Grigny 2, une immense copropriété de 5 000 logements située dans l’Essonne, connaît enfin un espoir de sortie de crise. Après vingt ans de soins intensifs, l’État a décidé de racheter 1 320 appartements afin de les transformer en logements sociaux (400 unités) ou de les démolir (920 unités). Cette décision intervient alors que les dettes accumulées par ces immeubles atteignent un montant alarmant de 11,8 millions d’euros, les plongeant ainsi dans une situation de faillite. Cependant, il est important de souligner que l’État ne se désengage pas, bien au contraire, il continue d’agir pour trouver des solutions durables.
La ville de Grigny constate depuis 2010 une dégradation accélérée de ces immeubles qui représentent à eux seuls 40 % de la commune. L’annonce de ce rachat massif, sans concertation préalable, a suscité des réactions mitigées parmi les copropriétaires. Certains ont ressenti un soulagement face à cette décision, tandis que d’autres ont exprimé leur colère. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que cette démarche est nécessaire pour redonner vie à ce quartier.
La nouvelle de ce rachat a été communiquée à plus de 150 copropriétaires lors de réunions qui se sont tenues pendant trente heures en petits groupes, en présence des autorités locales, du maire, du préfet chargé de l’égalité des chances et de la directrice adjointe de l’établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif). L’Epfif a déjà acquis 401 logements grâce à des départs, des préemptions, des saisies et des ventes aux enchères. Il devra donc acquérir les 919 autres d’ici 2026, par voie amiable, voire par expropriation si nécessaire. Certains copropriétaires, comme Mme C., présents dès les débuts en 1970, considèrent cette démarche comme une expropriation qu’ils jugent profondément injuste envers ceux qui ont toujours payé leurs charges. Les impayés de charges seront déduits du prix d’achat versé au copropriétaire débiteur, conformément à la loi.
« Faire le deuil de notre patrimoine »
L’annonce de ce rachat a laissé les copropriétaires sonnés. Nicolas Pougès, qui possède un appartement dans l’un des immeubles promis à la démolition depuis 2005, est incertain quant aux conséquences de cette cession. Il a encore un crédit de 56 000 euros à rembourser, ainsi qu’un retard de charges élevées, d’environ 350 euros par mois. Malheureusement, aucune indication sur le prix de rachat n’a été donnée, ce qui est vécu comme un scandale par M. Pougès. En tant qu’animateur périscolaire, avec un petit salaire et sa femme en préretraite, il sait pertinemment qu’aucune banque ne lui accordera un nouveau crédit pour se reloger.
Cependant, les autorités assurent qu’ils disposent de cinq ans pour trouver une solution sur mesure pour chaque copropriétaire. Deux offres de relogement, à Grigny ou ailleurs selon leurs souhaits, leur seront proposées. M. Bucquet, le préfet délégué pour l’égalité des chances, considère ce dispositif comme exceptionnel et rassure les copropriétaires quant à la recherche de solutions adaptées à leur situation.
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