Le retourné légendaire de Pancho Gonzalez et la victoire historique de l’OGC Nice contre l’OM

Le retourné légendaire de Pancho Gonzalez et la victoire historique de l’OGC Nice contre l’OM

L’image est figée depuis le 23 mai 1954. Pancho Gonzalez semble voler dans les airs. Ses yeux brûlants, sa jambe droite en lévitation et son pied pointé vers le ciel. Le ballon se trouve quelque part entre la barre transversale et l’infini. Soixante-sept ans et onze mois plus tard, le stade de Colombes retient toujours son souffle. Ce geste appartient à l’histoire du football français et au patrimoine de l’OGC Nice. Grâce à ce retourné d’or et à bien d’autres exploits, Pancho Gonzalez ne nous quittera jamais vraiment. Le 5 mars 2016, il a simplement fait un petit pas de côté à l’âge de 89 ans. Mais Pancho restera immortel, éternel. L’image est figée, mais le défenseur légendaire du Gym sortira toujours du cadre avec un petit sourire en coin.

Pancho fait pleurer la Bonne Mère

L’action se déroule à la 88e minute d’une finale palpitante. Nice mène (2-1), mais est attaqué de toutes parts par des Marseillais déchaînés. Hairabedian sort, saute, plonge, repousse. Jusqu’à ce lobe parfait de Scotti. Le gardien niçois est battu. Mais Pancho Gonzalez, dans un retourné acrobatique complètement fou, envoie le ballon sur la barre transversale. Un éclair de génie. L’exploit de notre ami Pancho. “Tu sais, mon petit, je ne sais plus si c’est le ballon ou mon pied droit qui a touché la transversale ! Et des années après, je ne sais toujours pas si le ballon a franchi la ligne ou pas… Je ne crois pas”, nous a confié un jour Monsieur Gonzalez, qui incarne à lui seul l’âme du club en tant que joueur, capitaine, entraîneur et dirigeant.

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Vous pouvez voir et revoir cette fameuse 88e minute en noir et blanc sur Youtube. Si cela ne vous donne pas des frissons, passez votre chemin.

La Bonne Mère et tous les Marseillais continuent de voir le ballon au fond des filets. Peuchère. Surtout qu’ensuite, le dénommé Palluch aura une seconde chance. Mais cette fois, c’est Carniglia qui sauvera sur la ligne en repoussant le ballon de la tête. Les miracles arrivent toujours deux fois.

Il faut croire aux signes. La preuve : le parcours des Aiglons jusqu’à ce dimanche 23 mai est autant fait de talent que de mystères. En seizièmes de finale, ils ont frôlé la catastrophe contre les amateurs de Blenod, qui les ont poussés à un match supplémentaire. Même scénario en quarts contre les Bordelais, après une première confrontation rocambolesque. Bref, les Niçois n’ont pas joué seulement cinq, mais sept matchs (il n’y avait pas encore de tirs au but) avant d’arriver à Colombes. Ouf !

L’OM prépare la fête, Nice prépare un match

Deux ans après leur première victoire en Coupe de France, lors d’une finale légendaire contre Bordeaux (5-3), les Rouge et Noir retrouvent leur voisin marseillais. L’OM compte déjà six Coupes dans son armoire et le champagne est prêt. Un vent d’optimisme souffle sur le Vieux-Port. Un drôle de mistral. Pleins de certitudes, les dirigeants olympiens ont demandé à la SNCF de repeindre la locomotive du retour aux couleurs du club. La star Ben Barek, le buteur Anderson, ainsi que Scotti et tous les autres posent aux côtés de Fernandel avant le départ pour la capitale. L’OM se voit déjà victorieux.

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Malgré un championnat raté – ils ont terminé 14e, soit six places derrière Nice – les Marseillais sont les favoris, dans leur tête et chez les bookmakers. Tout cela arrange les Niçois qui préparent tranquillement leur coup du côté de Maisons-Laffitte. “Les Marseillais préparent la fête, nous préparons un match…”, murmure Georges Berry. L’entraîneur anglais du Gym a tout compris. Il sait également que son attaque peut faire très mal à l’ennemi. Il aligne donc cinq joueurs offensifs (Ujlaki, Antonio, Carniglia, Fontaine et Nurenberg). Cela n’a rien d’une folie, surtout lorsque l’on a Cuissard et Mahjoub au milieu. “L’une des plus belles paires de milieux de terrain de l’histoire de l’OGCN”, affirme toujours Julien Giarrizzi, journaliste à Nice-Matin et expert légendaire.

Les Niçois ont parcouru un long chemin avant ce rendez-vous. Mais le jour J, ils sont ponctuels. Ce n’est pas le cas de leurs adversaires. Coincés dans les bouchons parisiens, les joueurs de l’OM arriveront au stade vingt minutes avant le coup d’envoi. Pas la meilleure façon d’entrer dans l’événement. La preuve : Ben Barek et les siens sont menés 2-0 au bout de 10 minutes. Deux buts signés Nurenberg, d’une superbe tête plongeante, et Carniglia, d’une frappe croisée.

Le Gym attendu par 50 000 Niçois en liesse

Le plan du Gym fonctionne à merveille. Les Marseillais sont sonnés par les débordements d’Ujlaki, les percées de Carniglia, les éclairs de Fontaine ou les attaques de Nurenberg. Angel, le gardien marseillais, vit un enfer. Le duo Cuissard-Mahjoub remporte tous les duels. Pendant 45 minutes, l’OM est invisible. En début de deuxième mi-temps, un but d’Andersson ravive le suspense et les espoirs marseillais. La suite, on la connaît : le sauvetage de Pancho Gonzalez, celui de Carniglia et les bras levés vers le ciel, vers les dieux. Après Jean Belver, deux ans plus tôt, c’est Antoine Cuissard qui reçoit la Coupe de France des mains du président René Coty, qui a succédé à Vincent Auriol. La nuit est belle. Après un passage au journal L’Equipe et une fête chez Matesco, célèbre Niçois qui tient un restaurant dans le quartier Saint-Michel, les héros ont des valises sous les yeux et des bagages à la main. Le retour en train est tumultueux.

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Pancho chante, danse, frise sa moustache et raconte son retourné. À Nice, 50 000 personnes attendent les vainqueurs. Une folie. Les joueurs traversent la ville en fiacre. La Promenade des Anglais est rouge de bonheur et noire de monde.