Dès l’année 2020, les conducteurs en milieu urbain pourront profiter des avantages financiers des véhicules électriques. Pour un usage mixte, comprenant des trajets urbains et interurbains, ces avantages ne seront visibles qu’à partir de 2030. Cependant, si l’on prend en compte les bénéfices environnementaux, l’analyse démontre que le véhicule électrique devient rentable sur le plan socio-économique dès 2020 dans les zones urbaines très denses (1) et à partir de 2030 dans les zones densément peuplées (2). Quant aux véhicules hybrides, ils présentent un bilan défavorable pour les utilisateurs et la société, sauf dans le cas d’une utilisation intensive en zones très denses, comme celle des taxis dans les grandes agglomérations.
Ces conclusions sont issues d’une étude réalisée par le commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de la Transition écologique et solidaire. Le rapport (3), publié le mardi 18 juillet, compare les technologies électriques et hybrides aux véhicules thermiques dans différents scénarios et contextes de circulation, pour les années 2020 et 2030.
Une réduction significative des coûts environnementaux en ville
Sans grande surprise, l’étude constate que les véhicules électriques permettent une réduction importante des coûts environnementaux par rapport aux voitures à essence. Ces coûts passent de 4 centimes d’euros par kilomètre (c€/km) pour une voiture essence en milieu urbain très dense à seulement 0,1 c€/km pour une voiture électrique. La diminution des émissions polluantes locales, le bruit réduit et les très faibles émissions de CO2 générées par la production d’électricité française expliquent ces résultats. Les émissions de CO2 liées à la fabrication des batteries contribuent également à cette baisse, bien que de manière moins significative : la fabrication des deux batteries utilisées tout au long de la durée de vie d’une voiture électrique émet environ 6 tonnes de CO2, comparé aux 38 tonnes de CO2 émises par une voiture à essence en milieu urbain très dense.
De manière plus générale, les faibles coûts d’utilisation des véhicules électriques compensent rapidement le coût d’achat de la voiture, de la batterie et de l’infrastructure de recharge. Selon l’étude, “il est déjà rentable financièrement pour l’utilisateur en zone urbaine dès 2020”. Cependant, à court terme, l’avantage pour l’ensemble de la société est limité aux centres-villes les plus denses. La pertinence socio-économique du véhicule électrique à l’horizon 2020 “est restreinte (…) aux zones urbaines très denses, dans lesquelles la valeur des nuisances évitées est maximale”.
À plus long terme, la convergence des prix d’achat des voitures électriques (hors batterie) et des voitures thermiques rééquilibre le bilan socio-économique et réduit l’écart de coût de possession total supporté par les automobilistes. À partir de 2030, les deux deviennent favorables à la voiture électrique en zones très denses et densément peuplées. En zone dense, le coût supplémentaire de plus de 4 000 euros pour une voiture électrique par rapport à une voiture thermique en 2020 se transforme en un gain d’environ 300 euros en 2030. En zone très dense, ce gain progresse d’environ 700 euros à plus de 5 000 euros entre 2020 et 2030.
La voiture hybride : une technologie de transition
Les véhicules hybrides, qu’ils soient rechargeables ou non, ne sont rentables ni sur le plan socio-économique ni pour les utilisateurs qu’en zones très denses en 2030, et seulement dans le cas d’une utilisation intensive. En 2020, le coût supplémentaire sur le plan socio-économique pour une voiture hybride en zone très dense est inférieur à 2 000 euros. Une voiture hybride rechargeable affiche un coût supplémentaire de plus de 3 000 euros. En 2030, la situation se rééquilibre en zone très dense : l’hybride rechargeable présente un bilan positif d’environ 300 euros, tandis que l’hybride non rechargeable conserve un coût supplémentaire inférieur à 1 000 euros. Les véhicules hybrides souffrent des coûts élevés à l’achat et à l’entretien, ainsi que des gains d’utilisation équivalents (hybride rechargeable) ou inférieurs (hybride non rechargeable) à ceux des véhicules électriques. Selon l’étude, “ces technologies peuvent être considérées comme des technologies de transition entre les véhicules thermiques et les véhicules électriques”, ajoutant que leur intérêt diminuera avec le déploiement des infrastructures de recharge et les progrès réalisés sur les batteries.
En ce qui concerne un usage mixte (urbain et routier), “aucune technologie alternative n’est plus rentable que les véhicules thermiques, notamment ceux consommant du diesel” selon l’étude. En 2030, le coût supplémentaire sur le plan socio-économique reste supérieur à 7 000 euros. La situation est encore pire en 2020, et cela inclut également les véhicules hybrides.
En conclusion, l’avenir du véhicule électrique semble prometteur en milieu urbain. Ses avantages financiers se confirment dès 2020, contribuant à la préservation de l’environnement. Tandis que les véhicules hybrides jouent un rôle de transition, la voiture électrique se positionne comme une solution durable pour les transports urbains de demain.