plus élevé de France au baccalauréat et le nombre d’agrégés au m² du côté du pays Bigouden.
La transformation des charmants bretons à l’humour affirmé et à l’accueil chaleureux en méchants agressifs et d’une impatience pathologique dès qu’ils sont derrière un volant demeure un mystère, un peu comme les korrigans peuvent être bénéfiques ou maléfiques. Pourquoi sont-ils aussi lambins aux caisses des supermarchés en conversant à la cantonade sur les nouvelles de la famille et aussi impatients et inhumains dès qu’ils sont enfermés dans leurs boites en fer ? Comment faisait-on du camping avant l’invention de la fermeture éclair ? Mais au fait, où sont nos vaches ? Ces questions métaphysiques demeurent pendantes…
Une tour du château vue depuis le quartier Sainte-Croix situé au sud du canal.
Le caractère défensif, et impressionnant, du château demeure.
Une rue semi-piétonne dans le bourg côté nord (« où on peut écraser les piétons à moitié ?» avait dit un vieux monsieur en découvrant le panneau). Les voitures sont féroces, la preuve : ils mettent des grosses bites en fer pour protéger les piétons.
La basilique Notre-Dame-du-Roncier.
La plus vieille maison de Josselin.
Nous nous étions installés pour deux nuits au camping des Cerisiers, à deux kilomètres de Josselin, le camping de Josselin nous ayant été déconseillé. L’emplacement était le plus petit, le moins ensoleillé et le plus cher du voyage. Le jour de repos fut mis à profit pour faire de la lessive.
G11 de Josselin à Bains-sur-Oust (Morbihan, Bretagne)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 56 km accomplis 68 dénivelé positif accompli 214 dénivelé positif aux 100 km 314 temps de pédalage 4h29 température minimale 12 température maximale 21
temps sensible : très nuageux, 1 h d’ensoleillement, 0.2 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS (ce n’est pas le parcours fait, mais le conseillé) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=fjplyzcgugjwoxdc
Le Roc-Saint-André et sa petite église au clocher découpé perchée sur le caillou. Je n’en ai pas de preuve, mais je parierai volontiers que cette émergence était déjà un lieu de culte aux temps les plus reculés. La religion chrétienne a intégré les cultes anciens.
Publicité pour Carrefour à base de légumes. Plutôt réussi.
Statue polychrome devant un bar à Malestroit. Le breton ne craint la couleur ni sur les maisons de pêcheurs ni sur les statues de grands-mères.
Le porche de l’église, où des statues allégoriques, certaines fantastiques, ont été probablement intégrées dans un bâtiment plus récent.
En haut, quelque Saint-Michel terrasse quelque dragon, mais en bas, que font là cet acrobate la tête en bas et ce personnage stylisée quasiment hiéroglyphique ?
Vue d’ensemble de l’église bien entourée de commerces et de voies à sens unique, avec, je le note, des double sens cyclables. Bravo Malestroit, vous serez mieux notée que vos cousines.
De la couleur vous dis-je, même pour les compositions florales de deuil.
Une cyclo-campeuse, parmi d’autres cyclistes vus à Malestroit, avec une tenue disons, un peu curieuse pour faire du vélo, et un grand tendeur par dessus le chargement qui montre le caractère encore amateur de l’équipage.
« Le reste ça va, mais c’est la selle qui est pénible » nous a déclaré ce voyageur. Choisi une autre selle, camarade ! Un vrai cuissard résout beaucoup de ces problèmes que le voyageur à vélo doit éliminer, Des petites marques françaises font des choses sympathiques, comme Wear Design (bon gel efficace) ou Ekoi, des plus anciennes tout aussi françaises font des choses confortables comme Poli. Les américains proposent des produits de qualité et qui durent tel Gore Bike Wear. Les suisses de chez Assos vendent à prix d’or des cuissards très confortables et durables. Faut arrêter avec les machins importés du Bengladech vendus dans des grandes surfaces qui n’ont de sport que l’apparence. En cas de pépin, voire à titre préventif, tartinez-vous avec du Cetavlon. Si c’est brulé grave, allez-y à la crème pour bébé type Mitosyl (cette dernière tâche les vêtements, pas la première). Et levez-vous le derrière de temps en temps en roulant, pour détendre les muscles des jambes, du dos et des épaules, éviter la macération en vous lavant soigneusement tous les jours et de prendre des chocs dans les passages où le revêtement est inégal.
