Le Programme alimentaire mondial de l’ONU: Comprendre le lauréat du Prix Nobel de la paix

Qu’est-ce que le PAM, le Programme alimentaire mondial de l’ONU qui vient de recevoir le Nobel de la paix ?

Un enfant porte un carton de rations distribué par le PAM, dans le district de Mwenezi, au Zimbabwe, le 9 septembre 2015.
Un enfant porte un carton de rations distribué par le PAM, dans le district de Mwenezi, au Zimbabwe, le 9 septembre 2015. TSVANGIRAYI MUKWAZHI / AP

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a récemment été honoré du prix Nobel de la paix 2020. Depuis près de soixante ans, cette organisation des Nations unies intervient dans les régions touchées par des catastrophes naturelles ou des conflits armés, offrant une aide d’urgence aux populations vulnérables. Voici cinq éléments essentiels à connaître sur cette puissante institution.

Près de soixante ans d’engagement

Le PAM a été créé en 1962 à la demande du président américain Dwight Eisenhower, dans le but officiel de fournir un soutien alimentaire à l’Organisation mondiale des Nations unies nouvellement créée. En réalité, « le PAM est né de la volonté du gouvernement américain de soutenir son agriculture nationale en rachetant les excédents alimentaires aux États-Unis et en les distribuant dans les pays en développement », explique un fonctionnaire du PAM sous couvert d’anonymat, lors d’une interview accordée à l’Agence France-Presse (AFP).

Le programme n’avait que quelques mois d’existence lorsque le nord de l’Iran a été frappé par un séisme dévastateur, faisant plus de 12 000 morts. En 1963, le PAM a lancé son premier projet axé sur l’alimentation scolaire, suivi de son intégration complète aux Nations unies en 1965.

Employant 17 000 personnes, le PAM est entièrement financé par des dons, dont la majorité provient des États. En 2019, il a réussi à mobiliser 8 milliards de dollars.

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L’action au Yémen : L’opération la plus vaste jamais entreprise

À travers le monde, plus de 1,1 million de femmes et d’enfants de moins de 5 ans bénéficient chaque mois d’un soutien nutritionnel de la part du PAM. Actuellement, l’organisation intervient en Syrie, en République démocratique du Congo, au Nigeria, dans les régions affectées par Boko Haram, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sud-Soudan.

« L’intervention d’urgence au Yémen est notre plus grande opération à ce jour », déclare le PAM sur son site. Près de 10 millions de Yéménites sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.

Le PAM fait appel à près de 5 600 camions, 30 navires et environ 100 avions par jour, souvent par le biais d’ONG et de transporteurs privés. Dans les régions inaccessibles, l’organisation peut également utiliser des ânes pour acheminer l’aide humanitaire.

Le PAM, bien plus qu’une simple assistance alimentaire

En soixante ans d’existence, le PAM a évolué vers des moyens d’action de plus en plus diversifiés. Au départ, son principal objectif était d’acheminer des denrées alimentaires d’un point A à un point B. Aujourd’hui, l’organisation se concentre avant tout sur des programmes alimentaires, éducatifs et nutritionnels. Elle gère également la répartition optimale des fonds récoltés, distribue des bons d’achat et des sommes d’argent.

Le rôle du PAM dans l’éducation des populations ciblées en matière d’alimentation est essentiel. « Plutôt que de simplement fournir des calories, nous mettons l’accent sur les besoins spécifiques, comme les femmes enceintes ou allaitantes. Cela implique une éducation locale. La malnutrition infantile est due à la fois au manque d’accès à la nourriture et à des problèmes de prévention, tels que l’hygiène des mains », explique un fonctionnaire de l’ONU interrogé par l’AFP.

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Le PAM se consacre à l’aide d’urgence, à la reconstruction et au développement. Les deux tiers de son travail se déroulent dans des zones de conflit. « Les situations deviennent de plus en plus complexes. Il y a souvent une confusion des rôles entre militaire et humanitaire, par exemple au Sahel, où les ONG sont contraintes d’opérer avec des escortes militaires », explique le fonctionnaire onusien.

L’organisation travaille en étroite collaboration avec deux autres agences onusiennes basées à Rome : la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et le Fonds international de développement agricole (FIDA).

Les craintes d’une possible “pandémie de faim”

Dans le monde, plus de 821 millions de personnes souffrent de faim chronique, tandis que 135 millions d’autres connaissent des périodes de famine ou une grave insuffisance alimentaire. La pandémie de Covid-19 pourrait ajouter 130 millions de personnes supplémentaires à ces chiffres déjà alarmants.

Au cours des quatre dernières années, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë a augmenté de près de 70 %. La crise économique résultant de la crise sanitaire pourrait entraîner une “pandémie de la faim”, prévient le PAM, en particulier en Amérique du Sud, en Afrique australe, centrale et de l’ouest. Thomas Phiri, porte-parole du PAM à Genève, déclare : « Nous avons un besoin urgent d’un soutien supplémentaire de la part des donateurs, qui sont déjà fortement sollicités en raison de l’impact de la pandémie dans leurs propres pays ».