Le soi-disant “cimetière” d’Autolib’ dans le Loir-et-Cher continue de susciter de fausses polémiques

Le prétendu « cimetière » d’Autolib’ dans le Loir-et-Cher continue d’alimenter de fausses polémiques

Des milliers de véhicules électriques abandonnés en Sologne ? Cette désinformation, partagée sur les réseaux sociaux depuis au moins deux ans, refait surface début juin, reprise par des sites complotistes proches de l’extrême droite, qui ne se soucient guère de la véracité des informations diffusées.

Les contenus sont souvent similaires : ces voitures entreposées dans le Loir-et-Cher sont des Autolib’, nom du système d’autopartage de voitures électriques en service entre 2011 et 2018 dans l’agglomération parisienne. Selon eux, ces véhicules et leurs batteries polluent gravement les sols.

La photographie présentée comme preuve de ces affirmations est authentique – elle a été prise en 2021 à Romorantin-Lanthenay, dans le Loir-et-Cher, et montre bien des Autolib’ du groupe Bolloré. Cependant, les propos de ces sites sont truffés d’erreurs et d’approximations fallacieuses.

Les batteries ne sont pas présentes dans les voitures entreposées

Selon cette publication – et les nombreuses autres qui l’ont précédée – les batteries de ces véhicules abandonnés répandraient leurs produits toxiques dans les sols. Pourtant, selon l’exploitant, aucune batterie n’est présente à l’intérieur des voitures entreposées. “Nos véhicules sont stockés conformément aux règles. Toutes les batteries ont été retirées, les connecteurs sont isolés”, a déclaré Paul Aouizerate, gestionnaire d’Atis Production, l’une des sociétés propriétaires des véhicules, sur Franceinfo en 2021. La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) du Centre-Val de Loire a également assuré qu’il s’agissait d’un parking automobile normal : “Le risque de pollution, une fois les batteries évacuées, est très limité”, a-t-elle rassuré en 2019, comme le rappelle l’AFP en 2021.

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La gestion des Autolib’ a cependant été critiquée. La Dreal a signalé qu’Atis Production avait démonté certaines voitures dans un bâtiment pour les envoyer ensuite à la casse, une activité qui aurait dû être réglementée selon un arrêté préfectoral. La Dreal a également mentionné “quatre palettes de batteries 12 volts provenant de véhicules hors d’usage, entreposées en extérieur sans rétention et non protégées contre les intempéries”. Les batteries étaient alors en route vers une entreprise de recyclage, ce qui a bien été fait.

Les véhicules n’ont pas vocation à rester éternellement sur place

Contrairement à ce que suggèrent les auteurs de l’article, ces véhicules n’étaient pas destinés à rester indéfiniment sur le terrain où ils ont été photographiés en 2021. Plus aucun n’y est d’ailleurs stocké aujourd’hui. En revanche, des centaines de voitures sont toujours entreposées sur les parkings de la commune.

En accord avec la mairie et la préfecture, les repreneurs des voitures les avaient stockées sur un terrain vague (visible sur la photographie) ainsi que sur un parking d’une zone industrielle. Au fur et à mesure, une partie des voitures électriques a été revendue à des prix abordables, ce qui a connu un certain succès.

Beaucoup de ces voitures n’étaient pas en état de rouler et attendaient des réparations pour être vendues. Les véhicules en mauvais état ont été démantelés afin de récupérer des pièces en bon état.

Autopuzz, l’entreprise qui possédait des Autolib’ à Romorantin-Lanthenay, a quitté la ville et a choisi de stocker les véhicules invendus sur d’autres sites. Sur les 3 500 modèles arrivés en 2018, il n’en restait plus que quelques centaines en mai 2022.

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