Le rôle crucial du guetteur dans la maison d’Israël

Le rôle crucial du guetteur dans la maison d’Israël

La responsabilité du guetteur

La parole divine résonne en moi : « Fils d’homme, tu seras le guetteur de la maison d’Israël. Quand tu entendras mes paroles, tu devras les transmettre en avertissement. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne le préviens pas, sa mort sera sur toi. Mais si tu lui demandes de changer de conduite et qu’il refuse, il portera la responsabilité de sa propre perte. »

Le prophète en tant que guetteur

Ezékiel, prêtre de Jérusalem au sixième siècle avant Jésus-Christ, a été emmené à Babylone lors des premières vagues de déportations en 597 avant Jésus-Christ. C’est là-bas, près des rives du fleuve Kebar, dans un village appelé Tel-Aviv, qu’il entend les malheurs qui s’abattent sur la ville sainte. Malgré la destruction de Jérusalem et du Temple en 587, Ezékiel ne perd pas espoir. Pendant vingt ans, il consacre toutes ses énergies à maintenir l’espérance de son peuple. Tel-Aviv, la capitale moderne d’Israël, porte son nom en souvenir de celui à qui le peuple doit sa survie. Tout au long de son ministère, Ezékiel se bat sur deux fronts : assurer la survie de la communauté et préserver l’espoir de retour. Ces deux objectifs sont au cœur de son livre et de sa prédication. Dieu lui a confié une mission cruciale : « Tu seras le guetteur de la maison d’Israël ». Le choix de cette image est évocateur. Dans les versets précédant notre texte aujourd’hui, Ezékiel la développe longuement : il imagine une ville en danger, encerclée par ses ennemis. Le guetteur est perché sur les remparts, sonnant la corne. Certains entendent le signal et se mettent à l’abri, assurant leur survie. D’autres font semblant de ne pas l’entendre et périssent. Malheureusement, le guetteur peut également faillir à son devoir en ne donnant pas l’alerte, devenant ainsi responsable de la mort de ses concitoyens. Ezékiel comprend parfaitement son rôle de cette manière : il doit relever le défi de transmettre les avertissements divins et les appels à la conversion à ses frères exilés. S’il échoue, il sera responsable de leur malheur. La mission du prophète est une lourde responsabilité, une assistance aux personnes en danger. Malheureusement, comme le dit le proverbe, « Nul n’est prophète en son pays ! ». Les destinataires du message, ceux que le prophète désire sauver, n’écoutent que trop rarement. Dieu l’a prévenu : « Tu es pour eux comme un chant passionné, à la sonorité agréable, avec une belle musique. Ils écoutent tes paroles, mais personne ne les met en pratique » (Ez 33,32). Le prophète doit souvent faire face au découragement. Les gens sont intéressés par la Parole de Dieu et disent : « Viens, écoutons ce qu’Ezékiel raconte, il parle si bien au nom de Dieu… ». Mais cette parole, bien que belle à entendre, est exigeante à mettre en pratique ! Dieu lui a également dit : « Ils écoutent tes paroles sans les mettre en pratique ; car leur bouche est pleine des passions qu’ils veulent assouvir, et leur cœur s’attache au profit » (Ez 33,31).

Le guetteur de l’aube

Ezékiel se sent souvent comme s’il prêchait dans le désert. Dans ces moments de découragement, il se rappelle son rôle de guetteur : il doit continuer sans faillir, car le guetteur n’a pas le droit de renoncer à sa mission. Malgré les échecs répétés, Ezékiel continue. Il se montre fidèle à cette mission exigeante, et cela à double titre. Il est guetteur à l’écoute de la Parole de son Dieu, mais aussi guetteur de l’aube qui ne manquera pas de se lever pour son peuple. Poète, visionnaire, courageux, il affronte toutes les résistances de ses contemporains découragés. Il annonce, dans un langage magnifique et plein d’images, le seul message qu’ils doivent entendre pour puiser la force de survivre en attendant le retour : « J’ouvrirai vos tombeaux et vous ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël » (Ez 37,12). Le guetteur est une belle définition pour tout prophète chargé de lire les signes de l’espérance dans l’histoire. Dieu n’abandonne jamais son peuple : « Par ma vie, déclare le Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais bien plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive. Revenez ! Écartez-vous de vos mauvaises voies. Pourquoi voulez-vous mourir, maison d’Israël ? » (Ez 33,11). À noter que cette phrase « Pourquoi voulez-vous mourir, maison d’Israël ? » est prononcée alors que tout espoir semble perdu et que le peuple d’Israël est considéré comme mort. Nous sommes à mi-chemin du ministère d’Ezékiel, au moment précis où la terrible nouvelle de la chute de Jérusalem parvient aux oreilles des exilés. Plus que jamais, le guetteur doit prévenir ses frères : la catastrophe est là, mais la rédemption est encore possible, à condition de se tourner vers Dieu. Ce lien avec l’évangile d’aujourd’hui est très révélateur. Jésus confie une mission similaire à ses disciples. Au nom de l’amour fraternel, il leur recommande de veiller les uns sur les autres, de rappeler à l’ordre ceux qui s’écartent du droit chemin, au besoin. Déjà le livre du Lévitique disait : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur, mais tu reprendras ton prochain, et tu ne toléreras pas le péché qui est en lui » (Lv 19,17). Reprendre quelqu’un de manière constructive est un art difficile, mais c’est aussi une preuve d’amour. Cela signifie vouloir le bien de l’autre, parfois en le stoppant avant qu’il ne tombe dans l’abîme. La critique positive par amour fait grandir. La tâche ardue d’Ezékiel était de cette nature : quand on place un guetteur sur le poste de garde, c’est pour sauver la ville. – Note 1 : Ce texte reprend exactement un passage précédent relatant l’appel de Dieu et l’envoi en mission du prophète (Ez 3,17-19).