L’église vue de l’intérieur.
On n’est jamais bien loin d’un chemin de Saint-Jacques en ces terres d’obédience catholique. Ce Jacques est naïf.
Des fresques récemment re-découvertes, allant bien avec le bestiaire fantasmagorique de la façade. La représentation du monde par les hommes et femmes du Moyen-Âge devait être très différente de la nôtre.
Qui est la statue, qui est la vraie entre les deux dames habillées en rouge ? La statue polychrome ne relève pas de la fantaisie mais de l’observation. La grand-mère bretonne est haute en couleurs.
La question taraudait les archéologues depuis des lustres : à quoi servaient les dolmens ? Nous avons la réponse : à sécher les tentes. Tout autre interprétation est une contre-vérité qui insulte l’Histoire.
Je n’ai pas photographié les bonnes soeurs en tenue blanche et voile sombre (au secours ! notre civilisation fout le camp ! nous sommes envahis par des femmes qui portent le voile !). J’ai connu des soeurs dans mon enfance, drôles et actives, bien plus libres dans leurs manières que la plupart des femmes de cette époque. Ces soeurs blanches ne déambulaient à l’heure de la sieste que par paquets de trois. Une règle sans doute.
Pâté Hénaff, pâté du mataf (matelot) ! Et du cyclo-campeur donc. Goûteux, de qualité, léger, peu encombrant, économique, s’accordant merveilleusement avec une baguette de qualité, il s’est décliné récemment, pour le plus grand bonheur de nos papilles. Merci, M. Hénaff !
L’inconvénient à Malestroit, c’est que le cadre du pique-nique n’est pas terrible. Je rigole ! Korrigans bretons, ne vous fâchez pas…
Nous avons bien trouvé le camping de Bains-sur-Oust, à l’Île-aux-pies. Toutefois, néanmoins et cependant, il était fermé. A la mairie, ils ne connaissaient que les campings municipaux des alentours, un peu loin pour nous. Heureusement, Gogole nous a dit qu’une ferme-auberge-camping était à quelques kilomètres sur la même commune.
Nous l’avons rejointe par la redoutable et fort dangereuse D873 où les bretons nous ont une nouvelle fois démontré qu’ils sont de redoutables abrutis au volant, refusant de ralentir, n’hésitant pas à dépasser un groupe de cyclistes à plus de 90 km/h et à moins d’un mètre de distance. Glaçant.
Le camping à la ferme de la Morinais rejoint, il s’est avéré plaisant, vaste, très calme, bien suffisamment équipé pour nos besoins, et économique. Le grand jeu de mémoire consistait à tenter de se souvenir à quel éclairage correspondait quel bouton, pour les toilettes, les éviers et les douches. J’ai pas gagné, même au bout de trois essais. Nous nous sommes joyeusement étalés. Bon, il y avait bien les pommes suicidaires qui faisaient du bruit en tombant de leur arbre (qui dira le drame social qui conduit les pommes au suicide? Que font les sociologues?). Les noix n’étaient d’ailleurs pas en reste. On s’est fait des niches avec les noix. Et hop ! Trois noix dans le casque. Deux noix dans le sac de couchage, et une autre balancée sur la tente au moment de l’endormissement. Avec des pommes, ç’aurait pu être moins ragoûtant.
G12 de Bains-sur-Oust à Blain (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 45 km accomplis 60 dénivelé positif accompli 157 dénivelé positif aux 100 km 261 temps de pédalage 4h16 température minimale 10 température maximale 24
temps sensible : brumeux puis nuageux, 5h d’ensoleillement, 0mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=uhpweezpqzncggre
Le petit matin fut brumeux et frais. L’automne finissait quand même par montrer le bout de son nez.
