Les constructeurs automobiles français Renault et PSA sont au cœur d’une polémique concernant le marché des pièces détachées. Selon une enquête publiée par Mediapart et le réseau European Investigative Collaborations (EIC), les deux constructeurs auraient secrètement augmenté les prix de certaines pièces détachées grâce à l’utilisation d’un logiciel spécifique, générant ainsi des bénéfices indus estimés à 1,5 milliard d’euros sur une période de dix ans.
Des prix gonflés grâce à un logiciel spécifique
D’après les documents obtenus par l’EIC et Mediapart, Renault et PSA ont utilisé le même logiciel, Partneo, pour augmenter discrètement le prix des pièces détachées dites “captives” de 15 % en moyenne. Ces pièces, essentiellement des éléments de carrosserie, bénéficient d’un monopole en France.
Grâce à des algorithmes complexes et une vaste base de données créée par Partneo, certains prix ont explosé : une protection de roue de Dacia Sandero a augmenté de 264 % et un rétroviseur de Clio III de 100 %.
Alerte à la concurrence
L’Autorité de la concurrence a été alertée en 2017 sur des soupçons de pratiques anticoncurrentielles, mais n’a pas donné suite à la procédure faute d’éléments suffisants à l’époque. Cependant, depuis 2012, elle recommande la fin du monopole des constructeurs sur les pièces visibles de carrosserie.
Renault et PSA ont refusé de réagir aux accusations. Renault a nié tout échange d’informations avec son concurrent et a déclaré que les chiffres avancés par Mediapart étaient erronés. PSA a contesté les accusations et les a jugées infondées.
Un marché lucratif et des règles strictes
Selon Mediapart, le marché des pièces de rechange représente 9 à 13 % du chiffre d’affaires des constructeurs et jusqu’à 50 % de leurs revenus nets. Avant l’utilisation du logiciel Partneo, Renault et PSA vendaient déjà leurs pièces de rechange à des tarifs exorbitants, avec une marge de 80 % par rapport au prix d’achat moyen.
Ce scandale soulève des questions quant à la qualité et à la sécurité des pièces détachées. En effet, les pièces de réemploi, issues des casses auto et réutilisées lors de réparations, offrent des qualités similaires aux pièces d’origine. En revanche, les contrefaçons turques ou chinoises de ces pièces ne garantissent pas la même qualité et peuvent mettre en péril la sécurité des véhicules.
Des accusations à étudier de près
Les détails de cette affaire, révélés par Mediapart, proviennent d’une procédure judiciaire intentée par l’inventeur du logiciel, Laurent Boutboul, contre Renault, PSA et Accenture. Ce dernier aurait utilisé le logiciel pour coordonner les hausses de tarifs, en violation des règles de la concurrence.
Cette affaire met en lumière un marché juteux où les constructeurs automobiles semblent profiter de leur position dominante. Toutefois, il est important d’analyser attentivement les faits et de prendre en compte les réponses et les déclarations des parties impliquées avant de tirer des conclusions définitives.