Le retard à l’allumage de l’hybride : pourquoi PSA a-t-il manqué le coche ?

PSA: le retard à l'allumage de l'hybride

Les difficultés rencontrées par PSA sont multiples. En particulier, le groupe automobile français est confronté aux conséquences de sa dépendance excessive au diesel. Pendant des années, le diesel, bénéficiant d’une différence de prix favorable par rapport à l’essence, a été une véritable aubaine pour PSA en France. Cependant, le groupe n’a pas su anticiper les changements du marché et le diesel a fini par ralentir sa transition écologique, notamment en ce qui concerne l’hybride.

L’hybride, qui combine un moteur électrique et un moteur à essence, est désormais bien connu. Selon l’architecture choisie (série ou parallèle), la propulsion est assurée par le moteur électrique, tandis que le moteur thermique recharge les batteries (hybride série) ou les deux motorisations peuvent agir alternativement ou simultanément (hybride parallèle). Malheureusement, PSA a attendu cette année pour lancer son premier modèle hybride, le 3008 HYbrid4 de Peugeot. Cela arrive bien tard, d’autant plus que l’Organisation mondiale de la santé a récemment classé les particules produites par le diesel comme cancérigènes. De plus, l’écart de prix entre le diesel et l’essence a considérablement diminué. Alors comment PSA a-t-il pu s’accrocher si longtemps à cette technologie ?

Peugeot, en particulier, a toujours défendu ses moteurs diesel en se basant sur des arguments scientifiques solides. Selon la marque, les moteurs diesel consomment moins car ils brûlent mieux le carburant que les moteurs à essence, ce qui les rend plus économiques et moins polluants. À travers cette approche, PSA se présentait comme le constructeur automobile le plus vert et le plus vertueux. Grâce à ses améliorations constantes et réelles des moteurs diesel, PSA a longtemps négligé les motorisations hybrides, les trouvant trop compliquées et coûteuses par rapport aux économies de consommation réelles. Cependant, cette inébranlable confiance dans le diesel a fini par se retourner contre PSA.

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Si l’on se tourne vers les concurrents de PSA, Toyota est souvent cité en exemple. En effet, le constructeur japonais a été le précurseur de l’hybride avec le lancement de la Prius en 1997, suivie par la Insight de Honda en 1999. Bien que les débuts aient été lents, Toyota a rapidement pris le leadership avec la troisième génération de la Prius lancée en 2009. Cette avance des constructeurs japonais est évidente aujourd’hui : sur les 4,5 millions de voitures hybrides vendues dans le monde à la fin de l’année 2011, 3,5 millions étaient des Prius et des Lexus de Toyota, et 800 000 étaient des Honda. Ford arrive ensuite avec 185 000 unités vendues.

Il est important de rappeler que l’idée d’une motorisation hybride pour les voitures ne date pas d’hier. Dès 1900, Ferdinand Porsche travaillait sur une voiture électrique hybride chez Lohner. Cette voiture disposait de deux générateurs électriques entraînés par un moteur à essence afin d’augmenter son autonomie malgré la présence de batteries relativement lourdes. La voiture a été présentée lors de l’exposition universelle de Paris en 1900. Cependant, il a fallu attendre jusqu’en 2007 pour que l’hybride fasse à nouveau parler de lui à Paris. À cette époque, l’entreprise de taxis G7 a commencé à équiper sa flotte de Prius. L’utilisation de modèles hybrides essence par cette compagnie de taxis a démontré que l’hybride essence était plus économique que le diesel, le moteur préféré des taxis. Cette expérience aurait dû alerter PSA, qui a commencé à travailler sur ses premiers modèles hybrides en 2007-2008 avant de les lancer en 2011.

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Si l’on observe le marché international, plusieurs constructeurs ont également fait des avancées significatives dans l’hybride. Aux États-Unis, Ford a lancé l’Escape Hybrid en 2005, suivi de General Motors avec la Saturn Vue Green en 2006 et de la Cadillac Escalade Hybrid en 2009. En Europe, Volkswagen a lancé le Touareg Hybrid en 2011, et Kia a introduit l’Optima Hybrid la même année. PSA est donc bien en retard sur ses concurrents.

Aujourd’hui, la situation a bien changé. L’hybride est devenu indispensable pour les constructeurs automobiles soucieux de leur image de marque et de leur adaptation aux problématiques environnementales. Même Renault, qui a fait le pari du tout électrique, semble décidé à intégrer l’hybride dans sa gamme de véhicules. Cette transition est également incontournable pour résoudre les problèmes d’autonomie et de recharge des voitures électriques. Même si le prix des véhicules hybrides reste élevé, grâce aux subventions de l’État, et que les économies de carburant ne sont pas spectaculaires, ils sont devenus indispensables aujourd’hui. Malheureusement, PSA a raté le coche en tardant trop et en s’accrochant au diesel. Le lancement de l’hybride diesel est également moins impactant aujourd’hui en raison de la réduction de l’écart de prix avec l’essence et de la mauvaise réputation des particules diesels. Ferdinand Porsche aurait sans doute éprouvé une satisfaction posthume en voyant cette situation.

En conclusion, PSA a commis une erreur en surestimant la rationalité du marché et en s’accrochant trop longtemps à la technologie du diesel. L’industrie automobile française, pourtant réputée pour sa force d’ingénierie, a oublié que la voiture n’est plus seulement un objet purement technique. Le facteur environnemental est devenu de plus en plus décisif, notamment avec la hausse des prix des carburants. En attendant que les véhicules électriques s’imposent, probablement grâce à la pile à combustible, l’hybride est devenu une étape incontournable. Aujourd’hui, un constructeur qui ne propose pas de modèle hybride risque de voir son image de marque se dégrader. PSA a doublement manqué le coche en retardant trop et en résistant au tout diesel.

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