Nous avons rejoint le canal par des petites routes en évitant les redoutables grosses départementales. Le détour pour arriver à Redon est de quelques kilomètres, mais mieux vaut rester vivant et avoir un parcours plaisant. Nous avons croisé sur le chemin de halage des habitants polis, qui tiennent leur chien au passage des cyclistes, et sont sans rapport apparent avec les affeux trolls à moteur à explosion.
Le brouillard levé, le canal en Loire-Atlantique retrouvée nous offrit quelques belles vues.
Tiens, pourquoi cet homme a l’accent chantant met-il un chapelet de boudins en travers du canal ? Il travaille pour une entreprise qui arrache la jussie commanditée par le département de Loire-Atlantique. Cette plante exogène peut rapidement tout envahir au détriment de la flore et la faune locales, la seule méthode pour la limiter est son arrachage plusieurs années de suite. Mes impôts servent donc aussi à ça. C’est bien.
L’un d’entre nous avait très envie de faire un tour sur le canal sur la barge du gentil monsieur. Le monsieur aimable l’emmena.
Le posture gaullienne est habituelle chez notre compagnon de route pour exprimer son contentement.
Le conducteur du bateau le ramena sur la terre ferme avec un atterrissage aussi délicat et précis que le démarrage. Merci Monsieur Sympathique.
Après cet intermède inattendu, notre petit groupe a repris sa route. On voit bien qu’on est en Loire-Atlantique. Avant, le chemin était goudronné, depuis c’est du gravier, parfois assez gros pour être peu roulant, parfois avec des trous et des bosses, parfois rendant la conduite du vélo chargé difficile, d’autant plus si le cadre n’est pas suffisamment rigide.
Pendant ce temps, les ramasseurs de jussie s’affairaient avec un bateau qui ressemblait à un tracteur, et une barge qui ressemblait à une remorque.
Ou en arrachant depuis un ponton au bord.
On avait presque atteint les 650 km. Nous n’avions eu à déplorer qu’un seul incident mécanique, un dépassement intempestif d’une chaîne au-delà du plus grand pignon. Cette fois, ce fut une crevaison, de la roue arrière bien sûr. Sinon, c’est moins drôle.
Bonne occasion d’apprendre à faire soi-même.
Le trou est franc. Une réparation par rustine est possible, en gardant la chambre neuve en réserve dans la sacoche pour une autre occasion.
Le plus délicat fut de recentrer correctement la roue, comme souvent. Et après, ça repart.
Nous avions décidé de nous arrêter plutôt au camping de Blain qu’à celui du Gâvre. Pour rejoindre Blain, point n’est besoin de sortir du canal, c’est tout droit (aussi droit que les méandres de la rivière), aucune navigation n’est nécessaire (le GPS peut bien tomber en panne, on s’en moque), c’est tout plat, et les commerces sont bien mieux achalandés. Il est vrai qu’on entend un peu plus les camions de la grosse route et qu’on a pas de frites comme au Gâvre, mais ceci compense cela. Nous étions là aussi à peu près seuls dans le camping. Passé la fin août, les campings, c’est le désert. Dites donc, les retraités, faut prendre un peu l’air ! Y’a pas que la garde des petits-enfants au moment de la rentrée que diable !
Le soir nous étions parfois un peu mous du genou. Pédaler est une activité plutôt calmante. Se relever après le souper pour aller faire la vaisselle à la nuit tombée est une épreuve qui ne suscite pas l’enthousiasme. L’un d’entre nous déclara d’ailleurs solennellement en cette circonstance : « je suis tellement énervé que je casserai bien un arbre ». C’est dire.
