Dans la famille des drones Male (Moyenne Altitude Longue Endurance), un nouveau venu fait sensation : l’Aarok de Turgis & Gaillard, le premier drone entièrement made in France. Son prototype sera présenté lors du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget la semaine prochaine. Après trois années de développement, cet aéronef pourrait bien chambouler les plans bien huilés du ministère des Armées.
Un concurrent de taille pour l’EuroDrone
Actuellement, l’armée de l’air est équipée de drones de combat américains MQ-9 Reaper. Toutefois, elle a prévu d’acquérir 18 EuroDrones d’ici 2035. Développé depuis 2013 par un consortium composé des avionneurs Airbus Defence and Space, Dassault Aviation et Leonardo, ce drone imposant et coûteux (115 millions d’euros par unité) promet l’interopérabilité, l’évolutivité et la souveraineté. Mais l’Aarok, véritable trouble-fête, répond à tous ces critères et bien plus encore, pour satisfaire les exigences des militaires français.
L’entreprise Turgis & Gaillard a autofinancé ce projet. Elle n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle a déjà conçu des systèmes d’appui-feu, tels que le SSA-1101 Gerfaut, qui transforme un avion de transport en bombardier. Avec l’Aarok, elle ne propose pas un simple drone bon marché à l’instar du célèbre Bayraktar TB-2 utilisé par l’armée ukrainienne au début du conflit pour attaquer les blindés et la logistique russes.
Une conception française sans composants américains
L’Aarok se positionne plutôt dans la même catégorie que le Reaper, mais sans les composants américains. Comme ce dernier, il dispose d’une grande endurance, capable de voler plus de 24 heures d’affilée. Avec une masse de 5,5 tonnes, soit deux fois moins que l’EuroDrone, il peut décoller et atterrir sur des pistes courtes et rudimentaires. Il sera équipé d’une optique grand format, d’un radar multimode et de capacités de renseignement électromagnétique. En matière d’armement, le drone pourra transporter 1,5 tonne de munitions, fixées sous trois points d’attache par aile.
En ce qui concerne la motorisation, l’avionneur a opté pour l’Ardiden 3TP de Safran. Selon le constructeur, l’aéronef a été conçu pour répondre immédiatement aux besoins des forces françaises et des autres armées européennes. Enfin, en termes de coût, il est bien loin du prix du Reaper et encore plus éloigné de celui du futur EuroDrone, puisque le drone devrait coûter entre 5 et 10 millions d’euros. Avec de tels atouts, l’EuroDrone risque de rencontrer des difficultés. Reste à savoir si l’armée française est prête à revoir ses plans ou à ajouter un nouvel atout à sa panoplie, avec un potentiel proche de celui de l’EuroDrone, mais à un prix avantageux.