G13 de Blain à Nantes (Loire-Atlantique, Pays de la Loire)
Les données de cette onzième étape :
km prévus 54 km accomplis 57 dénivelé positif accompli 310 dénivelé positif aux 100 km 548 temps de pédalage 4h06 température minimale 11 température maximale 25
temps sensible : éclaircies, 8 h d’ensoleillement, 0 mm de précipitations
Pour accéder à la carte du parcours du jour et/ou le télécharger pour GPS : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=gfolsqhjeggsrfns
La dernière fois que je m’étais arrêté camper à Blain, j’avais fait un arrêt-café à La Chevallerais. Cette fois, pareil. Les tables étaient installées sur la terrasse, mais pas les chaises.
Sitôt demandé, sitôt fait. Le commerçant est serviable.
Il réinstalle le parasol sur la grosse péniche après le passage du petit pont. Ce bateau sert à promener des handicapés qui peuvent ainsi passer leur journée dans une chaise longue plutôt que dans leur fauteuil.
Au-revoir canal ! Très provisoirement, puisque nous y sommes revenus en promenade le dimanche suivant. Insatiables.
Nous avons ensuite coupé pour rejoindre Casson puis la Chapelle-sur-Erdre. À Casson, les dames se sont aperçues, en procédant à des tests avec les vélos des messieurs sur le parking du café fermé, que les vélos pour dames ne sont pas adaptés au voyage. Vieux motard que j’aimais. Elles achètent des cadres pour dame par conformisme social. Les cadres bas sont trop souples pour pouvoir être chargés en raison de l’absence de barre horizontale. La charge les rend difficile et fatigants à conduire notamment quand le revêtement de la voie n’est pas de bonne qualité, voire dangereux en descente. On préfèrera les cadres sloping hauts (qu’utilisent aussi les messieurs quand ils commencent à avoir du mal à lever la jambe). Les cadres sloping bas et autres cols-de-cygne à la hollandaise ne sont intéressants que pour les porteurs de soutances et de djellabas et les porteuses de jupes et robes longues. choisir un vélo de voyage à pas cher
En guise de conclusion.
km prévus 575 km accomplis 686 dénivelé positif accompli 4715 dénivelé positif aux 100 km 687 temps de pédalage total 49h23 temps moyen de pédalage quotidien 3h32
Nous aurons fait 112 km de plus que prévu. À cause des détours pour prendre le café, aller à l’alimentation, ou trouver une autre route quand celle prévue était impraticable. Il est courant de faire 10% de plus que calculé sur carte. 20% comme cette fois, c’est exceptionnel.
Les côtes, nous les avons montées. Elles auraient paru bien modestes à des grimpeurs accomplis. Pour des habitants de la Loire-Aquatique habitués aux platitudes des bords de Loire en son estuaire, ce n’est déjà pas si mal. Surtout avec des vélos lourdement chargés.
Nous n’aurons pas eu à subir d’averse en roulant. Même s’il a plu la nuit, et le jour pendant que nous étions à l’abri. Septembre en Bretagne, c’est sec. CQFD, et ce n’était pas a priori gagné. Pendant des jours, la météo nous a annoncé de la pluie. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue, laï laï laï laï oh oh.
Les petits incidents (crevaisons notamment) étaient dus pour l’essentiel à un pneu qui aurait du être changé avant le départ à cause de son usure prononcée. Au moins, en apprenant à réparer, on apprend l’autonomie. L’emplâtre ou la rustine pour pneu (TB-2 Park Tool) a fait quelques adeptes supplémentaires. Après installation sur la déchirure du pneu, on a l’impression de passer sur un (petit) cahot à chaque tour de roue à cause de la surépaisseur collée à l’intérieur du pneu pour le consolider, mais on peut finir le voyage. La prochaine fois, il faudra faire le tour du vélo pour s’assurer du bon état de la machine. Le métier rentre progressivement.
La suite l’année prochaine, parce que les voyages en climat océanique en dormant dans des petites tentes au-delà de septembre, ça commence à craindre… Et les jours raccourcissent de plus en plus vite. En attendant, on va s’entrainer en se promenant régulièrement sur nos petits vélos.
Les cartes et itinéraires ont été composés à partir du site GPSies réalisé et entretenu par Klaus Bechtold. Ceci n’est pas une publicité commerciale, l’utilisation de GPSies est gratuite.